Ton automne
- Ginette Flora Amouma
- 11 mars 2021
- 1 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 mai 2023
Les hautes herbes allaitées par les orages
Gonflent le lombric englué des mensonges
Les arbres épongent les châlits de fougères
La forêt a revêtu ses propres guipures
Les fauves se repaissent des derniers reliefs
Les vipères aux aguets mordent jusqu’au sang
On n’arrête ni les colonies des fourmis
Ni les hommes armés de farouche rancune
Pour faucher les lianes de vers envahissants
J’ai su découper leurs colliers de fumeterre
Les vieux aux chiques racornies me l’ont appris
Les ermites décharnés me l’ont expliqué
On se nourrit sans dégoût des forfaits commis
Les racines trempées s’emparent des orgies
En exposant les chairs boursouflées par les haines
La tribu ne connaît ni saisons ni chimères
Les cascades grondent de passions contenues
Les ravins engorgés pourrissent de blasphèmes
Car on ne quitte pas les feuillus centenaires
Que pleurent les morts accoudés aux bords des pierres
On s’entoure de remparts qu’on couvre de lierre
Il n’y a nulle porte pour s’échapper de cette fange
C’est un sombre panthéon qui leur appartient
On ne voit ni le jour ni la nuit dans la jungle
Tu m’as donné ton automne
La rousseur des feuilles qui tourbillonnent
Tu m’as guidé vers les bornes
Des champs rougis d’un matin entrevu
Tu m’as livré tes pâturages
L’aumône des songes, la rivière qui implore
Le fragment errant d’une soudaine rencontre
Et l’horizon s’enivre en te reconnaissant
Dans le sacre d’une lumière qui rayonne
Chaque vers reflète une parcelle de Mère nature.