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Pour la Saint Patrick


 « Quand on n’a que la musique pour voir les landes vertes, quand dans mes yeux, défilent les   terres sauvages de l’Irlande, quand c’est elle qui m’accompagne … »


... et  le barde Turlough O’Carolan va ainsi sur les chemins de son île avec sa harpe pour faire entendre la musique savante et ancienne qui se joue aussi bien dans les chaumières que dans les salons.

La musique baroque des 17ème et 18ème siècles  rapproche tous les irlandais autour d’un même heureux attachement pour leurs terres insolites, sauvages et laissées à la contemplation des âmes.

 O’Carolan est aveugle à 18 ans suite à la variole qu’il a contractée. Il ne voit plus que par la musique et ne marche plus sur les sentiers de l’île que guidé par sa musique.

Né en 1670 et mort en 1738, Turlough O’Carolan est un harpiste irlandais, poète, ménestrel itinérant et compositeur. C’est le compositeur national. Il donne à la musique savante de l’Irlande ses lettres de noblesse. Quelques airs de lui, « le Mable Kelley » , « le Miss Noble » , « le Fanny Dillon »   sont imprégnés de mélancolie  et de messages à décrypter tant l’ésotérisme contenu ajoute sa ligne de flottaison au mystère laissé en gestation.


La St Patrick commémore l’arrivée du christianisme en Irlande et la célébration de l’héritage et la culture irlandaise. Parler de l’Irlande, c’est parler d’un spécimen rare, isolé dans le paysage ambiant et cela vaut aussi bien en musique  car c’est un cas particulier que d'évoquer l’Irlande qui conserve farouchement sa tradition orale, sa langue vernaculaire locale, ses chants transmis et repris au point que même si des  musiciens composent des mélodies personnelles, ils ne l’avouent jamais et disent seulement que cela vient du tréfonds de leur âme millénaire.


Barde traditionnel et figure emblématique de l’Irlande, O’Carolan parcourt les chemins en chantant la vie de chaque habitant, la mélancolie qu’instillent les oiseaux et les ruisseaux, le balbutiement des herbes folles, le chuchotement des sources, la renaissance perpétuelle de la vie qui s’installe en silence autour de lui car quand on est aveugle, on voit davantage l’invisible.  Ceux qui veulent de lui l’hébergent. Pour eux, il compose, il se fait apprécier.  Ses chants reprennent les airs traditionnels qu’il enrichit de notes puisées dans l’inspiration baroque de la musique qui vient de Vivaldi, de Corelli dont il est un fervent admirateur. Il trouve chez  Vivaldi et chez Corelli la note sanguine qui vient donner au charme  irlandais  un entrain qui fait pétiller les pétales des trèfles.

Sa poésie est transmise oralement et si sa famille essaie de publier, il faut attendre le début du XIXème siècle pour que son répertoire soit publié et arrangé pour d’autres instruments, flûte, violon, pianoforte…

Une de ses œuvres  est souvent citée :

"Le Mac Donogh’s lamentation", connu aussi sous le titre de  «  The clergy’s lamentation ».

 




L’ensemble « Les musiciens de St-Julien » présente leurs arrangements dans un enregistrement  en 2016 :

« The high road to Kilkenny »





La fin de la musique des bardes


Cette musique s’est éteinte avec le 18ème siècle quand les ménestrels accueillis et protégés par la noblesse de cour et les seigneurs des campagnes ainsi que par la haute bourgeoisie ont perdu cet usage. Ce sont des classes sociales très peu étendues et les modes de vie se mirent à changer.

La harpe perdit son rôle d’instrument dominant et elle est remplacée par la cornemuse irlandaise, le Uillean pipe qui a déclassé la harpe et contribué à créer une musique de danse.

Une douzaine de joueurs de cornemuse prirent le devant de la scène  dont le plus connu Walter Jackson.

L’Irlande constitue un cas isolé dans l’histoire de la musique. Les bases de cette musique sont les mêmes que l’on soit dans le folklore ou dans les œuvres savantes.

A la campagne comme dans les salons urbains, dans les concerts ou les buvettes, la musique irlandaise est la même.

Le baroque en Irlande ressemble au leprechaun itinérant dans les landes, de vert vêtu, un trèfle et un chapeau pour distinction.

Le baroque en Irlande n’a duré que peu de temps, vite remplacé par les musiciens qui enseignaient la danse, le set dancé.


 The blackbird  composé par Keily de Limerick(1820) est un classique du répertoire.





Les compositeurs prenaient des pièces anciennes et les recomposaient sans les décomposer et s’ils en étaient les inventeurs, ils n’en faisaient guère mention car ils savent d’instinct que l’Irlande, c’est d’abord la lande profonde, là où les premiers chants s’enracinent pour l’éternité.

Beaucoup composent mais la tradition irlandaise ne retient que quelques pièces des compositeurs contemporains.


L’ensemble «   The curious bards » 


C’est un ensemble de musiciens français qui offre une interprétation du répertoire du barde irlandais O'Carolan.

Ce groupe musical restitue une musique qui traverse les siècles et s’impose comme un élément culturel indomptable face à l’occupant anglais et aux éventuelles ambitions expansionnistes.

Le groupe chante la musique irlandaise telle qu’elle était chantée et jouée à l’époque baroque.

 Cinq musiciens spécialistes de la musique baroque composent cet  ensemble :


 Ilektra Platiopoulou, une mezzo soprano qui prête sa voix pour les pièces chantées.

 Alix Boivert, le violoniste, est le fondateur de l'ensemble en 2015.

Sarah Van Oudenhove à la viole de gambe.

Pierre Gallon, le claveciniste, Bruno Harlé avec ses flûtes,

Jean-Christophe Morel joue du cistre irlandais ( une sorte de luth)

et Louis Capeille, la harpe triple.  

Blandine Rannou et Samuel Serandour, le joueur de bodhran, un tambourin irlandais sur lequel on frappe avec un bâton.

A ce jour, l’ensemble a déjà 4 albums publiés :

1/ Extradition publié en 2017 et qui présente essentiellement le chant baroque dansé en Irlande.

  2/ Indiscrétion

3/  Sublimation

  4/ Rébellion ( hommage à Henry Purcell )

 

© ASD-Art Scène Diffusion- The curious bards

Ginette Flora

Mars 2025

6 Comments


Encore une superbe découverte sur le barde Turlough O'Caroland et sa musique.

Les ballades Irlandaises m'ont toujours émues, c'est une occasion pour moi de découvrir de nouvelles versions que tu partage avec nous. Merci pour cela chère Ginette. 🥰

Belle soirée à toi !

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Merci beaucoup, Nicole.

Je suis aussi tout à fait en symbiose avec les ballades irlandaises !

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Fredoladouleur
Mar 17

Comment ne pas s'imaginer parcourir la lande, lorsque les yeux fermés, on écoute la musique de Turlough O'Carolan ? J'avoue avoir eu un petit faible pour le morceau The clergy’s lamentation où après quelques instants la flûte se joint à la harpe avant que ne vienne enfin les accompagner le fiddle ! Preuve en est que la Musique passe bel et bien les frontières ! Merci pour ce joli partage, Ginette ! ^^

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Merci surtout pour le complément d'informations que tu nous donnes, cher Fred. !

Je vivais d'Irlande et de fées dans ma prime jeunesse !

Et le 17 mars est resté un moment magique pour moi !

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viviane parseghian
Mar 17

j'ai adoré être dans tes lignes, j'adore ce pays et là tu fais le danser ... merciii, Ginette ❤️

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Et j'adore que vous soyez tous aussi emballés que moi dès que le trèfle montre son 4eme pétale !

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