Le ballet of lights - Peter Pan
- Ginette Flora Amouma
- il y a 11 heures
- 5 min de lecture

Le conte de Peter Pan est créé en 1902 par l’écrivain écossais James Matthew Barrie. La compagnie « Les ballets de France » qui représente les grands ballets classiques comme le sacre du printemps, Boléro et Carmen donne une vison féérique du conte en 2017.
En 2025, le Ballet of Lights propose un spectacle son et lumière de toute beauté et d’une incroyable ingéniosité. La danse classique s’allie aux technologies modernes pour faire vivre un moment d’éclat et de puissance dans la maîtrise de la chorégraphie qui reste audacieuse.
On découvre ainsi un Peter Pan sous un angle nouveau. Six artistes vêtus de costumes lumineux évoluent sur scène. Lumière, couleurs, danse, tout est revisité tant au niveau des costumes que dans les décors.
Nous allons à la rencontre des personnages avec bonheur. Wendy et ses frères, la fée Clochette, le capitaine Crochet et son équipage.
Le spectacle se décline sur des rythmes classiques. On entend le « Mid summer night’s dream » de Mendelssohn.
Le « Hungarian dance N°5 » de Brahms
et "le Moldau" de Smetana , une ode à la rivière du pays de son enfance, thème de prédilection de l'écrivain écossais.
James Matthew Barrie (1860-1937)
Le thème de la jeunesse éternelle, le thème de l'enfance, le thème de l'imaginaire où ne vivent que les enfants qui ne veulent pas grandir sont ancrés dans l'œuvre de Barrie.
Il a toujours eu besoin d'ouvrir ses malles.

Cadet d’une grande fratrie, il souffre de la préférence de sa mère pour le fils aîné David qui meurt d’un accident à l’âge de 13 ans. La mère tombe en dépression, reste muette et alitée pendant de longs mois. Elle avait coutume de lui raconter des histoires et de lui donner le goût de la lecture et de l’écriture. James a 7 ans. Le petit bonhomme inverse les rôles et chaque soir, vient au chevet de sa mère pour lui lire une histoire en essayant de lui rappeler le souvenir de l’enfant mort. James s’efforce d’être à l’image de David. Il se substitue pour qu’une étincelle de vie revienne dans le regard de sa mère.
Cette période de son enfance le marqua et dans son corps et dans son esprit. Barrie était physiquement de petite taille, chétif et fluet. Il entreprit de longues études, devint journaliste, romancier, dramaturge et se fit connaître dans le monde de l’écriture.
Il est surtout connu pour le personnage de Peter Pan, le petit garçon qui ne voulait pas grandir.
Un manque affectif fait de lui un éternel voyageur en quête du pays de l’imaginaire.
L’œuvre cache cependant le véritable syndrome de l’auteur qui voit la mort, le temps irréversible, l’âge adulte tous sujets incrustés et ressentis comme des fléaux qu’il ne peut contrôler. Le tic-tac du crocodile, c’est le temps qui passe, le capitaine Crochet, c’est l’homme adulte et ses combats, ses ambitions démesurées. L’histoire des garçons perdus, c’est le rappel des enfants morts et abandonnés.
En 1953, le Peter Pan de Walt Disney cristallise le monde du conte.

Le film d’animation des studios Walt Disney fait de Peter Pan un petit garçon vert coiffé d’un chapeau à plume et venant toquer à la fenêtre d’une chambre d’enfants. Et l’image donne au conte une version incontournable, ancrée dans la mémoire des grands et des petits.
L’intention est différente chez J.M.Barrie qui a inventé un personnage à l’image du petit garçon qu’il a été, souffrant d’un manque d’affection, souffrant d’abandon et d’angoisse devant la mort au point que sa constitution en pâtisse. Son propre corps refuse de grandir. Peter Pan, c’est le conteur lui-même, celui qui joue un rôle, celui qui joue le rôle d’un autre pour sauver sa mère de la mort cérébrale.
« Tout se passe avant l’âge de 12 ans et on en est marqué pour toujours. »
C’est ainsi que J.M.Barrie reste toute sa vie, fasciné par l’enfance au point de s’occuper d’orphelins en leur racontant des histoires.
« Je veux rester pour toujours un petit garçon et j’ai vécu longtemps avec les fées. »
Peter Pan vit dans son Neverland, le pays du jamais, l’île imaginaire. Il aime détourner la réalité et dire qu' à sa naissance, il s’est envolé par la fenêtre.
Dans le conte de Peter Pan, les personnages imaginaires se bousculent : sirènes, fées, pirates, Peaux-rouges, les méchants de divers genres se croisent On y trouve de tout pour que les aventures durent et ne s’arrêtent jamais même si le crocodile fait entendre le tic tac de la fin qui approche.
Un méchant cependant garde la tête haute et dans la foulée tient le haut du pavé dans le conte. C’est le capitaine Crochet, le pirate avec un anneau à l’oreille, unijambiste, un bandeau sur l’œil, un crochet de fer en guise de main (l’auteur pastiche le handicap de sa main paralysée comme s’il avait un crochet enfoncé dans la main. )
Ce pirate Jack Crochet est un singulier personnage ambivalent vivant dans un milieu de pirates mais aimant les fleurs et la poésie. C’est un raconteur de talent et il joue du clavecin. On comprend que c’st un capitaine au long cours, qu’il vient de loin, qu’il s’est échappé et a réinventé son monde.
Crochet apparaît comme le double de l’auteur. La fée Clochette est attachée à Peter Pan et le sauve de maintes situations dramatiques. L’œuvre fourmille de situations rocambolesques, l’auteur s’amusant à y déverser les souvenirs de ses propres lectures d’enfance.
On dit que Peter Pan est une pièce de théâtre. Elle fut jouée en 1904 à la période de Noël Combats, poursuites, meurtres, nombreux décors, animaux et costumes extravagants, contribuent à fixer l’esprit de la jeunesse férue d’aventures et d’évasion, à l’affût de conquêtes et de destins mirobolants. Le conte devient le phare de la littérature de jeunesse.
De nos jours, le conte de Peter Pan est repris et revisité dans tous les genres, comédies musicales, cinématographies, séries télévisées et s’adapte à toutes les technologies comme le fait cette nouvelle représentation de Peter Pan pendant la période du 14 mai au 5 juin 2025.
Pan est un dieu grec, le plus jeune à mourir. Il est abandonné par sa mère qui le trouve laid, il est conduit par son père, (Zeus ou Hermès ?), sur l’Olympe.
Pan veut dire « le tout », tout être dans son entier même s’il est un être autre et différent. Peter et Pan sont tous deux promis à l’errance, tous deux souffrent de solitude, tous deux n’ont pas de descendance, ne sachant d’où ils viennent et n’ayant pas d’espoir d’aller quelque part.
D’où leur voyage sans fin dans le printemps des mondes.
Ginette Flora
Mai 2025
Ce ballet doit être un véritable pass' pour ouvrir en grand les portes de l'imaginaire et recouvrer une âme d'enfant ! Un moment féerique assurément inoubliable ! Merci pour ce partage son et lumière, Chère Ginette ! ^^