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Le cycle du Ring ou l'Anneau du Nibelung de Richard Wagner - Siegfried ( 3/4)



Brunhilde  a prédit que l’enfant de Sieglinde ouvrirait une nouvelle page de l’histoire du monde.

Une autre génération est donc passée. L’enfant a été recueilli et adopté par Mime du clan des Nibelung, le frère d’Alberich et de Regin.

Dans la grotte où se trouvent l’enclume et les outils de sa forge, Mime essaie de reforger l’épée de Sigmund et d’en refaire d’autres mais il ne parvient pas à égaler la force de Siegfried.

Or l’histoire  a été fixée ainsi :

Siegfried terrassera le dragon Fafner qui veille sur l’or du Rhin, un trésor qui lui a été donné jadis au détour d’une tractation.

Siegfried devra briser la lance de Wotan, s’emparer de l’anneau du Nibelung et réveiller Brunhilde.

Il est encore adolescent, idéaliste mais son instinct fait qu’il reforge le Nothung, l’épée de son père.

Il est si troublé par ses instincts qui se bousculent en lui qu’il pose à Mime les questions sur son identité. Mime  lui révèle qu’il est le fils de Siegmund et Sieglinde mais  sans lui dire que Wotan est son grand-père.




 

Dans ce 3ème volet, Siegfried représente l’espoir qui va faire basculer un monde dans un autre.

Il sait que de grandes choses vont arriver, qu’il est à un tournant de sa vie, il le confie à la nature, à la voix qui lui répond, celle de sa mère qu’il n'a pas connue, une voix qui le rassure dans un moment qui fait de lui l’élément déclencheur de la fin d’un monde et de l’avènement d’une nouvelle ère.


Le thème est inspiré d'un conte du " Garçon qui ne connaît pas la peur et qui part apprendre la peur ".

L'inspiration est triple car Wagner est marqué par le courage des combattants politiques de son époque. C'est le temps des insurrections où la bravoure et le dépassement de soi sont mis en valeur.

Le thème de la capacité à lire dans l'esprit d'autrui vient d'une réminiscence d'une version théâtrale de Faust. Wagner dote donc son héros d'un triple héritage.

Wagner compose son opéra comme une saga mythique et s'inspire des épopées scandinaves, slaves et germaniques. Il n'en crée pas moins un univers symbolique qui fait de Siegfried une œuvre personnelle qu'il nomme "La mort de Siegfried".

 

Mais il n'en est pas satisfait et laisse la première ébauche en retrait.

Il veut s'attacher à décrire le portrait d'un héros porteur d'un destin.

Un rôle dévolu à un ténor, Siegfried est un géant élevé par Mime, un nain et par Regin, un forgeron.

D'un naturel empreint de simplicité, il préfère rester dans sa forêt où il a grandi auprès des animaux, ses amis, le loup, l'ours et les oiseaux.


Composition


ACTE 1


Mime essaie de reforger une épée pour son fils adoptif, Siegfried.





 

Mime espère récupérer  le Tarnhelm, le casque magique, l’anneau et le trésor. Il lui faut donc reforger l’épée mais il ne sait pas que seul Siegfried peut le faire.

Siegfried rentre de ses promenades en forêt.  Il se dispute avec Mime qui n’arrive toujours pas à forger une épée.  C’est dans les imprécations qu’ils se jettent l’un et l’autre que Mime avoue que Siegfried n’est pas son fils. Il lui révèle ses véritables origines. Siegfried désemparé s’enfuit et décide d’aller parcourir le monde.

Resté seul, Mime reçoit la visite de Wotan, le voyageur qui demande refuge mais un jeu de questions-réponses s’échafaude.

Mime accepte de loger le voyageur s’il peut répondre à ses 3 questions. Qui vit dans les profondeurs de la terre ? Quel peuple vit sur la crête du monde ? Quel peuple vit dans les monts célestes ?

Wotan répond, les nains, les géants et les dieux.

