Les visiteurs

Sont-ils venus me recouvrir de brume

De leurs pierres tombales sont-ils descendus

Me vêtir d’organdi et de poussière d’argent

Ont-ils voulu poser un tulle évanescent

Sur mes cimes aux apparats posthumes

Mes bras décharnés se courbaient sous la morsure

Quand ils m'ont enlacé d'un treillage livide

J’essayais en vain de couvrir ma nudité

Cherchaient-ils la robe de la saison passée

Je leur montrais le givre de ma main ridée

Ils ont enlevé le suaire de mes regrets

Ont célébré sans crainte leur éternité

Ils ont déversé l’espoir dans mon cœur chenu

Leurs moignons vibraient, leurs orbites convulsaient

Ils ont noyé ma sève de leur bave sifflante

C’est la nuit éraillée de l’ultime aveu

Et non des adieux hâtifs, m’ont-ils susurré

Ils ont lâché sur le marbre leurs âmes blêmes

Avant de partir coucher leurs squelettes grises

Je suis resté avec mes cristaux sur les branches

Sont-ils venus des abysses me rappeler

Qu’ils avaient besoin de s’embaumer de lumière

Au contact des feux purpurins qui s’éteignaient

20 novembre 2022