La page de Colette Alice - Emma Reyes
- Ginette Flora Amouma

- il y a 1 jour
- 3 min de lecture
« Mama Grande » : la femme qui aimait les fleurs
Emma Reyes
(1919-2003)



Une courge bombée, entourée de feuilles en forme de langues voraces et des fleurs étourdissantes
s’épanouissant si pleinement que le cadre du tableau ne suffit pas à les contenir…
Ces œuvres sont celles d’Emma Reyes, une artiste colombienne célèbre dans son pays mais quasiment méconnue en France où elle a pourtant vécu une grande partie de sa vie.


Née à Bogotá en 1919 de père inconnu, abandonnée sur le quai d'une gare par sa mère, Emma Reyes est placée avec sa sœur Helena, dans le couvent des Sœurs Auxiliatrices de la ville.
Elle y apprend la broderie et se révèle la plus douée de l’atelier. À 18 ans, elle parvient à s'échapper de l'établissement : elle est alors analphabète et n'a reçu aucune forme d'instruction. La suite de son parcours, non écrite, est certainement haute en couleurs mais inconnue.
On retrouve Emma en 1940 quand elle décide de quitter la Colombie et parcourt l'Amérique latine jusqu’en Argentine en auto-stop, en bus, à pied et vit d'une multitude de petits boulots : vendeuse, gardienne de vaches, chapelière…
En 1943, elle s'installe en Argentine et en 1945 décide qu’elle sera peintre, après avoir découvert dans une galerie d’art, les œuvres du peintre argentin Raul Soldi (1905-1994). Elle part ensuite en Uruguay et dans la jungle du Paraguay. Ce séjour dans une nature luxuriante auprès des populations indiennes opprimées est pour elle une révélation qui se retrouve dans ses œuvres.

En 1947, de retour à Buenos Aires, Emma Reyes obtient une bourse de la Fondation Roncoroni pour étudier à l'Académie André Lhote à Paris. Puis séjourne à Washington, au Mexique où elle est assistante de Diego Rivera (1886-1957) et, en 1954, s’installe à Rome avec le peintre futuriste Enrico Prapolini (1894-1956). Revenue en France six ans plus tard, elle se marie avec un médecin de Périgueux rencontré des années auparavant sur un bateau transatlantique.
Après avoir vécu à Paris, Washington, Mexico, Rome et en Israël, Emma s’installe en France en 1960 où elle contribue à faire émerger, sur la scène artistique, des artistes sud-américains en exil qui la surnomment tendrement Mama Grande.

De 1969 à 1997, elle fait le récit picaresque de sa jeunesse dans : « Lettres de mon enfance ». Encouragée à écrire par l'écrivain colombien Gabriel García Márquez (1927-2014), Emma Reyes y évoque, avec la distance d'une adulte contemplant les traumatismes de son enfance et les événements marquants de sa vie de femme, le manque d’amour, la misère et la violence, mais s’oppose à leur publication. Ces lettres ne seront publiées que neuf ans après son décès (1).
En 1996, Emma Reyes est naturalisée française et nommée Chevalier des Arts et des Lettres.
En 2003, dans un anonymat presque total, disparaît celle qui fut une figure importante de le scène artistique colombienne en exil à Paris.

Jusqu’au 29 novembre dernier on a pu découvrir des œuvres d’Emma Ryes à la Galerie Crèvecœur Paris 20ème. On peut légalement les découvrir dans l’exposition « Pollen » au CAPC (Bordeaux) jusqu ‘au 31 janvier 2027.
(1) En 2012, les 23 lettres sont éditées post mortem en Colombie ; un récit qui aura un beau succès en Amérique Latine mais il faudra attendre 2017 pour qu’elles soient traduites en français et éditées par les éditions Fayard - Pauvert.
La page de Colette Alice

Décembre 2025




Oh superbe mon Alice-Colette, j'ai adoré et c'est une vraie découverte ...merci ❤️
Un récit qui nous dévoile une artiste de caractère, qui a eu une vie agitée et à travers la peinture a trouvée le bonheur de créer... Merci chère Alice de nous la dévoilée.
Belle soirée à toi chère Amie.
Quelle Vie ! Quel parcours que celui d'Emma Reyes ! Et surtout quelle volonté et force de caractère il faut pour partir de rien et s'élever ainsi par le biais des Arts ! Ainsi, il est de ces destins qui vous laissent sans voix et tendent vers la lumière ! Merci pour ce nouveau portrait et partage, Chère Alice ! 🙏😃🎨