La page de Nicole - Neverland

Voici des aquarelles sur les  « Iles » que j’ai réalisées en dessin, après mes années de Peinture ! Voici ce que disait le jury de fin d’année à ces îles...

« De l’île à un objet en passant par des animaux ou l’évocation d’organes.  Certains dessins sont imaginaires. Un peu partout il y a de très beaux petits blancs qui attirent l’œil. Travail fin, subtil. »

Oui, ce sont toutes des îles mais notre professeur de dessin nous avait donné des photocopies d’anciennes planches d’Organes pour nous inspirer.- Nicole Loth

Cette île aux côtes découpées avec précision s’incurve pour rappeler un animal sauvage moucheté comme un léopard. L’esprit d’aventure et l’attrait de paysages atypiques pour les découvertes et les explorations donnent le ton à ces séries  d’aquarelles avec pour motif une île comme motif sublimé. La sublimation est un procédé psychique par lequel on donne une forme à un objet qui n'est pas réaliste mais métamorphosé par le sentiment avec lequel on pense à cet objet.

Comment imaginerait-on une île ? Par le dessin de ses contours irréguliers ? Une île parfaitement harmonieuse ? Curieusement, on n’attribue à l’île que l’on imagine aucune perfection. L’île a la faculté de faire irruption d’elle-même dans nos esprits avec une vitesse et un savoir irréductible, prémédité. C’est aller à la découverte de terres nouvelles, inconnues, vivant dans un rythme différent de celui qui est découpé aux tic-tac des aiguilles d’un temps imposé.  A quoi pense ce visage abimé dans la contemplation intérieure ? Une face se concentre dans une méditation intérieure tandis que l’autre reste masquée, peine à se montrer. Est-ce que ce ne sont pas nos deux visages, nos deux livres, celui qui s’écrit et celui qui l’est déjà et qu’on ne cesse de relire ? Images oniriques déposées au fond des yeux. Une île, c’est aussi un profil qui suit la courbe du nez, les plis, les rides du front mais qui ouvre d’immenses horizons à la place des yeux.

L’ île mystérieuse, celle qui nous échappe.

La forme d’un animal est visible, cette île a pris une forme intéressante. L’île serait-elle peuplée d’animaux ? L’incrédulité est visible sur le profil de cet autre visage.   A la place de l’œil, l’artiste a dessiné un élément qui nous donne la clé des rêves. Un point blanc, l’énigmatique indice qui précise l'endroit où rejoindre la vérité.

Un soleil irradie sur l’île. Comme des débris de météores, les derniers contours des îles rappellent combien d’astres sont venus finir leur voyage avec leurs pierres fines dans les crevasses des côtes découpées par nos blessures.

La forme d’une île est fixée en nous comme une orbite de lumière, une sphère ou un fragment d’étoile. C’est déjà une piste pour croire à l’existence d’une terre étrangère, le pays du jamais comme dit Peter Pan qui ne cesse de disparaître et de partir à la recherche de son Neverland.

Le trouvera-t-il jamais un jour ?

Trouverons-nous  jamais l’île  de nos manques ?

L’île où poser notre soif d’absolu sinon dans un pays lointain, écarté de notre propre monde, unique car réinventé et porteur de notre soif d’aventures.

L’île représente tant de désirs invisibles jamais comblés mais portés par un Neverland.

Un rêve s’éteint le matin. Une passion poursuit sa route solitaire et chute sans arrêt sans se lasser des coupures et des illusions.  

Seul le rivage prend forme, seuls les rochers y sont entreposés comme des bagages échoués, tombés des  radeaux qui  ont longtemps dérivé.

Peintures de Nicole Loth

Sur un texte de Ginette Flora

Mai 2025