Les eaux de Mériba

Les figuiers savent, les troncs des tamaris pleurent

Combien d’années sont passées pétries de rancœur ?

Le patriarche qui ne pouvait pas s’approcher

A vu de loin les acacias et les palmiers.

Combien de ses pas ont fait trembler les remparts ?

Il a cessé de croire aux promesses délétères

La terre convoitée lui sera étrangère

Les illusions s’achèvent dans le lac des brumes.

Il ne franchira pas la frontière promise,

Il n’ira pas chercher les touffes de typha

L’Eternel a frappé près du rocher de Mériba.

L’eau jaillie était une offrande, une obole

Il a oublié que des paroles amènes

Sont plus justes qu’une colère aveugle et vaine.

Et d’avoir traversé le désert des blasphèmes

D’avoir changé les langes des saintes misères

A décuplé en lui le poids des anathèmes.

La parole d’un dieu, il n’a pas su satisfaire.

Aux eaux éclaboussées, il a connu la disgrâce.

Arrivé sur les contreforts du mont Nebo,

La vue des sycomores lui serre le cœur.

Il ne connaîtra jamais le sel de Judée,

Il restera couché aux bords des palmeraies.

Il n’entrera pas dans le pays des jacinthes,

Son destin s’est heurté aux rives du Jourdain.