Les fées, l'opéra de jeunesse de Wagner
- Ginette Flora Amouma
- 20 févr.
- 4 min de lecture

© Les fées, photo de Marie-Noëlle Robert
Richard Wagner est un compositeur allemand, né en 1813 à Leipzig et mort en 1883 à Venise.
Il n’a que 20 ans quand il compose son premier opéra en 1834, une composition qui ne fait partie d’aucun répertoire et ne fut représenté qu’en Allemagne en1888 et à Bayreuth. C’est un opéra en trois actes, un drame romantique.
C’est en 2009 que le Théâtre du Châtelet donne la première création française avec le ténor William Joyner dans le rôle d’Arindal et la soprano Christiane Libor dans le rôle d’Ada.
Wagner est nourri de la tradition musicale de son temps. L’influence de Weber est grande tandis qu’il n’est pas insensible au romantisme qui entre dans la composition opératique.
Wagner a déjà en lui tous les prémices du souffle lyrique qui imprégneront son œuvre à venir, ces éléments qui assureront la maîtrise de son opéra et de sa musique. En effet, les caractères spécifiques de son opéra affleurent dans cette première œuvre :
- l’univers fantastique, l’univers surnaturel et le conflit avec le monde des hommes plus prosaïque et plus cynique.
- la délivrance par l’amour, le thème devient récurrent dans l’œuvre de Wagner.
L’ouverture
L’ouverture de l’œuvre est devenue un morceau instrumental et donne une indication de l’intrigue.
Le Prince Arindal et son serviteur Gernot, au cours d’une partie de chasse, poursuivent une biche qui s’enfuit dans un univers étrange et les deux hommes se retrouvent dans le royaume des fées. La biche est en réalité la fée Ada qu’Arindal épouse sans rien savoir d’elle. Le contrat de mariage spécifie que le prince ne doit jamais chercher à connaître l’identité d’Ada durant huit années. Cependant avant que n’expire la date fatidique, après 7 années de félicité et 9/10ème de la 8ème année, et la naissance de deux enfants, le prince en son royaume de Tramond pose la question juste avant l’expiration du serment qui les unit tous deux.
La sanction est immédiate.
ACTE 1
Arindal se retrouve seul errant dans un désert. Ada s’apprête à renoncer à son immortalité pour le rejoindre mais le roi des fées exige des conditions. Le prince devra se soumettre à quelques épreuves.
Des fées Farzana et Zemina malveillantes cherchent à le séparer d’Ada pour ramener leur amie dans leur royaume enchanté.
Le serviteur Gernot, fidèle et zélé, apprend des compagnons d’Arindal que le père d’Arindal est mort et que l’ennemi Murold convoite le royaume et la main de Lora, la sœur d’Arindal.
Ses compagnons suggèrent à Arindal de rentrer en son royaume livré aux envahisseurs cupides et de peu de scrupules.
Mais Ada use de ses pouvoirs pour le retenir en son royaume. Arindal décide toutefois de rentrer. Il quitte Ada qui lui fait promettre de ne jamais porter foi à quelque sortilège qui surviendrait sur son chemin.
ACTE 2
A Tramond, le royaume d’Arindal, tous se retrouvent, Arindal et sa sœur Lora, Gernot le serviteur et la suivante Drolla, ainsi que les amis d’ Arindal, Morald et Gunther.
Ada rejoint le royaume des humains et soumet Arindal à l’épreuve en lui faisant croire qu’elle l’a trahi et jeté leurs enfants au bûcher, stratagème dans lequel il tombe car il ne s’agissait que d’un sortilège. Et comme le prince n’a pas respecté son serment, Ada est changée en pierre.
ACTE 3
Lora et son fiancé Morald, l’ami d’Arindal, règnent sur le royaume de Tramond. Arindal est devenu fou. Il décide d’aller délivrer Ada.
Il affronte les esprits, les traîtres et d’autres acolytes à la solde des fées et il parvient à délivrer Ada de sa prison de pierre grâce aux armes que lui a remises le magicien Groma, un bouclier, une épée et une lyre. La musique adoucit les mœurs ! Wagner s’est souvenu d’Orphée !
Arindal régnera avec Ada sur le royaume des fées tandis que Lora et Morald s’occupent du royaume terrestre.
L’opéra « Les fées » a été représenté en 2009 en prenant quelques libertés sur l’écriture de Wagner. Le conte reste marqué par le thème d’une fée, personnage d’un univers onirique, qui est amoureuse d’un mortel, personnage de la réalité matérielle.
C’est un sujet qui a toujours fasciné Wagner, raison pour laquelle il le développe continuellement dans son œuvre en croyant que l’amour peut tout sauver et permettre une rédemption.
Des éléments comme le rocher, un promontoire isolé où vit la fée ou la déesse ou la personne venant d’un univers surnaturel, le choix des armes comme l'épée ou le bouclier, autant d'objets sur lesquels reposent les thèmes de prédilection de Wagner.
Dans ce conte, le prince accepte de vivre dans un royaume enchanteur, celui des fées comme pour se délivrer des turpitudes qu’il a traversées dans son royaume terrestre.
L’autre monde est mis en scène avec des couleurs denses, un bleu intense, un vert soyeux et des costumes qui font de la création de jeunesse de Wagner, une œuvre d’art.
Les thèmes développés dans cet opéra mettent en lumière un thème particulièrement prégnant : celui de la force de la musique, seule capable de ramener à la vie l’être aimé.
Wagner s’est inspiré d’un conte de Carlo Gozzi « La femme serpent »
Une chronique de Ginette Flora
Février 2025
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