Les Infos des malles et du salon - Septembre 2025
- Ginette Flora Amouma
- 1 sept.
- 6 min de lecture

Bien d’autres passages que nous lirons toujours avec beaucoup d’étonnement comme si l’auteur nous avait percés à jour, nous révélant que cette émotion-là, il l’avait éprouvée lui aussi, bien d’autres pensées nous émeuvent encore. Il a suffi d’un roman, d’une écriture retenue mais libre pour que nous réagissions encore à certaines phrases :
Un homme qui a fait une fois un bond dans le paradis, comment pourrait-il s’accommoder ensuite de la vie de tout le monde ?
Lisons encore ceci ou plutôt relisons encore tout surpris de reconnaître que ces pages, on ne s’en souvient pas d’elles ni de leur tournure ni de leur gravité ni de leur prédiction mais qu’elles renvoient à quelque chose de vécu même fugitivement vécu :
Peut-être quand nous mourrons, peut-être la mort seule nous donnera la clef et la suite et la fin de cette aventure manquée.
et cette affirmation jetée pour nous faire souffrir :
Le bonheur est une chose terrible à supporter.
Alain –Fournier (Henri Alain Fournier)
Il est né le 3 octobre 1886 dans le Cher près de Bourges, dans la commune de Chapelle d’Angillon et il est mort le 22 sept 1914, à l’âge de 27 ans alors qu’il venait à peine d’être enrôlé dans la grande guerre. Tombé sous les fusillades des ennemis, il est enterré avec ses camarades de combat dans une fosse qui ne sera découverte qu’en 1991 après bien d’infructueuses recherches pour retrouver sa dépouille. Son corps est inhumé dans la nécropole nationale de St Rémy la Calonne, en forêt de Meuse.
Il passe son enfance auprès de ses parents tous deux instituteurs de l’école communale. Sa vie d’écolier, ses jeux et ses balades dans les bois, ses camarades d’encre et de plume, le village rendu vivant par la peinture des portraits de gens simples et soucieux de l’ordre des jours, il la sublime dans son unique roman :
« Tout cela, voyez-vous, pour moi c’est le monde entier.»
Les années lycée et le basculement vers l’adolescence avec les premiers émois d’un cœur où est entré un autre battement conduisent l’auteur vers des années d’études à Paris. Il écrit ses premières poésies qui seront rassemblées dans le recueil « Miracles ».
A 18 ans, il rencontre une jeune fille Yvonne qui s’éloigne pour un autre destin. Cette rencontre, il en fait un personnage de son roman, de celui qu’il compose pendant huit années que lui demande sa quête vers un bonheur entrevu et perdu. Le phénomène d’éblouissement ou d’illumination, c’est dans son écriture qu’il essaie de comprendre, d’en faire une aventure.
« Jamais je ne vis tant de grâce et de gravité. »
Je me plais à imaginer qu’on me prendrait par le bras. Je me retournerais, ce serait elle qui me dirait doucement : « Je me suis un peu attardée. »
« Il y a en elle je ne sais quoi de pauvre et de puéril, il y a dans son regard je ne sais quel air souffrant et hasardeux qui m’attire. »
« Qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas. Et pourtant il me semble que je vous connais. »
Le Grand Meaulnes
Il fréquente les milieux littéraires, s’engage somme secrétaire auprès d’un ministère. Sa correspondance est abondante et reste un témoignage précieux de la vie dans les salons parisiens de la Belle Epoque où le souffle romantique, vivace encore, ne s’éteint pas.
Il écrit contes et essais et c’est alors qu’il retrouve Yvonne au cours d’une réunion mais s’il est ému et s’ils ont eu la possibilité de s’épancher, il ne cherchera pas à la revoir. En 1913, il publie Le Grand Meaulnes. Il envoie le premier exemplaire dédicacé à Yvonne. La jeune femme ne lui répondra jamais. Pourquoi Yvonne n’a-t-elle jamais ni remercié ni répondu à Alain-Fournier ?
Il faut attendre l’année 2020 et l’ouvrage intitulé « Le point de vue d’Yvonne » de Catherine Choupin pour que l’auteur explique les raisons qui ont mené Yvonne à s’emmurer dans le silence même si cela reste un non-dit car Yvonne s’est éteinte 50 ans après la mort d’Alain-Fournier sans jamais révéler ce qui a rapproché les deux jeunes gens. L’ouvrage est un essai sur le silence d’Yvonne raconté en se basant sur des documents et des lettres et sur « une intuition ». Paix aux âmes sœurs.
