Les deux gisants
- Ginette Flora Amouma
- 4 mars 2019
- 1 min de lecture
Vint le jour imprudent où il fut dénoué
Par une main tremblante d’un désir avide
Le bliaud de cendal pourpré qu’elle portait
En croisillons lacés sur sa jeune poitrine.
Elle la couvrait vainement de ses paumes moites
Trahissant un émoi mêlé de confusion.
La ceinture d’orfroi brodée d’or enlevée,
La jouvencelle chaste perdue dans ses rêves
Laissa choir l’étoffe, la chainse chiffonnée,
Le dernier rempart de l’étreinte fusionnelle.
Ils furent saisis d’une passion invincible
Qu’ils brûlèrent tel un tison incandescent.
Insatiable, l’ardeur les embrasa si fort
Qu’ils succombèrent à un bonheur ébloui.
Ils rirent des rumeurs, ils fuirent les abîmes
Laissant leur esprit au bord d’un choix ultime
Révélant à l’un, son avenir sacrifié
Et terrible, à l’autre, son chemin de croix.
Elle réclama d’être couchée dans son voile
Sur le tombeau de son époux tout contre lui.
Le temps cessa de vouloir souffler leur hymen.
Le Seigneur céda aux appels de leur douleur
Pour accepter d’unir entre les deux gisants
Le soupir d’Abélard au credo d’Héloïse.
Poésies de l'évocation des oeuvres littéraires et artistiques
Ginette Flora
Mars 2019
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