La page de Marcel Faure- Poésies Février 2025
- Ginette Flora Amouma
- 9 mars
- 4 min de lecture

Rivière qui frappe à ma porte
Je ne suis pas là
Les pompiers de l'eau sont venus me chercher
Serré contre mes voisins
J'ai pris le bateau rouge
Avec un chien mouillé
À la piscine municipale
On a récupéré un maître-nageur
Qui avait peur de l'eau
Même le chien a ri
Maintenant sur la colline
On regarde ahuris
Nos maisons qui défilent
En suivant le courant
**
Ombre plus lourde
Qui pèse sur la nuit
Insomnie
En catimini
Les heures gonflent
Emplissent toute la chambre
L'œil s'accroche à la fenêtre
Où la lune ferraille
Pour crever les nuages
Et le doute s'installe
Blessant les songes
Jusqu'à l'aube incertaine
**
Pour Lisiere
Évasion
Au-delà des murs
L'aube que l'on devine
Derrière les barreaux
A des couleurs de Sud
Peindre un bout de ciel
Pour s'échapper
Et l'enfant resurgit
Morceau de craie
Marelle
Sauter très haut
Instant de liberté
Suspendu aux oiseaux
Je vole
Escamoter l'aube triste
**
Sur le pavé
La partition déchirée
D'un oiseau mort
Qui chantera le ciel
Si tous les oiseaux disparaissent
**
Ouf il n'y a personne
Ils ne me demanderont pas
D'ailleurs je n'avais rien à dire
Curieux les journalistes
Cette façon de meubler le silence
De vouloir l'avis de n'importe qui
Je suis un témoin lambda
Je n'ai rien vu
J'étais juste là à bader
Suis-je ému par la mort d'un enfant
Évidemment
Suis-je en colère
Évidemment
Mais je n'ai rien vu
Juste un témoin inattentif
Et eux toujours aux aguets
À quémander quelques lignes
À vouloir me faire hurler avec les loups
Non non et non
Je n'ai pas plus d'empathie pour cet enfant
De colère contre ce chauffard
Pas plus que pour ceux qui meurent de faim
Ou pour ceux que des bombes écrasent
Chaque jour
D'innombrables milliers
Morts les enfants morts
Et mon immense empathie
Tellement morcelée
Que la part de chacun et si dérisoire
Si minuscule
Que j'ai honte de mon impuissance
**
Un homme parle aux arbres
Du bois dont il est fait
De sa vie besogneuse
Son corps noueux
Meurtri de coups de hache
Le destin n'est pas tendre
Il dit pourtant
Cette vibration des chairs
Qui le fait homme
Et arbre aussi
Par des gènes lointains
Dans la soupe primaire
Le sang la sève
L'eau si précieuse
Une vie qui se ressemble
Un homme parle aux arbres
Et les arbres fredonnent
Une chanson de feuilles
**
La pluie sur mon visage
L'odeur mouillée de la forêt
Mes mains posées sur la mousse
Mes yeux qui suivent les nuages
Et le goût de tes lèvres sur les miennes
Je voudrais encore des orages
L'odeur du feu à la maison
Mes mains posées sur tes hanches
Dans le parfum de tes cheveux
Être l'otage de tes yeux
**
Chaque brin d'herbe me salue
Imaginez l'ovation
Tout un pré frissonnant
J'entends oui j'entends
L'immense acclamation
Cette ola du vent
Et le chuchotis devient clameur
Soudain tout se tait
Zut j'ai bougé
**
Posé sur tes lèvres
Mon amour tout entier
Tremble de te perdre
Tu frappes dans tes mains
Mon ciel s'illumine
La lune au bord du toit
Cette prunelle douce
Posée sur mon épaule
Me protège du froid
Et les temps imprévus
Ressemblent à s'y méprendre
À ceux déjà vécus
**
Géants de pierre
Fichés dans le sol
Plantés là
Pour mieux dire le ciel
Rocs de prières
Aux formes étranges
Vêtus de mousse
Parfois couverts de signes
Menhirs au-delà des siècles
Qui se piquent de mystères
Au bord de la compréhension
Excitant l'imagination
Mémoire perdue
Enfermée dans la roche
Pendant que nos statues
S'effritent inexorablement
**
Peuplade d'objets
Qui frappez à ma porte
Je n'ai besoin de rien
Mes auxiliaires sont anciens
Mais vaillants à l'usage
Plus neuf quel outrage
A notre vie commune
Mais ça cogne
À coups de pub
Ça farcit mes fenêtres
Je fuis jusqu'à la chambre
Merci mon lit qui m'a vu naitre
Et je m'ensomme sous la couette
Avec ma table et ma chaise
Une relique de bistrot
Qui chante comme un poivrot
Cette rengaine d'autrefois
C'est dans les vieux pots
Qu'on fait la bonne soupe
**
De toutes les couleurs
Les fleurs du jardin
Disent le jour
**
Ce soleil intérieur
Qui s'impose, m'irradie
Me brûlant de passions
Ce vent interstellaire
Qui bouscule mes cellules
Je l'accroche un instant
Et mes fleurs de papier
Se déploient et se plient
À toutes mes folies
Après c'est la pluie qui me lave
Et je suis comme neuf
Prêt à recommencer
**
Tu es là
Depuis tant d'années
Combien de feuilles as-tu portées
Inlassablement
Malgré les automnes qui se succèdent
Toujours à refaire ton sourire
Et quand je dors tu veilles
Est-ce toi qui effaces mes rides
Qui m'ouvres la porte d'un nouveau matin
Qui hameçonnes le jour
Qui le rends supportable
Tu es là
Et mon cœur sonne
Tu n'as plus d'âge
Le ciel t'entoure de tous côtés
**
Rêve de lune
Immensité du vide spatial
Un astéroïde sans loi
Frôle une lune virginale
Matin de poussière
Où glisse une ombre
Dans le silence infini
Drôle de théâtre
Où des hommes s’invitent
Par de gros télescopes
Jour lunaire
Dans son écrin astral
Encore vierge de pas
Echo de nos désirs
Une fusée s’élance
Et brise mes rêves

Marcel Faure
Poésies Février 2025
j'adore ... en grand !❤️