Mobilisé le 2 août 1914, il meurt le 22 sept 2014. Il a fallu trois quarts de siècle avant que le corps d'Alain-Fournier ne soit retrouvé.
Une légende s’est créée autour du jeune écrivain mort aux premiers jours des combats et qui ne laisse rien d’autre qu’un roman qui est intemporel par les thèmes développés, l’enfance, les rêves, les désirs d’évasion et la recherche d’un absolu. Un visage de femme illumine tout le livre et si le goût de la bohème parcourt les pages, il y a un mouvement de balancier qui fait que l’aiguille du temps va en arrière puis passe en avant, s’arrête en cet instant lumineux et magique qui n’existe que pour relancer le balancier du temps.
Comme les trois parties du roman.
J’ai aimé ceux qui étaient si forts et si illuminés qu’ils paraissaient autour d’eux créer comme un monde inconnu.
Son livre se trouve bien dans ma bibliothèque dans l’angle d’une étagère, rangé sagement entre d’autres vieux classiques mais lui reste bien droit dans sa tranche gris argenté. Il y a très longtemps, je l’avais lu avec le cœur bondissant de la jeune fille que j’étais.
Et mon cœur bondit encore quand je le relis et retrouve les passages cités. En cela, je peux dire comme l’écrivain que « je suis allée chercher au profond de moi-même ce que je suis pour devenir ce que je veux être. »
LE SALON MUSICAL
1/ Les compositions de Fred
Fred nous surprendra toujours avec ses créations originales.
Une playlist florale est très attendue !
2/ Antonio Vivaldi
Concerto pour quatre violons RV 580
Un moment qui reste suspendu, un instant hors du temps. Vivaldi et la musique baroque est un voyage dont on ne se lasse pas.
3/ Telemann
Georg Philipp Telemann (1681-1761) est un compositeur allemand, un grand nom de l’âge baroque, un musicien sachant jouer de plusieurs instruments, violon, flûte et clavecin.
Ce sont ses concerts publics pour les notables de la ville, qui ajoutent aux nombreuses initiatives qu’il a su apporter à sa musique et font de lui un être atypique.
Comme il a produit une œuvre immense dans tous les genres, en créant un style qui lui est propre, issu des styles français et italien, c’est aussi de la pure magie que de l’entendre au violon ou à la flûte.
Etrange qu’on ne parle pas de Telemann comme on parle de Bach ou de Haendel !
Il semblerait, disent les musicologues, que l’œuvre de Telemann longtemps occultée est reconsidérée, est enfin explorée avec avidité depuis la seconde moitié du XXème siècle.
Suivons leurs pas et passons un moment avec les concertos pour flûte et violon. Une certaine mélodie se déploie à nos sens vivement séduits.
C'est une riche présence attachante dotée d‘un merveilleux pouvoir de persuasion qui saura nous accompagner dans nos prochaines aventures.
5/ La page du mélomane
C'est une page riche en soudaines fringales. C'est le lieu où l'on visite, transmet et respire les hauts sommets de la musique !
6/ Les opéras
Quelques opéras conseillés par notre mélomane viendront enrichir la rentrée de Septembre.
- Rienzi de Wagner
- Le chevalier à la rose de Richard Strauss
- La fanciulla del West de Puccini
- L'enlèvement au sérail de Mozart
- La mélodie du bonheur de Richard Rodgers
- Attila de Giuseppe Verdi
7/ Les compositrices contemporaines
Nous nous attacherons à présenter des compositrices dont on parle peu.
LE SALON LITTERAIRE
1/ Les odes aux fleurs
Les fleurs, toujours les fleurs !
2/ Les poésies
- Les poésies de Marcel Faure
- Les fragments d'Odile
- Les poésies de Viviane
3/ Les chroniques
Textes et chroniques sont toujours les bienvenus.
4/ Les gamelles des comptoirs
Un autre épisode de ces fameuses gamelles viendra nous surprendre.
LA PAGE PICTURALE
Quelques peintres émergent car nous avons besoin de reprendre des couleurs !
LA PAGE DES AUTEUR(E)S
C'est un onglet qui va son chemin, poussant sa brouette, faisant fi de la grêle et bifurquant sur des sentiers moins connus pour s'épanouir et se sentir vivant.
C'est la rentrée et c'est toujours l'été. Ne précipitons rien, il est temps de vendanger, de nous dire que l'année 2025, nous la traversons vaillamment.
Les malles d'Amouma
Le salon littéraire et musical
La page picturale
Ginette Flora
Septembre 2025
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