Thaïs, un opéra de Jules Massenet
- Ginette Flora Amouma
- 6 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 avr.

C'est un opéra en 3 actes, du compositeur français Jules Massenet sur un livret de Louis Gallet, d'après le roman éponyme d'Anatole France.
Il a été créé en 1894 à l'Opéra de Paris.
L'action est placée à l’époque du IVème siècle aux abords du Nil, près de la cité d'Alexandrie dans un climat de pensées antagonistes. La foi païenne aux moeurs sans limites se heurte à la foi chrétienne et à son mode de vie dirigé sur les valeurs du sacrifice et de l'humilité. Une courtisane nommée Thaïs est l’égérie des lieux de plaisir. Elle est la grande prêtresse de l’antre du paganisme et des offrandes à la divinité Vénus sous forme de ballets, de fêtes orgiaques dans la cité des agapes et des bombances.
Or dans le désert de la Thébaïde, se développe une autre sorte de vie monastique. Athanaël est un moine qui vit en anachorète.
« En ce temps-là, le désert était peuplé d’anachorètes », c’est ainsi que commence le livre d’Anatole France.
Athanaël, le moine outré a entendu parler de Thaïs et de ses turpitudes et n’a de cesse que de vouloir la ramener à la raison.
Une légende raconte que la courtisane s’est repentie et s’est retirée dans un couvent pour y faire pénitence. Le choix libre et de son seul fait d’une destinée à l’opposé de ce qui lui était prescrit, forme le nœud gordien du récit.
Massenet raffole des situations manichéennes et son opéra oppose les deux courants de pensée dans un duel qui trouve son apogée dans la méditation. De cette méditation à la fin de l'Acte 2, dépend tout l’achèvement de la réflexion sur les deux modes de pensée.
C'est dans ce contexte qu'Athanaël, moine chrétien rencontre Thaïs une courtisane sans foi ni loi, adoratrice de la déesse Venus.
Acte 1
" Voilà donc la terrible cité " chanté par Athanaël
Athanaël arrive dans la cité pour confronter une nouvelle fois Thaïs. Il cherche à la convertir au christianisme, souffrant de la voir au milieu des dorures et vivant dans le cloaque des vanités. Il l’exhorte à bannir les vains plaisirs et de vivre dans l’austérité et le renoncement aux voluptés et aux excès.
Elle le maudit et le voue aux gémonies mais Athanaël revient à la charge en lui disant que ses soupirants ont exposé son visage sur les cloisons de la honte et terni son front qui se couvre de rides chaque jour, de plus en plus chargé d’un vernis qui craquèle. Il lui demande à nouveau de se convertir.
Thaïs est ébranlée par les propos d’Athanaël qui revient toujours à la charge en lui disant qu’elle s’est perdue « que son fard est en train de couler » .
Acte 2
"Dis moi que je suis belle " chantée par Thaïs
Thaïs chante et demande à son miroir : « Suis-je belle ? Dis-moi que je suis belle. »
L’air du miroir est une prière à Vénus.
Thaïs commence à douter d’elle-même, elle entrevoit un avenir vide, sans la douceur d'un sens pour la guider. C’est le moment de la méditation de Thaïs, un morceau au violon solo, c'est la réflexion qui va aider Thaïs dans le terrible dilemme qui lui est consacré.
Au violon solo, la méditation de Thaïs est un air dont la mélancolie élève l’histoire et la maintient dans les sphères des plaisirs de l’esprit.
Thaïs commence à les entrevoir et son choix tombe.
Elle brûle tous ses biens, efface tout ce qui lui rappelle sa vie de luxure et quitte la cité.
Acte 3
"C'est toi mon père " , Thaïs et Athanaël
Thaïs s’enfuit avec Athanaël qui la mène à un couvent. C’est dans le désert, en aidant Thaïs à suivre un itinéraire éprouvant qu’Athanaël est saisi par une autre sorte de vertige. Il commence à brûler d’une douleur nouvelle, de la douleur de l’homme qui aime, de la peau qui tremble, de la folie de savoir qu’il est lacéré par les fourches d’un métal quand Thaïs s’appuyait sur son épaule, femme sans fards, femme sans joyaux ni parures ni artifices et quand elle s’abandonnait à l’appel d’un absolu dont il n’était plus le maître.
Thaïs meurt au monastère et Athanaël découvre l’étendue de son amour terrestre et au chevet de la morte, il perd ses repères et sombre dans la folie.
A ce moment, on entend dans les murs du monastère résonner les mesures de la méditation.
Eros et Thanatos
Là où se trouve Eros, Thanatos n’est jamais loin, semble dire l’opéra.
A cette époque, en 1901, des expéditions archéologiques découvrirent en Egypte une momie sur le site d’Antinoé. Il est dit qu’il doit s’agir de la dépouille de Sainte Thaïs, la religieuse convertie.
Fort de toutes ces convergences vers l’idée qui cheminait en lui, Massenet décide de composer son œuvre "Thaïs".
Massenet n’a conservé que le cadre de la légende et les deux protagonistes qui se déchirent dans un duo insoutenable. C’est la confrontation de deux mondes, la religion païenne et le christianisme fanatique qui se termine par un revers non moins éprouvant. Athanaël découvre une autre sorte d’amour, ce qui lui fait poser la question du doute : Y-a-t-il un amour plus grand que celui de Dieu ?
Car la rencontre entre Thaïs et Athanaël n’aura jamais lieu. C’est le sens même du combat qui oppose l’homme et la femme. Thaïs avait compris bien autre chose, de plus radical :
« Je ne crois plus à rien. ni lui, ni toi, ni ton Dieu »
Elle pose l’axiome lucide et cynique : On est seul face à son destin.
© Voir en date du 1er février 2025, La méditation de Thaïs dans le blog : catégorie baroque, classique, romantique.
Ginette Flora
Mars 2025
C'est en écoutant le solo du violon de Thaïs que je ressent à chaque fois toute la splendeur de cette oeuvre de Massenet, qui me va droit au coeur.
C'est aussi le nom que j'ai donnée à ma petite chienne Thaïs
Merci beaucoup Ginette pour ce superbe partage.
je ne connaissais pas cet Opéra et l'Opéra n'est pas un univers que je connais bien mais chaque fois, avec toi, j'adore découvrir ... Merci Ginette, c'est très fort, puissant, grave .. et beua quelque part ...❤️