Les Infos du Salon et des Malles - Août 2025
- Ginette Flora Amouma
- 31 août
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Poésie de Rainer Maria Rilke ( 1875-1926)
Il faut courir pour le rattraper, Rainer Maria Rilke. Il faut le suivre pour savoir pourquoi il s’enfuit. Etrange personnage. On dit de lui qu’il était une ombre. Pas de maison, pas d’adresse, ni d’emploi ni de vie continue. Il bougeait, il était sur les routes, il partait, il disparaissait.
Tel est Rainer Maria Rilke, né en 1875 à Prague en Autriche-Hongrie et mort en 1926 à Montreux en Suisse où il s’était posé pour soigner la leucémie qui devait l’emporter.
Personnage d’une sensibilité extrême, le rapport avec l’autre lui est malaisé dès qu’il est en présence d’un homme d’où sa propension à reculer dès qu’on l’approche de trop près. Il se disait plus à l’aise avec les femmes avec qui il conversait avec aisance à tel point qu’il aimait leur écrire et leur parler.
Cet être atypique engoncé dans des postures inhabituelles qu’il assume, a laissé une littérature lyrique qui nous est d’autant plus accessible qu’à la fin de sa vie, le poète écrit en français.
Se sentant incompris mais épris de sa chère liberté, il voyage beaucoup dans toute l’Europe et plus loin encore comme s’il voulait poser sur lui-même des strates autres, mystérieuses, nouvelles, surprenantes.
Sa vie est aussi un voyage. Il entame une carrière militaire sur les objurgations de ses parents mais il est réformé, les écoles militaires où il est inscrit le renvoient pour inaptitude. Il se rabat sur des études commerciales puis il devient journaliste et en écrivant, il se sait poète dans l’âme, déchiffreur de ses propres désirs tout d’abord, son « moi » si singulier, qu’il apaise dans sa poésie.
Littérature, philosophie, Belles-Lettres, il marche sur ces beaux sentiers et nous laisse Les élégies de Duino où la mélancolie puise dans la mélodie de la splendeur une essence ombrageuse. Il donne 10 élégies à la littérature poétique, 10 élégies sur un questionnement sur les grands thèmes philosophiques, la vie, l’art, la mort, l’amour, l’essence de l’être humain.
Sur la création artistique, R.M.Rilke livre quelques réflexions sur sa vision de l’écriture :
« N’essaie pas de te plier aux modes ni à ce que l’on attend d’un auteur. Ferme tes écoutilles et n’écoute que ce qui vient de toi. Une seule chose est nécessaire, la solitude. la grande solitude intérieure. Aller en soi-même et ne rencontrer pendant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. Etre seul comme l’enfant est seul. » R.M.Rilke
Au pays du Canton de Valais en Suisse, il s’émerveille et nous donne ses plus beaux poèmes. Plus ils sont brefs, plus ils nous laissent le champ libre au rêve et à l’imagination. Il réinvente la part de la vie qui nous est occultée.
C’est presque l’invisible qui luit
Au-dessus de la pente ailée
Il reste un peu d’une claire nuit
A ce jour en argent mêlée
x
Vois, la lumière ne pèse point
Sur ces obéissants contours
Et, là-bas, ces hameaux, d’être loin
Quelqu’un les console toujours.
(Les quatrains valaisans)
Si on marche plus avant dans sa randonnée poétique, on peut lire aussi :
Pays arrêté à mi-chemin
Entre la terre et les cieux
Aux voix d’eau et d’airain
Doux et dur, jeune et vieux.
Comme une offrande levée
Vers d’accueillantes mains
Beau pays achevé
Chaud comme le pain.
( Les quatrains valaisans )
Quand on lui demande ce que c’est que d’aimer, il répond simplement :
« Aimer c’est devenir un monde, un monde en soi pour quelqu’un d’autre. »
Il n’y a pas de plus belle définition car aimer c’est atteindre un autre pays dont les contours sont dans nos yeux et dans les vibrations de nos émotions.
