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Pelléas et Mélisande de Claude Debussy


L'unique opéra de Debussy, c'est à lui seul un genre unique, opéra ou drame lyrique ?

Il revisite le mythe de Tristan et Yseult. Le livret est de Maurice Maeterlinck d'après sa pièce de théâtre du même nom.

L'histoire déambule de la forêt aux pièces d'un château, met en relief les contrastes entre l’enfermement et l'espérance d'une existence sans entrave.

L'ancrage d'une réalité pesante et la fuite dans un lieu irréel engendre des tensions que des sensibilités trop fines ne supportent pas.

Pelléas meurt, tué par Golaud et Mélisande succombe à son chagrin.





" La fin de l'acte IV avec la mort de Pelléas, un sommet. ", déclare un critique musical.

C'est la scène des aveux avant que Pelléas ne soit tué par Golaud .

Cette pièce a une forte valeur symbolique. Elle est envahie par un clair-obscur qui accompagne le texte.



Les personnages semblent sortir d'une légende, leur histoire est suspendue dans un temps qui est unique : celui qui se trouve de l'autre côté, non pas éternel mais éternellement poursuivi.

C'est une pièce qui est inclassable. A la première représentation, il y eut un fort déchaînement de passions entre ceux qui aimaient et ceux qui n'aimaient pas.

Les récitatifs musicaux ne ressemblaient ni à ceux de Mozart ni à ceux de Wagner, on était loin de l'école de Massenet, on entrait vraisemblablement dans une nouvelle voie musicale avec Pelléas et Mélisande.


L'histoire est tragique : Golaud ramène dans son château une Mélisande apeurée qui, une fois devenue châtelaine, se rend compte que Pelléas, le demi-frère de Golaud ne lui est pas insensible.

Tout s'avoue " à voix basse, les sentiments, les peurs, les craintes." Les esprits exacerbés, se profilent comme des ombres maléfiques, la jalousie, les conventions, les chaînes qui retiennent au sol .. .. alors que tout un chacun veut s'échapper et que la tentation de la mort s'abat sur eux.



Il y eut une soixantaine de représentations, Debussy faisait entendre un air qui renvoie à notre plus intime essence.



La première eut lieu le 30 Avril 1902 à l'Opéra Comique de Paris. Quelques scènes malvenues font que la censure coupe certaines parties et remplace un personnage.

Debussy dit à propos de son opéra :


" L'action est impuissante à traduire la mobilité des âmes et de la vie. "


Cette œuvre m'a émue.

Il y a quelque temps, j'ai écrit une poésie qui l'évoque lorsque j'ai essayé de traduire le courant irrésistible qui rapproche deux êtres qui n'ont rien demandé.

Le chant de Mélisande


« Je t’offre la bague, tu auras ma couronne

En mon royaume, viens m’y assister. »

Par des mots suaves, il m’emprisonne

Je périssais, je l’ai su quand je t’ai vu

L’amer remords, je l’ai connu.


Pliée sur le balcon, j’ai penché mes cheveux

En longs feuillus désaccordés

Ils ont chuté jusqu’à tes doigts

J’ai tiré en vain sur les mèches rompues

T’aimer enfin, je l’ai voulu.


Rouge vermeil à l’orée du bois mort

La lyre retarde le temps des brumes.

De moi tu ne sais rien, de toi qu’en dit le vent ?

Une voix monte dans les corridors

Un bruit court dans les rameaux obscurs.


Ma bague torsadée, je ne l’ai pas vue tomber.

Il a cru perdre son nom, sa raison,

Il a besoin de chaînes, de collier.

Fuyons les murs, brisons les liens,

Dans la grotte des gnomes, je t’attendrai.


L’air fraîchit, je te donnerai les iris d’eau

Tu verras briller une autre alliance

Avant que la vision ne s’éloigne,

Tu m’apprendras, tu me diras qui je suis

Car moi je ne l’ai jamais su.


Entends-tu la fontaine qui chantonne

Où se mire mon visage étonné ?

Cherche où me conduisent les lignes de ma main.

D’où je viens tu m’en diras le secret

C’est dans l’herbe que vivent les genêts.


Le lit cousu d’or voudrait se souvenir

C’est l’aveu de ton corps que je trouverai

On ne m’en a jamais parlé.

J’ai suivi le courant, j’ai reçu ton appel

Ton cœur au bord de l’eau, je l’ai retenu.


De quoi ont-ils peur que je découvre ?

C’est toi seul que j’ai rencontré

Sans savoir que déjà tu me voyais.

Ni passé, ni blason, ni racines,

Je suivrai tes pas, j’entrerai avec toi.


Sur le sentier où s’ouvre ma mémoire,

Je lirai ta pensée sur les rochers.

Dans cette pénombre assourdie de soupirs

Je poursuivrai ce que j’ignore

La forêt murmure ton nom, Pelléas.


Mars 2020

Ginette Flora

mise à jour Février 2025


4 Comments


viviane parseghian
Feb 19

Merci Ginette, magnifique aventure ❤️

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Merci beaucoup, Viviane .

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berliner.randolph
berliner.randolph
Mar 08, 2022

Une œuvre absolue qui marque la danse et la musique à tout jamais.

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Tous les avis s'accordent à le dire . Il y a une telle universalité dans cette réflexion sur le rêve qui veut s'échapper de la réalité trop rigide .

Chacun de nous peut se projeter dans l'un ou l'autre de ces détails , mot , geste , ... qui scandent la musique .

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