Les infos des Malles et du Salon Mai 2024

C'est le mois du muguet et Babeth nous en offre un brin avec joie.

Le muguet est dérivé du mot "mugue" qui veut dire musc, l'odorante substance produite par certaines racines et certains végétaux.

Et de "musguet " qui signifie élégant.

Serti d'autant de perles étymologiques, le muguet décline ses parements en élégance et en suave parfum d'une délicatesse incomparable, ravive la mémoire et relance la créativité.

Est-ce pour mieux masquer le redoutable poison qui est tapi dans son apparence immaculée ?

Car chez le muguet, tout est toxique. Tout, de la tige aux feuilles, de la fleur aux racines. Voilà de quoi rester perplexe ! Tant de beauté vouée à n'être que contemplée car cueillie, elle devient la pire des dangerosités, elle devient " le poison du coeur " ! Toutes ses parties sont cardiotoxiques, accélèrent le rythme cardiaque et peuvent provoquer un arrêt instantané.

De ce fait, cette fleur a un très fort symbolisme qui favorise le désir de la rencontrer et de s'en faire une amie car elle est synonyme de bonheur. Au creux des vallons, à l'ombre des chênes, au bord des ruisseaux, elle s'efforce de se glisser discrètement mais les clochettes par de légères palpitations maintiennent une distance pudique. Son parfum est si fort que les oiseaux chantent et savent que le signal est donné pour aller prendre du bonheur et le diffuser haut et fort. C'est la créativité qui se met en route.

On la trouve dans les sillons des allées, parfois au bord de terrains humides et quand elles se gonflent de quelques gouttes d'eau, on l'appelle les larmes de Notre-Dame du nom de la légende qui dit que les larmes de Marie au pied de la croix de son fils sont tombées dans le sol où elles ont germé et donné le muguet et ses blanches et pures grappes de perles.

Moult légendes se sont constituées à partir des particularités de la fleur, une croyance se convainc mordicus qu'une fée, la Dame blanche, serait postée devant les muguets pour éviter qu'on les cueille et qu'on en souffre. Un autre récit circule et raconte que le muguet serait issu d'un combat avec un dragon.

On dit aussi qu'elle pousse à l'entrée de la porte du Paradis et que ses clochettes tintent quand une personne parvient à en franchir le seuil.

Ne dérogez pas aux traditions du mois de Mai

Il faut ce jour là avoir envoyé du muguet comme il faut en avoir reçu.

On en envoie à qui l'on aime, on en reçoit de qui vous aime.

[Remy de Gourmont, 1925]

Alors, voyez le muguet que je vous envoie

De mon jardin tout frais de ce matin

Au milieu des pétales fanés du camélia éteint

Qui a fini sa tournée printanière

Auprès d'une touffe de thym et de bruyère

Mon muguet qui a visité mon jardin

Je vous l'envoie avec un mot de Bobin :

" Le parfum du muguet laisse un sillage riche et soûlant de grande dame. C'est un parfum pour orphelins, la promesse un jour qu'on viendra les rechercher, qu'on les fera appeler par leur nom"

(extrait de "La grande vie" , Gallimard, 2014)

https://youtu.be/g44GLOqmTx4

Prélude N°8

D'après les connaisseurs, ce morceau est difficile à exécuter car la main gauche est sollicitée pour maintenir un tempo uniforme tandis que la main droite travaille sur une étude en opérant un legato avec le pouce et que les autres doigts conduisent le jeu des triples croches.

C'est un prélude qui sort des formes courtes. Le prélude N°8 cache ainsi une autre étude.

Une atmosphère passionnée s'amplifie à mesure que le prélude est mené jusqu'à son terme. En composant ses préludes, Chopin se souvient du clavier bien tempéré de Bach. Chaque pièce est imprévisible et pouvant tout aussi bien s'accompagner d'une mazurka comme d'une étude ou d'un nocturne.

Les préludes sont les épisodes d'un sentiment douloureux.

L'Opus "Préludes" 28 a été créé entre 1838 et 1839 - pendant le séjour de Chopin et George Sand à Majorque. Ils ont été composés d'abord dans une petite villa près de Palma, puis dans l'ancien monastère carthusien à Valldemosa, "entre les rochers et la mer", où vivaient les étrangers. L'idylle romantique s'est terminée quand le compositeur a commencé à tomber gravement malade, et le beau temps insulaire d'ordinaire ensoleillé a viré au maussade et la pluie avec le froid venant, n'ont pas arrangé les bronches de Chopin.

Le travail sur les chansons a été retardé.

