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Les sculptures de l'âme

Votre maillet frappe sans répit la pierre.

Les ciseaux lèvent le geste au creux des coudes.

La pointe s’empare d’un hurlement rauque

Quand la gouge fait chuter les esquilles.

La matière fléchit la courbe qui implore.


Votre burin s’acharne sur l’albâtre.

Un sanglot se libère sous chaque entaille.

Le couteau débite, découpe, chantourne.

Des fragments fusent, des cendres étincellent.

La gradine cisaille, martèle, s’insurge.


Votre bloc de roche fait gémir un corps.

Un sentiment mis à nu fond dans le marbre

Par la torsion intense d’un mouvement.

La torture de l’instant invaincu supporte

Ce que le plâtre heurte en laissant choir un cri.


Dans ce vide sidéral où tout s’échappe

Quand se déchirent abandon et passion

Quand l’œuvre n’est plus qu’un galbe qui abjure

J’ai creusé l’âme qui s’appuie sur le socle.

Et sidérée, la souffrance se contorsionne

Dévoilant les méandres de la solitude.


L’ai-je ainsi étreint quand il est parti ?

La supplique d’un cœur aux lésions meurtries

Pliée jusqu’aux jointures des os rongés,

Ai-je ainsi exposé les affres de ma douleur

Aiguë au milieu des balafres ouvertes ?


Ai-je porté cette blessure livide ?

Mon tourment exsangue s’est-il ainsi livré

Dans cette posture intime qui extorque

L’atroce morsure juste disséquée

Dans ce temps unique où tout bascule


Figeant les mots engorgés que je refoule

Mais que vos sculptures de glaise sans crainte

Dans leur pose tragique révèlent, Ô Camille !


Poésies de l'évocation des oeuvres littéraires et artistiques

Ginette Flora

Mars 2019


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