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La page du mélomane - Vue d'ensemble


Les interprétations des airs d’opéra dans les années anciennes sont intéressantes. On peut déceler des différences d’expressivité. C’est ce qui fait la surprise et la beauté de l’écoute.

Voici en guise d'ouverture ce que disent les chanteurs lyriques et les danseurs d'Opéra :

« Les gens voient encore la musique classique comme quelque chose de fermé, comme quelque chose qu'il faut choisir pour faire. Je veux montrer qu'elle peut être accessible à n'importe qui » - Andréas Perez Ursulet.
« On peut être caméléon et essayer beaucoup de choses différentes. Ce choix est le vôtre ... Prenez le meilleur parti de votre curiosité. » - Marie-Claude Pietragalla.

 1/ Cette page a pour but de donner à ceux qui ont du mal à entrer dans l’univers opératique, quelques clés d’écoute.

D’anciennes interprétations peuvent venir éclairer les interprétations récentes. Un air d’opéra, c’est comme une vague qui déferle, s’enroule et se libère sur l’écume des années pour se retirer, essoufflée mais rassasiée d’avoir donné sa fidèle et accueillante mouvance.

Rien  ne l’empêche de revenir s’effondrer sur le rivage de nos sens émerveillés.

Quand on l’écoute refaire son exploration, la vibration est tout autre, c’est la même joie mais elle amène avec elle le goût premier des sidérations anciennes.


2/  Une autre séquence de cette catégorie nouvelle, ouverte pour ceux et celles qui veulent aller plus loin que la simple écoute, est de faire découvrir les musiciens légendaires, les ténors et les sopranos, les chefs d’orchestre et les grands ensembles de musique  qui font revivre la musique ancienne, la musique savante, la musique qui reste.


3/ Des extraits d’opéra dans leur interprétation traditionnelle, permettront aux plus intrépides d’entre nous de se plonger dans les arcanes des temps perdus.


The Cold Genius Song


ou l'air du froid est un célèbre air d'opéra épique pour orchestre symphonique et voix de basse vibrato.

Extrait de « What power art thou » ( quelle puissance es-tu ? ) dans l’acte III de la scène 2  du semi-opéra baroque King Arthur en 5 actes du XVIIème siècle, composée en 1691 par Henry Purcell, alors au sommet de son art et qui décède en 1695.


L’œuvre est inspirée de la légende arthurienne à l'époque où bretons et saxons se disputaient les terres du bout du monde.

Interprété pour la première fois en 1691 à Londres, sur le thème du mythe fondateur de la Grande-Bretagne, la scène du froid est chantée par le Cold Genius, le génie du froid. C’est un hymne allégorique du pouvoir de l’amour pour décongeler les âmes et les cœurs des sujets du royaume du roi Arthur. C’est une partition du XVIIème siècle.

Il faut attendre 3 siècles pour que cet hymne soit repris par le chanteur allemand Klaus Nomi (1944-1983) dans un recueil  en 1981.

En 1982, il le chante en single dans une prestation très remarquée et dont il est coutumier. Costumes, maquillages, voix de basse, une musique de scène très particulière.






L'originalité et la difficulté vocale font de cette partition un morceau qui ne sera repris que par quelques aventuriers de la musique.


En 2009, Sting reprend le Cold Song.






 En 2012, c’est Laurent Voulzy qui le remet sur les rails.





 En 2016, la pièce musicale s’étire dans le générique du film «  The Crown » 


En 2018, le chanteur lyrique Andreas Perez Ursulet qui a remporté la finale du concours des prodiges avec son interprétation de l'Adagio d'Albinoni, revient en 2019 pour chanter the Cold Song au même concours.

Il a une capacité vocale maîtrisée sur deux tessitures, baryton ( voix grave, registre de voix de poitrine) et contre ténor (voix aiguë). C'est le baryton qui s'exprime lors de sa prestation.





La chanson décrit le réveil involontaire de l'esprit de l'hiver de son long sommeil par Cupidon qui dit :


"Quoi ! Génie de cette île, quoi !

Dors-tu sous ces collines de neige ?"


Le génie du froid répond :


Quelle puissance es-tu ?

Toi qui viens des profondeurs,

Qui m'obliges à me lever,

Lentement et à contre cœur,

De mon lit des neiges éternelles ?

Ne vois-tu pas combien je suis raide

et effroyablement vieux,

Je suis bien incapable de supporter cet âpre froid,

Je peux à peine bouger

Ni même respirer.

Laisse-moi, laisse-moi,

Laisse-moi mourir de froid

Laisse-moi mourir de froid à nouveau. »


C’est un drame qui oscille entre été radieux et automne sombre, entre idylle et tragédie.

C’est une histoire qui relate la douleur des relations brisées, de leur lutte pour sortir d’un cycle de deuils et de renaissances.


Le semi-opéra de Henry Purcell "King Arthur " ne se termine pas sur un bain de sang  ni sur une tragédie.  

Arthur le breton repousse l’anglais Oswald, tous deux aidés par leur magicien. Merlin l’enchanteur vient au secours d’Arthur pour délivrer Emmeline, la princesse capturée par Oswald. Les esprits du mal secondent Oswald qui convoque le génie du froid pour paralyser le pays. Arthur appelle Cupidon qui va briser la glace en levant le soleil de l’amour.

Tout reverdit et la chaleur fait disparaître le Génie du froid qui après avoir chanté son mémorable « Cold Song » ne fait plus parler de lui.  

Arthur ne tient pas rigueur à son ennemi et rival et se contente de le renvoyer dans ses terres en prédisant qu’un jour viendrait  où Saxons et Bretons ne feraient plus qu’un  seul et même peuple.  

De la part du mélomane

Mai 2025

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