Enfin, le 22 janvier, Chopin a envoyé « Préludes » à son éditeur, Camille Pleyel « Cher ami, je t'envoie enfin mes Préludes terminés sur ton piano. "

Le Nocturne N°21 de Chopin

Chopin disait à propos de ses Nocturnes :

" Que votre main gauche soit votre maître de chapelle, elle est comme une montre. Quant à la droite, faites-en ce que vous voulez et ce que vous pouvez.

" Il faut imaginer un arbre avec ses branches agitées par le vent, le tronc est la mesure inflexible, les feuilles qui se meuvent sont les inflexions mélodiques. "

Chopin exprime dans ce court morceau une vie intérieure car libre à chacun de voir se profiler dans cette nuit musicale, sa grotte personnelle, le pincement de son coeur, sa lyre.

C'est un état de sensibilité intraduisible, intransmissible et Chopin l'avait bien compris. De lui, de ses racines, il ne savait pas en parler. Son piano parlait pour lui.

Chopin donne à ce genre ses lettres de noblesse. Aucun Nocturne composé après lui ne surpassera ceux du Polonais.

Le 7 Mai 2024

La symphonie N° 9 De Beethoven, admirablement présentée par notre ami Randolph dans son article " Les monts beethoveniens" fait l'objet d'une nouvelle visite pour commémorer la date de sa création, le 7 Mai 1824.

Les villages de France

De nouvelles chroniques sur les plus beaux villages de France constitueront nos escapades estivales.

Un voyage vers quelques régions nichées au creux de la verdure et qui semblent échapper aux yeux des curieux mais pas des nôtres. Les débusquer fait partie de notre plus grand bonheur.

Peintres et poètes nous parlent des paysages assoupis sous les ormes et les bleus chancelants des aubes. les conteurs nous ouvrent leurs carnets.

Qu'il est bon de lire ce que leurs regards ont rapporté de leurs balades et ce que les mots ont donné à la souche de nos rêveries !

Nous entrons dans la saison des festivals, des concerts et des spectacles.

Le salon littéraire et musical s'en fera l'écho, les abonnés du blog savent nous convier à d'innombrables fêtes.

Le festival de " Couleurs Conte " 2024, 17ème édition, est une rencontre qui réunit conteurs, musiciens et penseurs autour des grands thèmes du conte, "l'autre" en est le fil conducteur car c'est moi qui rêve et c'est l'autre qui rêve aussi, qui espère, qui cherche son apparence en allant loin dans le temps, l'autre qui est voyeur, qui use de ses mots pour raconter ce qu'il a vu, ce qu'il a entendu, ce que d'autres ont fait, l'autre qui s'intéresse à l'humain, en somme c'est de lui qu'il parle.

Et cela passe d'abord par l'oralité, la transmission par laquelle sont posées des notes musicales, des couleurs que la nature envoie, tout se révèle par le conte.

Ce festival né à Strasbourg qui est devenu cette année la capitale mondiale du livre rassemble pendant deux mois ( Mai et Juin 2024) des conteurs, des musiciens, des chanteurs et des conférenciers qui autour d'ateliers, de lectures musicales et de nombreuses manifestations explorent la nuit des contes.

Une fois n'est pas coutume, nous parlons en ce mois de mai d'un sculpteur. Nous aimons présenter des poètes, des peintres et des musiciens mais voici qu'au hasard de mes lectures, j'ai rencontré une figure discrète mais dotée d'une âme si riche que seule son œuvre pouvait nous le faire entrevoir.

Il nous vient des bois, des forêts de cette région qu'on appelle l'Aube. C'est un département de la région Grand Est (anciennement la Champagne-Ardenne), connue pour ses nombreuses chapelles et ses églises dont le chef-lieu est la ville de Troyes. Avec sa forêt d'Orient, son lac d'Orient, son lac du Temple, la région ouvre un imaginaire qui n'échappe pas à notre sculpteur.

L'Aube est aussi connue pour son monastère "Le Paraclet" fondé par le philosophe Pierre Abélard qui le donna à Héloïse qui en fut la première abbesse. Reconstruite au 18ème siècle l'abbaye garde en son domaine l'histoire tragique d'une passion.

Il est un tout petit village Chessy-les-Prés qui donne au département de l'Aube ses lettres de noblesse autrement plus étonnantes. C'est là que vécut le sculpteur René Prestat qui découvrit un jour une souche près des berges d'un ruisseau, la transporta chez lui pour lui redonner vie et refaire le travail du Créateur : sortir de la boue la presque "enlisée" qui pour échapper à la mort, s'accroche à celui qui la retient et la ramène à la vie.

De l'obscur, le sculpteur fait resplendir la merveille !

Les malles d'Amouma

Le salon littéraire et musical