Enfin, voici quelques mots de R.M.Rilke, des mots qui font comprendre pourquoi il y a une part de nous qui est tournée vers la spiritualité et le vertige des hauteurs.
« Le partage entre deux êtres est impossible et chaque fois que l’on pourrait croire qu’un tel partage a été réalisé, il s’agit d’un accord qui frustre l’un des partenaires ou même tous les deux, de la possibilité de se développer pleinement.
Mais lorsque l’on a pris conscience de la distance infinie qu’il y aura toujours entre deux êtres humains, quels qu’ils soient, une merveilleuse « vie côte à côte » devient possible. Il faudra que les deux partenaires deviennent capables d’aimer cette distance qui les sépare et grâce à laquelle chacun des deux aperçoit l’autre entier, découpé dans le ciel. » R.M.Rilke
LE SALON MUSICAL
1/ Fred et sa musique
Il nous présente sa playlist " Cracks"
2 / Antonio Vivaldi --Concerto RV 119
Un autre concerto du prêtre roux pour donner du mouvement allegro largo pour cet été vibrionnant !
3/ Ludwig van Beethoven
La symphonie N°1
La symphonie a été créée en 1800 à Vienne et comporte 4 mouvements.
Avant de créer sa première symphonie, Beethoven ne pouvait pas ignorer qu’avant lui, Mozart s’est illustré avec 41 symphonies et Haydn avec une centaine de pièces du même genre. L’héritage est écrasant. Si Beethoven décide de composer un poème symphonique, c’est qu’il sait son heure venue. Il a 30 ans et s’est déjà fait connaître par des concerts dans les salons viennois. Le compositeur ne déboule donc pas dans un aréopage érudit sans avoir affuté ses armes.
Il présente sa symphonie au cours d’un concert à bénéfice c’est à dire un concert donné dans le but d’amasser des fonds pour soutenir une cause. Il y expérimente les audaces d’une composition qui laisse dubitatif les auditeurs étonnés par les entorses faites par au langage musical classique.
L’œuvre est considérée comme une explosion de nouveautés. Dans cette symphonie, Beethoven innove son entrée dans le genre romantique dont s’inspireront les grands romantiques ultérieurs.
Sur une introduction lente remarquée et innovante car elle est une sorte d’attente comme un appât tendu avant l’assaut, c’est petit à petit que la symphonie prend de l’ampleur, devient plus rapide, plus énergique.
C’est à partir d’une construction progressive d’un thème que Beethoven développe sa symphonie qu’il imposera dans ses neuf symphonies sans pouvoir achever la dixième car la mort l’emporte, laissant le mythe de la malédiction lui survivre.
4/ Gabriel Fauré , la douce mélodie
Sa musique est un émollient. Elle dit que tout va comme les jours le veulent et non comme nous le voulons.
5/ Les compositrices de la période contemporaine
Elise Bertrand, violoniste est une jeune compositrice de talent.
6/ La page du mélomane
Nous parlerons des mouvements musicaux, de leur cheminement dans l'histoire de la musique occidentale.
Un regard sur le ténor Pene Pati qu'un abonné m'a conseillé.
Un article sur Glenn Gould permet de mieux approcher l'univers de l'incroyable musicien au talent d'or.
Le Dido's lament résonne encore dans nos pages.
7/ Les opéras
Les opéras sont précieux. Ils nous renvoient à une tradition, la plus vieille quand chaque culture racontait en chantant les valeureux combats et les grandes amours de peuplades nourries aux mythes et aux premiers soubresauts des âges.
- Guerre et paix, un opéra en deux parties de Serge Prokofiev, composée en 1942.
- Iris de Pietro Mascagni, une œuvre non pas oubliée mais éclipsée par d'autres oeuvres.
