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La page de Marcel Faure- Poésies Février 2025



Rivière qui frappe à ma porte

Je ne suis pas là

Les pompiers de l'eau sont venus me chercher

Serré contre mes voisins

J'ai pris le bateau rouge

Avec un chien mouillé

À la piscine municipale

On a récupéré un maître-nageur

Qui avait peur de l'eau

Même le chien a ri

 

Maintenant sur la colline

On regarde ahuris

Nos maisons qui défilent

En suivant le courant

 

**

 

Ombre plus lourde

Qui pèse sur la nuit

Insomnie

 

En catimini

Les heures gonflent

Emplissent toute la chambre

 

L'œil s'accroche à la fenêtre

Où la lune ferraille

Pour crever les nuages

 

Et le doute s'installe

Blessant les songes

Jusqu'à l'aube incertaine

 

**

 


Pour Lisiere

Évasion

 

Au-delà des murs

L'aube que l'on devine

Derrière les barreaux

A des couleurs de Sud

 

Peindre un bout de ciel

Pour s'échapper

 

Et l'enfant resurgit

Morceau de craie

Marelle

Sauter très haut

 

Instant de liberté

Suspendu aux oiseaux

Je vole

 

Escamoter l'aube triste

 

**

 

Sur le pavé

La partition déchirée

D'un oiseau mort

 

Qui chantera le ciel

Si tous les oiseaux disparaissent

 

**

 

Ouf il n'y a personne

Ils ne me demanderont pas

D'ailleurs je n'avais rien à dire

Curieux les journalistes

Cette façon de meubler le silence

De vouloir l'avis de n'importe qui

Je suis un témoin lambda

Je n'ai rien vu

J'étais juste là à bader

 

Suis-je ému par la mort d'un enfant

Évidemment

Suis-je en colère

Évidemment

Mais je n'ai rien vu

Juste un témoin inattentif

 

Et eux toujours aux aguets

À quémander quelques lignes 

À vouloir me faire hurler avec les loups

 

Non non et non

Je n'ai pas plus d'empathie pour cet enfant

De colère contre ce chauffard

Pas plus que pour ceux qui meurent de faim

Ou pour ceux que des bombes écrasent

Chaque jour

D'innombrables milliers

Morts les enfants morts

Et mon immense empathie

Tellement morcelée

Que la part de chacun et si dérisoire

Si minuscule

Que j'ai honte de mon impuissance

 

**

 

Un homme parle aux arbres

Du bois dont il est fait

De sa vie besogneuse

 

Son corps noueux

Meurtri de coups de hache

Le destin n'est pas tendre

 

Il dit pourtant

Cette vibration des chairs

Qui le fait homme

 

Et arbre aussi

Par des gènes lointains

Dans la soupe primaire

 

Le sang la sève

L'eau si précieuse

Une vie qui se ressemble

 

Un homme parle aux arbres

Et les arbres fredonnent

Une chanson de feuilles

 

**

 

La pluie sur mon visage

L'odeur mouillée de la forêt

Mes mains posées sur la mousse

Mes yeux qui suivent les nuages

Et le goût de tes lèvres sur les miennes

 

Je voudrais encore des orages

L'odeur du feu à la maison

Mes mains posées sur tes hanches

Dans le parfum de tes cheveux

Être l'otage de tes yeux

 

**

 

Chaque brin d'herbe me salue

Imaginez l'ovation

Tout un pré frissonnant

J'entends oui j'entends

L'immense acclamation

Cette ola du vent

Et le chuchotis devient clameur

Soudain tout se tait

Zut j'ai bougé

 

**

 

Posé sur tes lèvres

Mon amour tout entier

Tremble de te perdre

 

Tu frappes dans tes mains

Mon ciel s'illumine

La lune au bord du toit

 

Cette prunelle douce

Posée sur mon épaule

Me protège du froid

 

Et les temps imprévus

Ressemblent à s'y méprendre

À ceux déjà vécus

 

**

 

Géants de pierre

Fichés dans le sol

Plantés là

Pour mieux dire le ciel

 

Rocs de prières

Aux formes étranges

Vêtus de mousse

Parfois couverts de signes

 

Menhirs au-delà des siècles

Qui se piquent de mystères

Au bord de la compréhension

Excitant l'imagination

 

Mémoire perdue

Enfermée dans la roche

Pendant que nos statues

S'effritent inexorablement  

 

**

 

Peuplade d'objets

Qui frappez à ma porte

Je n'ai besoin de rien

 

Mes auxiliaires sont anciens

Mais vaillants à l'usage

 

Plus neuf quel outrage

A notre vie commune

 

Mais ça cogne

À coups de pub

Ça farcit mes fenêtres

 

Je fuis jusqu'à la chambre

Merci mon lit qui m'a vu naitre

 

Et je m'ensomme sous la couette

Avec ma table et ma chaise

 

Une relique de bistrot

Qui chante comme un poivrot

Cette rengaine d'autrefois

 

C'est dans les vieux pots

Qu'on fait la bonne soupe

 

**

 

De toutes les couleurs

Les fleurs du jardin

Disent le jour

 

**


Ce soleil intérieur

Qui s'impose, m'irradie

Me brûlant de passions

 

Ce vent interstellaire

Qui bouscule mes cellules

Je l'accroche un instant

 

Et mes fleurs de papier

Se déploient et se plient

À toutes mes folies

 

Après c'est la pluie qui me lave

Et je suis comme neuf

Prêt à recommencer

 

**

 

Tu es là

 

Depuis tant d'années

Combien de feuilles as-tu portées

Inlassablement

Malgré les automnes qui se succèdent

Toujours à refaire ton sourire

 

Et quand je dors tu veilles

Est-ce toi qui effaces mes rides

Qui m'ouvres la porte d'un nouveau matin

Qui hameçonnes le jour

Qui le rends supportable

 

Tu es là

Et mon cœur sonne

Tu n'as plus d'âge

Le ciel t'entoure de tous côtés

 

**


Rêve de lune

 

Immensité du vide spatial

Un astéroïde sans loi

Frôle une lune virginale

 

Matin de poussière

Où glisse une ombre

Dans le silence infini

 

Drôle de théâtre

Où des hommes s’invitent

Par de gros télescopes

 

Jour lunaire

Dans son écrin astral

Encore vierge de pas

 

Echo de nos désirs

Une fusée s’élance

Et brise mes rêves

 Marcel Faure

Poésies Février 2025

1 commentaire


viviane parseghian
17 mars

j'adore ... en grand !❤️

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