Cathy Cavalier ou les couleurs de l'Aubrac
- Ginette Flora Amouma
- 23 févr.
- 4 min de lecture

© Presse : L'arbre mort / Cathy Cavalier
L’Aubrac
Il y a une région où l’on y entre avec précaution, parfois à pas de loup, avec la lenteur des habitants des roches, dans le Tarn où des figures vous dévisagent, dans l’Aveyron où les cascades se fracassent, dans les Causses, dans l’Aubrac, dans la Lozère, entourés des Cévennes et des plateaux de schiste, de granit, de gneiss et de basalte, ces roches qui font de cette terre préservée, un lieu d’apprentissage à la rusticité d’une vie où peu de choses devient immense dans l’espace silencieusement offert.
Les contours très particuliers de l’Aubrac qui s’étalent sur plusieurs départements forment un territoire qu’on ne classe pas. C’est un plateau façonné par la lave volcanique où l’on aime se voir perdu au milieu de la richesse de la flore, auprès d’une nature qui vous regarde.
Ce regard, Cathy Cavalier le « prend comme elle le voit. »
Nombre de peintres et de dessinateurs se sont frottés à l’herbe des pâturages. On pourrait citer Jacques Maratray ou Claude Chassang ou Sandrine Vincent.
Les plus anciens ont laissé leur âme circuler dans les genêts. Les plus récents ont réveillé et aimé les rudes essences des plantes et des arbres. Jean-Marc Scotti, Jordan Ravy, Jean-François Rey, Pascal Galvani et tant d’autres qui ont posé leur chevalet ou simplement qui se sont assis dans l’herbe pour remplir un carnet de sensations.
Cathy Cavalier
J’ai choisi de parler de Cathy Cavalier car elle est venue à la peinture, seule, sans cavalier. Elle a marché longtemps sur la lande ramonée par les orchis et les narcisses des poètes. Dans les fourrés, elle a lu les perles de rosée sur les épines des résineux et vu les iris et les renoncules touchés par les clairs matins des journées sans attente.
Elle les peint comme si elle racontait une histoire. C’est ainsi qu’en regardant ses toiles à l’huile, on a l’impression de tourner les pages d’un livre.
De cette impression unanime, elle en fait un livre, un vrai qu’on tient en main en levant parfois les yeux pour scruter l’Aubrac et ses paysages et s’apercevoir que l’artiste peintre a enlacé la nature avec réalisme et émotion.
Par une empreinte impressionniste et une précision réaliste et figurative, Cathy s’immerge dans l’Aubrac.
« Un brin d’herbe est aussi gracieux qu’un arbre ou une montagne » explique-t-elle lors des expositions organisées dans différentes villes d’Occitanie.
Elle offre une méditation sur la nature quand elle isole un buron ou une chaumière sur le plateau. Elle sait comment apprivoiser les fleurs, lis, iris, jonquilles, renoncules.

© Buron - Cathy Cavalier
C’est une ode à la nature, c’est un cheminement vers le bout du monde, c’est la conscience qu’on approche cette ligne qui s’éloigne à mesure qu’on marche et randonne sur le plateau désertique qui vit de couleurs ocre, éclats d'or, vert émeraude et rouge sang.
Narcisses jaune foin, jaune fou de gemmes dorés, centaurée mauve qu’un oxalis vient sertir de sa dentelle pourpre. C’est bien à un voyage que nous convie Cathy Cavalier avec sa peinture à l'huile et ses nombreuses expositions dans la région de l'Occitanie.
Elle publie un livre qui réunit une cinquantaine de ses peintures qu'elle présente avec des mots réinventés que son amour pour l'Aubrac poétise amplement.
« L’Aubrac ses couleurs à la pointe de mon pinceau »
Ed. Des deux Rives à Villefranche de Rouergue où elle livre sa méditation au coeur de la nature.

Cathy Cavalier tâte aussi de la plume et quand elle parle de l'Aubrac, ses mots traversent les villages et les pâturages. On découvre l'Aubrac désertique et sauvage d'un côté et de l'autre, l'Aubrac et ses grands arbres, les chênes, les tilleuls, les pins noirs, un royaume qui fait de l'Aubrac un lieu magique.
L'Aubrac est un plateau volcanique et granitique. C'est un parc naturel régional et c'est pour mieux connaître cette partie cachée des régions habituelles que l'Office de tourisme a créé des sentiers de randonnée que Cathy a empruntés bien des fois pour découvrir que peu à peu elle se connectait à une présence troublante, le passage d'un souffle caressant sur sa joue, le silence des sols laissés non pas à l'abandon mais à l'unisson de la virginité de la première aube.
Le point culminant de l'Aubrac, c'est le Signal de Mailhebiau, un sommet à 1469 m d'altitude.
Bernard Martinet, le poète de l'Aubrac parle ainsi du sommet de Mailhebiau :
Poème de Mailhebiau
A vous tous visiteurs qui foulez mon sommet
Je voudrais simplement dire toute ma joie
De vous savoir ici, admirant en émoi
Ces grands plateaux d'Aubrac dans toute leur beauté.
Depuis l'aube des temps, je surveille en secret
Ces paysages durs, ces étendues de bois,
Cette mer de gazon où l'homme n'est pas Roi
Mais soumis aux rigueurs de ce sol désolé.
Aussi loin que vos yeux peuvent s'aventurer,
Vous voyez l'horizon où le soleil se noie,
Vous entendez le vent qui vous dit à mi voix
Que ces images-là dans vos cœurs sont gravées.
Du Nord où le Cantal vous invite à rêver
A l'Ouest où l'Aveyron dans le couchant rougeoie
Quel bonheur de sentir craquer sous votre poids
Ce vieux sol Lozérien sur lequel vous marchez.
Avant que de partir, avant de me quitter
Parcourez ces sentiers, visitez ces endroits
Où l'Aubrac vous attend à l'ombre d'une croix
Dans le parfum puissant des buissons de genêts.
Cherchez les champignons sous les hautes futaies
Regardez l'orchidée qui lentement y croît,
Le silence profond vous laissera pantois
Vous comprendrez alors ce qu'est l'éternité.
Bernard Martinet.
© eterritoire.fr/expositions Cathy Cavalier
centre presse Aveyron
Ginette Flora

Février 2025
Une belle découverte et un voyage réel ... Merci, Ginette ❤️"Le silence profond vous laissera pantois
Vous comprendrez alors ce qu'est l'éternité." c'est beauuuuuu
L'Aubrac à la pointe du pinceau de Cathy Cavalier nous fait découvrir les couleurs vibrantes de cette belle région. Merci pour ce partage Ginette qui nous fais voyager !
Une véritable artiste qui du pinceau et de la plume manie la Poésie avec bien du brio. Merci beaucoup pour ce partage, Ginette ! ^^