Les prairies de muscaris
- Ginette Flora Amouma
- 13 févr. 2024
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La prairie s’est couverte de cistes jaunes
On me parle de saison et de floraison
Des mains moites qui se tendent Ô crocus mauves
Narcisses et gentianes en robes de gitanes
C’est leur danse pour une journée pastorale
Auprès d’elles, vit un bourdon qui se grime
Pour recouvrir sa face défigurée
Son ombre resurgit, se travestit
C’est son terrain, il a trouvé sa place
Sort de sa narcose et piste sa proie
Même désossé, le crâne ricane
Les orbites creuses sont comme un puits
Insondable toujours increvable
Les mille chenilles et les vertes vipères
Rampent jusqu’à grouiller sur l’herbe
Rien ne meurt jamais
Les lézards tapis vomissent leurs souillures
Flétrie de peau, la débauche pavoise
Quand une langue fuse et gicle son venin
Et la prairie livre sa brouette d’anémones
De jacinthes pervenche, de muscaris bleus
La glycine s’élève pour se maintenir en tête
Vers les hauteurs où s’habille l’éternité
Je voudrais tant n’être qu’une fleur solitaire
Les pieds transis mordus et gangrenés
Faut-il vivre entre le lilas et le pavot
Pendant que l’aubépine s’enivre du vent
Faut-il chercher auprès de son œuvre joyeuse
Le regain de moisson qui crèvera la bulle
Et l’aube luit encore dans l’autre horizon
La nuit le jour n'apercevoir que leurs couleurs
Pour affronter la faim, la misère des cœurs
L’horreur du vide et les tambours de la rancœur
Le vil temps versé au sang du néant
De l’orgueil scié à la corde de la potence
Car dans l’heure prochaine explosent les brasiers
Qui cravachent la terre
Et la rendent à sa nudité première
Février 2024
Ginette Flora
Magnifique peinture avec tes mots ...clé des champs au coeur ! Merci, Ginette ...❤️