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"Pagliacci" de Ruggero Leoncavallo

Dernière mise à jour : 27 sept.


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L'Air très connu " Vesti la giubba" est souvent repris dans la culture populaire, chanté à la fin du premier acte quand Pagliaccio le clown doit continuer la représentation malgré le drame qui s'est produit dans sa vie.

Opéra "Pagliacci, le clown" créé en 1892 par Ruggero Leoncavallo avec la reprise d'un thème universel : celui du clown tragique devant faire rire mais pleurant en réalité sous son masque.

Un air pour ténor, de Giuseppe Di Stefano, d'Enrico Caruso à Pavarotti en passant par Robert Alagna, cet opéra souvent traduit en français par "Paillasse" qui veut aussi dire clown est, semblerait-il archi-connu ... sauf pour ceux qui découvrent cet opéra en un prologue et deux actes en un temps lapidaire pour un opéra, à peine 1 heure et dix minutes.





La scène se passe dans un petit village de Calabre en Août 1865. Pagliaccio est le directeur d'une troupe de comédiens. Nedda est sa jeune  épouse, une orpheline qu’il a recueillie et hébergée  mais hélas malgré ses attentions et son attachement  pour la jeune femme,  Nedda  se laisse attendrir par un villageois Silvio qui la courtise. Quand Pagliaccio réalise sa cruelle situation d’homme éconduit,  il entonne l’ air sinistre et tragique de "vesti la giubba".

 

Un air repris par nombre de ténors, un air qui résume le thème de l’intrigue : fiction et réalité, apparence et vérité. Mensonge,  masque de comédie en contradiction avec l’amère laideur matérielle  et réaliste.


Dans le prologue, Tonio, un clown de la troupe apparaît sur scène pour expliquer et présenter la pièce que les comédiens vont jouer.  

L’écriture de cet opéra minimaliste est fondée sur une mise en abyme, une technique narrative qui consiste à placer une histoire dans l’histoire que l’on est en train de raconter. Fiction et réalité, le clown et sa mise en scène, l’homme et son drame personnel.


La musique appuie le drame, s’attache à faire éclater de tous les instruments de cuivre et des percussions le drame sous-jacent, la vérité cachée sous le masque. L'orchestration est marquée par une influence wagnérienne quand elle reprend le nerf émotif de chaque rôle. Le rire est dévolu à Pagliaccio, les violons sont pour les duos ente Nedda et Silvio et le violoncelle jette des airs graves et sombres pour accentuer la douleur de Pagliaccio aux prises avec les affres de la jalousie.

Leoncavallo introduit le son des cloches pour avertir l'entrée de la troupe dans le village et fait jouer de la trompette pour annoncer l'arrivée des forains au début des deux actes.

C’est la démarche esthétique du vérisme.


Le prologue "Si puo" chanté par Jonas Kaufmann




S'il vous plaît ? Me permettez-vous ?

Mesdames ! Messieurs ! Excusez-moi

Si j'apparais ainsi seul. Je suis le Prologue.

Puisque notre auteur renaît sur notre scène

Les masques de la comédie antique,

Il souhaite vous restituer, en partie,

Les anciennes coutumes de la scène, et une fois de plus

Il m'envoie vers vous...



ACTE 1

Une troupe ambulante parade avec force cris et joyeuses annonces dans les rues du village. Une pièce de théâtre sera jouée à la fin du jour, claironne le directeur de la troupe.

Mais Pagliaccio découvre l'infidélité de sa femme Nedda et il chante, le coeur brisé, l'air de "vesti la giubba" à la fin de l'Acte 1.





Remets ta veste


Jouer ! Pendant que je délire

Je ne sais plus ce que je dis

ni ce que je fais !

Et pourtant c'est nécessaire. Force toi !

Bah ! Es-tu même un homme ?

Tu es un clown !


Mettez votre costume et poudrez votre visage.

Les gens paient et ils veulent rire ici.

Et si Arlequin vous vole votre Colombine ,

Riez, pitre, et tous applaudiront !

Transforme ta détresse et tes larmes en blagues,

Ta douleur et tes sanglots en sourire narquois, Ah !


Riez, clown,

de votre amour brisé !

Riez du chagrin qui vous empoisonne le cœur !




Voici l'interprétation de Giuseppe di Stefano

https://www.youtube.com/watch?v=3cYc5QCoYg4



Intermezzo




C'est une courte séquence, un intervalle qui permet d'approcher de l'intérieur, des coulisses, les intimes pensées des comédiens. Pagliaccio est prostré, habité par une rage qui ne le quittera pas et qui expliquera son geste à la fin de l'acte 2.


ACTE 2


Pagliaccio tue sa femme Nedda et son rival Silvio devant un public qui est bluffé et qui ne comprend pas de suite que la réalité a pris le pas sur la fiction.  

Les applaudissements fusent et de tous feux crépitent les projecteurs mais Nedda ne se relève pas ni Silvio.

C’est le choc qui stigmatise tout l’opéra.  

 

Un autre moment, inoubliable quand le ténor Giuseppe di Stefano donne une interprétation émouvante d'un épanchement lyrique à l'acte II




Chanté par le ténor Giuseppe di Stefano ( Scala, 1956)


Le ténor italien (1921-2008) est célèbre pour son timbre de voix d'un lyrisme pur. L'expression de la passion est généreuse et sensuelle chez Di Stefano, à tel point que Pavarotti dit de lui :

" Di Stefano est mon idole ! "

Giuseppe di Stefano reste inoubliable dans l'extrême sensibilité avec laquelle il interpréta "Pagliacci "

Voici quelques paroles de son cri émouvant dans l'Acte II :


" Non ! Je ne suis pas un clown !

Si mon visage est si pâle

C’est de honte

Et par envie de vengeance !

L’homme reprend ses droits

Et le cœur qui saigne veut le sang

Pour laver la honte

Oh, femme maudite !

Non, je ne suis pas un clown

Je suis celui qui, stupide,

T’a ramassée, petite orpheline dans la rue

Morte de faim et qui t’a offert un nom

Et un amour fou et fiévreux."



E finita la commedia.

Les passionné(e)s de l'aile musicale de ce blog apportent leur contribution en conseillant quelques perles de liens rares sur le Web. Souvent ce sont des groupes privés qui collectionnent les enregistrements originaux.

Le rendu lyrique pur des premières interprétations est indéniablement d'une texture particulière. On est immédiatement percé par le réalisme avec lequel est exprimé le sentiment.

Du pur, du grand opéra !

Ginette Flora

Juillet 2023

2 commentaires


berliner.randolph
berliner.randolph
13 juil. 2023

Absolument magnifique, merci Ginette.

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Un moment inoubliable et revenir dessus apporte la même intacte émotion.

Merci Randolph.

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