L'or de la Chartreuse
- Ginette Flora Amouma
- 23 juil. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 févr. 2023
Dans le cadre du concours des paysages de l’Isère, j'ai écrit une poésie qui était en compétition sur ma page chez Short Edition, plateforme littéraire désormais réorganisée et n'est plus accessible à la lecture publique des pages des auteurs.
"L'or de la Chartreuse"
Ces photographies des tableaux du peintre Calès illustrent bien les beautés des hauts sommets de la Chartreuse.
Le texte a accédé à la finale du concours de l'Isère.



Mon souffle se précipite à vouloir t’atteindre.
Comme tant de randonneurs, je cours à ta rencontre.
Un chemin balisé pour m’aider à poursuivre,
Un sac prêt à recevoir la plante qui intrigue,
Ton nom aspiré par le vent qui cède à ta requête
Que jamais ton adresse n’indique où tu prends racine
Toi la seule, l’unique à se retirer dans la faille.
T’y rejoindre me fait braver tous les dangers,
Perdu dans les arches de pierre, lardé par les crêtes
A vouloir te cueillir dans la roche perforée,
Mon cœur tout entier palpite quand je m’approche
Pour te surprendre s’évasant en brillants corymbes.
Si tu ne résistais autant de toutes tes arêtes
Serais-je parti à l’assaut de la Grande Chartreuse ?
Gardienne d’un serment inscrit dans quel grimoire ?
Fleur souveraine aux limbes dorés et feuilles rondes
Cinq pétales pour une foison d’étamines
Dans ta crevasse profonde, tu vis en solitaire
A l’abri des murmures, toi la vulnéraire.
Des touffes d’herbe en infusion soigneraient mes peines
Sans troubler ta retraite, vers toi j’ascensionne
Pour t’engranger comme un trésor longtemps désiré.
Toi qui ne connais que le creux des montagnes
L’histoire te dit rétive à tout autre terroir
Fixée à ton rocher, repoussant les imprudents.
Parée d’un prénom rare et vénérée par les moines
Dans leur monastère feutré dont tu es la madone
Toi qui vis cloîtrée dans la formule de leur liqueur
Manne céleste, tu es la source de leur bonheur.
Pas un seul regard je n’eus pour tes congénères.
Pressé, je grimpais sans succomber à leurs charmes.
Le génépi des glaciers et le thé des Alpes
Vantent les vertus de la tisane des chamois
Alors que sauvage et altière, toi la vulnéraire
Enfoncée au loin dans tes repaires inviolables,
Tu rampes jusqu’à la lumière sans ôter ton voile.
Sur l’autel des divinités portant ton calice
Toujours austère et forte de tes secrets
Tu ne révèles tes appâts qu’avec réticence.
Moniale aux feuilles arrondies bravant les froidures
Dont le parfum insistant embaume les éboulis,
C’est hanté par le mystère de ton essence
Que je parviens enfin au creux des fissures
Me laissant choir devant l’or béni de la Chartreuse.
Intéressant projet, hâte d en savoir plus !