Les sculptures de l'âme
- Ginette Flora Amouma
- 8 mars 2019
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Votre maillet frappe sans répit la pierre.
Les ciseaux lèvent le geste au creux des coudes.
La pointe s’empare d’un hurlement rauque
Quand la gouge fait chuter les esquilles.
La matière fléchit la courbe qui implore.
Votre burin s’acharne sur l’albâtre.
Un sanglot se libère sous chaque entaille.
Le couteau débite, découpe, chantourne.
Des fragments fusent, des cendres étincellent.
La gradine cisaille, martèle, s’insurge.
Votre bloc de roche fait gémir un corps.
Un sentiment mis à nu fond dans le marbre
Par la torsion intense d’un mouvement.
La torture de l’instant invaincu supporte
Ce que le plâtre heurte en laissant choir un cri.
Dans ce vide sidéral où tout s’échappe
Quand se déchirent abandon et passion
Quand l’œuvre n’est plus qu’un galbe qui abjure
J’ai creusé l’âme qui s’appuie sur le socle.
Et sidérée, la souffrance se contorsionne
Dévoilant les méandres de la solitude.
L’ai-je ainsi étreint quand il est parti ?
La supplique d’un cœur aux lésions meurtries
Pliée jusqu’aux jointures des os rongés,
Ai-je ainsi exposé les affres de ma douleur
Aiguë au milieu des balafres ouvertes ?
Ai-je porté cette blessure livide ?
Mon tourment exsangue s’est-il ainsi livré
Dans cette posture intime qui extorque
L’atroce morsure juste disséquée
Dans ce temps unique où tout bascule
Figeant les mots engorgés que je refoule
Mais que vos sculptures de glaise sans crainte
Dans leur pose tragique révèlent, Ô Camille !
Poésies de l'évocation des oeuvres littéraires et artistiques
Ginette Flora
Mars 2019
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