 

Mime vaincu,  accepte d’offrir l’hospitalité à Wotan qui se venge en lui posant 3 autres questions. Quel est le peuple préféré de Wotan ? Comment Siegfried peut-il tuer Fafner ? Comment reforger l’épée Nothung ? Réponse : les Walsungen dont sont issus Wotan, Siegmund, Sieglinde et  Siegfried. Et seule l’épée Nothung peut vaincre Fafner, le dragon.  

Mime bloque à la 3ème question. Wotan est magnanime. Il laisse le destin de Mime entre les mains de celui qui reforgera Nothung.

 

Siegfried réapparaît : alors, cette épée ? Qu'il puisse enfin quitter le nabot encombrant. Mais Mime va ruser :

 

–   Tu ne peux te lancer à parcourir librement la terre entière si tu ne connais pas la peur.

 

C'est une promesse que Mime aurait faite à Sieglinde, sa mère. Siegfried aiguillonné par Mime pense que Fafner pourra lui apprendre la peur. Siegfried reforge avec succès Nothung tandis que Mime prépare une boisson empoisonnée. Il ourdit un nouveau plan, il empoisonnera Siegfried une fois Fafner mort. Il s'emparera ensuite de l'Anneau et du Tarnhelm pour devenir le  maître du monde.

 

L'acte s'achève sur la joie délirante de Mime d'avoir élaboré un si bon plan et la destruction de l'enclume de Mime par Siegfried grâce à Nothung.

 

ACTE 2


Siegfried affronte Fafner le dragon et le terrasse. Il peut reprendre l'anneau et le Tarnhelm, le heaume magique qui permet de changer d'apparence. Siegfried s'est léché les doigts maculés du sang du dragon. Il découvre alors le pouvoir de comprendre le langage des oiseaux et de lire dans la pensée d'autrui. Siegfried tue Mime qui voulait l'empoisonner.

Les murmures de la forêt redeviennent enchanteurs, comme délivrés d'un sortilège.

L'oiseau chante la paix sans pour autant dissimuler le fait que des dangers rôdent encore :


"Sur l'or qui dort, vous veillez mal. "

 

 "Les murmures de la forêt ", c'est une partie en suspens et un moment particulier dans cette pièce, un moment où la nature reprend ses droits, une parenthèse surnaturelle quasi fantastique qui transcende la réalité.

Un refuge de quiétude tout autant que le rappel d'un drame futur.




Le chant de l'oiseau est l'instant le plus mémorable de la pièce. Il chante tout en restant invisible.

C'est un moment clé du récit où la problématique de l'ombre et de la lumière prend tout son sens. Siegfried est l'incarnation d'un mouvement qui va de la nuit au soleil, de la haine à l'amour, de l'ignorance à la connaissance.

Une voix, celle de sa mère lui rappelle qu'elle l'aime et qu'elle veille sur lui. C'est un moment très émouvant pour Siegfried qui n'a pas connu sa mère.


 ACTE 3


Siegfried, guidé par l'oiseau, arrive près du château où Brunhilde est endormie. Wotan le maître déchu, condamné à errer et qui est nommé sous le nom de voyageur, tente de lui barrer le chemin mais Siegfried abat son épée sur la lance de Wotan. La lance se brise et avec la destruction, tous les maléfices ainsi se désintègrent.

Siegfried franchit le cercle de feu et découvre Brunhilde et sa condition de femme. Il connaît la peur devant un phénomène inconnu mais la surmonte, il réveille Brunhilde d'un baiser.

Mesurant sa passion pour Siegfried, Brunhilde abandonne la vie éternelle pour retourner vivre une vie de terrienne. Elle annonce la fin des dieux.



Plusieurs scènes se suivent sur des tonalités différentes, du tragique à la tragi-comédie jusqu'à la scène de la passion. Siegfried est un opéra qui se joue entre des personnages essentiellement masculins jusqu'à ce que Brunhilde fasse son apparition sous les yeux médusés et même pétrifiés de Siegfried !


A suivre

Ginette Flora

Mai 2025

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