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Quand l'aquarelle parle de l'âge des pierres


© Images P.Galvani-brume et granit


A travers les aquarelles d’Eve Elikoff et de Pascal Galvani, au contact des peintres de l’Aubrac et des rencontres avec les perdrix, les faons et les renards, une sonate s’élève lentement comme les brumes d’un matin sur les terres qui du plus loin que la mémoire peut remonter, montrent encore leurs rochers et leurs stèles amoncelées.  Roches de granit  auprès desquelles le genêt fleurit pour lui apporter de la lumière, un éclat végétal sur son socle de rocaille.

Brumes sur les roches où se sont couchés les balbutiements de la nuit, le jour point encore couvert d’une fine poussière levée par les paupières du jour.

Un sentier se dessine, les premiers pas des visiteurs se font entendre.


© Images eveaquarelle -brume matinale


 «   Chaque œuvre raconte une histoire unique conçue pour émerveiller et inspirer. Trouvez l’œuvre qui résonne avec votre âme. »  dit Eve Elikoff.

Chaque pas que je fais dans le sol où s'inquiète l'orfèvre gardien des roches, renvoie un son faible mais continu. C'est que je suis entrée !

J'entrais dans le mazuc des portes verrouillées

 Chercher le ciel bleu des volets entrebâillés

 Tombant maintes fois sur les pierres mégalithes

 Je volais aux genêts le verrou du granit


C’est que le silence alentour est si fort et si entreprenant que rien n’est fait pour qu’on le distance. Pas une sentinelle pour lui demander où l’on va, pas un  abri pour espérer fuir ce qui vient inexorablement remplir le cœur, cette douce brise tenace qui vous dévore et vous étreint comme un long pleur venu des  falaises, un  ruissèlement sempiternel d’une  source invisible, crochetant dans les fourrés austères.



© Image art majeur eve elikoff- vue sur les Cévennes


  © Image artmajeur Eve Elikoff - rochers de granit


Un regard se risque j'ai nourri son éveil

De la rampe des brumes sont remontés les cris

De ceux qui longtemps attendent d'être avertis

Au milieu des ronces où confiants ils sommeillent


La source se renverse sur les cailloux et devient le ruisseau où son émulsion dans les  flux blanchit ses tempes martelées par le déferlement des remous. Ô temps qui frissonne dans la faible lueur se hissant sur les falaises !

Le cours d’eau dévie sa trajectoire, ne renonce pas à suivre des virages échevelés. Les berges comblées par une armada de résistantes le maintiennent hors des sentiers battus. C’est un concert pour les rares visiteurs qui veulent se remplir d’un rustique motet. Les roches sont heurtées par les  appels des timbales, parfois une haleine s’éclipse en retenant sa confidence.  La lumière frémit et vibre. Le hautbois ne cesse de livrer sa sérénade avant de disparaître dans les méandres des crevasses.


Au clapotis des eaux j’ai voulu m’arrêter

Pour écouter un impromptu improvisé

Un  air que j’ai reconnu que j’ai fredonné

Le ruisselet bondissait au premier tercet

 

© Image eveaquarelle - Ruisseau



© Image P.Galvani- Paysage de Mont


Les sols sont maigres et doctes mais je m’accroche

 Comme les orpins qui dissolvent leurs couleurs

Saxifrage moi j’ai puisé dans ma sacoche

 De quoi peindre les falaises et leurs hauteurs


Le peintre Pascal Galvani est une figure originale, professeur à l’université de Québec, il mène des travaux sur la connaissance de soi et le rôle du dessin et de l’aquarelle sur soi-même. Il éclaire un aspect de l’art qui retient l’attention.

Il dit :

 «  Peindre pour entrer en silence. » 

 Galvani explique que chaque chose, chaque élément minéral, végétal et humain est une présence qui agit sur notre esprit  car chaque chose, chaque être nous projette vers l’autre.  Galvani étudie ce rapport de soi à l’autre, de soi au monde. Il est en quête d’un sens à donner quand le monde est un heurt continu entre soi et les autres, entre soi et le monde  et les objets, les lieux, les rencontres, les épreuves.

 « Chaque chose possède une influence. Rester en présence d’êtres qui ont une énergie propre, une manière d’être, purifie l’esprit.   J’espère qu’un peu de cette présence peut se transmettre jusqu’aux personnes qui regardent l’aquarelle. »

Dans les aquarelles et le dessin fait sur motif, c’est la présence réelle de ces motifs qui donne à l’œuvre une beauté réelle du monde.

« L’aquarelle c’est disparaître, c’est se fondre », dit encore le peintre. Le silence intérieur est ce qui est l’essence du dessin et de l’aquarelle d’où la profusion des carnets de voyage, des croquis en plein air, des paysages pris sur le vif lors des randonnées ou des sorties de groupes. Quand on découvre ce qu’on peut vraiment faire, on le fait et il se suffit à lui-même, il reste le but suprême.  

 

L’aquarelle renvoie à l’essence immuable des choses. C'est un pont qui aide à franchir ce que l'on est. C’est une pensée qui pourrait nous faire réfléchir quand on contemple l’ineffable voyage du pinceau dans les brumes de la toile.

© Image P.Galvani- Pont de Rampon en Lozère

 Ginette Flora

 Mars 2025

 

 

4 commentaires


viviane parseghian
28 mars

Magnifique ... " J'entrais dans le mazuc des portes verrouillées

 Chercher le ciel bleu des volets entrebâillés

 Tombant maintes fois sur les pierres mégalithes

 Je volais aux genêts le verrou du granit"

j'adore ...❤️

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En réponse à

Merci beaucoup, Viviane.

Il y a des paysages qui parlent... qui offrent un langage ...

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Invité
28 mars

Subtile bravo

Modifié
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En réponse à

Merci.

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