- L'élixir d'amour de Gaetano Donizetti
- Le château de Barbe bleue de Dvorak
LE SALON LITTERAIRE
1/ Les odes aux fleurs
Les fleurs ont pour elles les couleurs, un port de reine qui les tient à distance. Elles ont l'effet de la vie qui se réjouit et l'effet de la mort qui s'endort le soir venu.
Elles nous montrent le passage du temps.
Les jardins en offrent le bref message.
L'Edelweiss est une fleur des montagnes réputée inaccessible car elle loge à plus de 2000 mètres d'altitude.
2/ Textes et chroniques
La variété des récits nous rappellent que les malles transportent des parchemins, de vieux journaux, des cahiers écornés. De quoi trouver sans cesse des sujets d'écriture.
"Les fragments d 'Odile" sont toujours plein de sensibilité.
"Le crime du Golden Pass ", un article sur un sujet original.
3/ Les poésies
Marcel Faure nous rappelle ce qu'est la poésie à partir de quelques citations qu'il nous rapporte régulièrement :
C’est un sifflement qui s’enfle vite,
C’est un bruit de glaçons écrasés,
C’est la nuit où la feuille palpite,
C’est deux rossignols au fer croisé. (Boris Pasternak)
Parfois, Marcel Faure montre combien la poésie peut jongler avec tous les registres de langue, du ton sérieux au ton plus léger, les mots sont maîtres entre eux !
Le dictionnaire et le porto à découvert
Je débourre des mots à longueur de pelure
J'ai des idées au frais de côté pour l'hiver
A rimer le bifteck avec les engelures
"Poète... vos papiers !"
(Léo Ferré )
France Darget, la poétesse méconnue car trop vite connue !
Un portrait d'une très jeune femme qui tenait salon et déclamait ses vers pour un public très vite conquis par sa diction.
Colette Alice nous propose un bel article sur les figures féminines dans la Chine du siècle dernier où poétesse, journaliste et écrivaine devaient se battre pour se faire apprécier.
La poésie de Nicole
Avez-vous entendu parler des chakus ? Nicole nous en dit davantage.
La poésie de Viviane
Elle nous offre une fantaisie ce mois-ci.
4/ Les chemins de l'invisible
C'est une nouvelle page. Elle évoque l'amitié, le silence des espaces dont nous avons besoin pour y déposer ce que nous transportons tout le temps... tout le temps.
C'est la série Aubrac, c'est aussi une série sur la Provence, des routes invisibles et multiples nous mènent vers l'émerveillement des petites choses.
LA PAGE PICTURALE
La page de Babeth nous offre tant de belles peintures.
On ira également visiter des aquarellistes et d'autres animateurs des arts graphiques.
"Les peintres des montagnes " est une chronique sur les peintres qui aiment saisir les nuances de bleu, de blanc et de gris des glaciers.
LA PAGE DES AUTEUR(E)S
C'est l'été, le temps des contemplations. Au jardin, tout abonde en fleurs et senteurs.
Il reste à voir ce que la nature nous donne quand elle ne cesse de revenir nous montrer ses munificences.
C'est le moment de relire les feuillets rangés dans la brouette des travaux et des jours.
Qu'avons nous fait pour nous sentir si humbles et apaisés ?
Qu'avons-nous à inventer encore ?
Chaque jour, nous avons peint, écrit et laissé la musique nous donner la douceur de ses harmoniques.
Je pense que c'est le quotidien réinventé qui nous tient loin des ravins, hors des angoisses.
Des visages se sont penchés sur nos longues heures et nous ont suivi sans jamais se lasser. C'est une des merveilles du salon et des malles. C'est aux nains des jardins que nous pensons, aux lutins des fourrés, aux fantômes des malles, ces êtres que l'on connaît si peu et qui pourtant nous suivent allègrement.
Les malles d'Amouma
Le salon littéraire et musical
La page picturale
Août 2025
merci à TOI pour tout de Toi ! ❤️ (viviane)