top of page

Le cycle du Ring ou l'Anneau du Nibelung de Richard Wagner - L'or du Rhin (1/4)

© Ring 2020 - Opéra France musique- l'anneau du Nibelung


Wagner écrit lui-même ses œuvres, compositeur et librettiste, il est pénétré des schémas de l’écriture  mythologique. Il est féru de légendes et de textes anciens où il est question de partir jusqu’aux origines chercher le sens de la vie.

Il puise ses développements dramatiques dans les textes germaniques et nordiques et s’attarde sur l’héritage indien. Il se livre à une écoute attentive de la musique classique indienne, relève le leitmotiv des ragas  et se penche sur la pensée bouddhique.

En écrivant ses opéras, il est ainsi nourri d’une pléthore d’écritures laissées par l’histoire du monde.

Les pensées grecques des mythologies païennes, la posture bouddhiste, le christianisme,  la philosophie médiévale, les épopées et les légendes, l’héritage oral de croyances véhiculées par des siècles de méditation spirituelle, Wagner s’immerge dans leurs textes avant de livrer ce qui se produit au terme de lectures aussi variées. Il crée un univers non pas nouveau puisqu’il est  issu des influences subies mais un univers qui porte la marque de son esprit. Une manière d’être en musique comme en écriture.

Il écrit l’anneau du Nibelung en s’inspirant d’une légende germanique et d’un chant médiéval.

- L’anneau du Nibelung, le Nibelungenlied, composé au XIIIème siècle, pièce elle-même influencée par la Volsunga saga, une saga d’origine islandaise datant aussi du XIIIème siècle.  

-  Un poème épique germanique du Moyen-âge : la chanson des Nibelungen.

Tous deux racontent l’existence d’un anneau maudit forgé par les Nibelungen, le petit peuple des nains.

Wagner a conservé les principaux personnages et développé les événements sur les intrigues déjà travaillées par les légendes.  Son génie est de les marquer d’une empreinte allégorique, le propos légendaire devenant un texte méditatif sur le rapport des forces entre les humains, les faits de société, la recherche du pouvoir, les luttes pour acquérir des puissances matérielles et surnaturelles, l’emprise des sentiments. La vraie trouvaille de Wagner est d’avoir créé, dans une apothéose lyrique, la clé des songes quand l’esprit humain, las des constantes batailles, se repose sur les vertus naturelles de la paix.

L'œuvre raconte une histoire qui se décline sur trois générations porteuses d'un ADN tragique.

Cas unique dans l’histoire de l’opéra,  l’anneau du Nibelung est une tétralogie colossale à laquelle Wagner a travaillé durant trente ans. Wagner y raconte le destin des dieux, de leur suprématie à leur déclin. L'œuvre est à tel point monumentale que Wagner construit un théâtre à Bayreuth, une petite commune en Allemagne, pour pouvoir jouer ses opéras.

Les quatre opéras (le prologue et les trois journées) font l’objet de quatre articles distincts pour que leur lecture permette d’apprécier au plus près un genre musical très fastueux, riche en tableaux, en scènes et en actions, en dialogues où musique, décors, amours et haines, luttes, actions symboliques fusionnent pour exploser en un feu d’artifice de passions. Ce sont de grandes fresques qui ne peuvent se résumer en un seul mot ni même être appréciées dans un mince résumé anecdotique. Il leur faut de la démesure, de l'emphase, de la profusion, de l'excès pour approcher un peu de la magie de cet anneau du Nibelung !


L’or du Rhin(1869)


En quatre scènes séparées et en un seul acte.

 © paperblog - scenes d'opéra


Woglinde, Wellgunde et Flosshilde sont les trois filles du Rhin, les premiers personnages qui apparaissent dans le cycle du Ring et qui gardent farouchement l’or du Rhin reposant au fond du fleuve. Elles savent que cet or forgé en anneau donnerait un pouvoir total à celui qui le porterait.

Le nain Alberich appartenant à la race des Nibelungen c'est-à-dire du peuple des nains, tente de les séduire l’une après l’autre mais toutes les trois se dérobent à ses avances en se moquant de sa laideur.

Peine perdue,  Alberich n’a qu’une idée en tête : s’approprier l’or du Rhin.

Les filles du Rhin lui disent que pour s’emparer du l’or du Rhin, il faudrait renoncer à l’amour. Or, Alberich maudit l’amour, il s’empare du trésor et rentre dans son repaire.

Alberich contraint son frère Mime à fabriquer un heaume magique, le Tarnhelm, qui permet à celui qui le porte de prendre l’apparence de son choix. Cet or sert également à forger un anneau qui apporte la puissance à son possesseur. Tarnhelm et Ring sont les deux objets qui permettent la création d'un monde.

Pendant ce temps, Fasolt et Fafner, deux géants ont construit pour leur maître Wotan, le maître des dieux,  un palais le Walhalla. En guise de reconnaissance et de dévouement, les géants demandent que leur soit donnée Freia, la déesse de la jeunesse éternelle.

Mais les deux géants dépérissent dès qu’ils séquestrent Freia auprès d’eux car par une ruse sordide, Wotan et son âme damnée, Loge, décident de s'emparer des deux objets en or. Ils capturent Alberich qui se venge en maudissant l'anneau et en précipitant le monde dans une succession de drames.

La malédiction de l'anneau est ainsi formulée : Quiconque portera l’anneau vivra dans la peur et ne sèmera que la mort.


Wotan offre les deux cadeaux empoisonnés aux géants mais l’anneau, maculée de la tache de la malédiction, cause des disputes et des empoignades mortelles car au moment du partage du butin, Fafner tue son frère Fasolt pour posséder l’anneau.

La malédiction d’Alberich a fonctionné. 


Le prélude de l’or du Rhin représente le décor marin où vivent les filles du Rhin, une fois que l'ouverture insolite achève sa présentation. Ce prélude décrit la naissance de l'univers jusqu'à l'arrivée du mal et de la lutte pour repousser le mal. Le silence obscur qui caractérise l'ouverture du prélude est inédit, audacieux et unique : c'est la source de la vie.

Et Wagner imposait à son auditoire quelques minutes de silence dans une salle obscurcie pour que chacun puisse arriver à percer le mal qui arrive par une note qui s'élève. A quel moment commence la musique ?

Cette étonnante entrée en matière amène la question suivante : au tout début, on était heureux, on n'avait pas de raison de ne pas l'être.

Puis progressivement, les notes perlent, les larmes coulent, le mal s'insinue et c'est le temps des luttes et des drames. Le tempo augmente progressivement tout au long du prélude qui note les effets de la nature.  Le prélude symbolise les eaux sombres et on sort du fleuve avec les premières notes produites par les ondines qui chantent leur vie dans le fleuve. Ce sont les accords de la vie qui monte en puissance.





Les filles du Rhin sont des nymphes qui présentent aussi les traits des sirènes de la mythologie grecque.

Elles rappellent l’image des trois grâces qui pour Wagner symbolisent la musique, la danse et le drame, unité à partir de trois éléments indissociables de l’opéra de Wagner.  Les trois filles du Rhin sont obscures alors que les trois Grâces sont lumineuses.





© Une mise en scène à Monte-Carlo est toujours accueillie avec intérêt.

Loge, le dieu du feu, propose aux géants le casque et l’anneau d’or à la place de Freia, la sœur de l’épouse de Wotan,  que réclament les géants. Wotan et Loge capturent le nain Alberich qui se venge en lançant une malédiction : quiconque portera l’anneau vivra dans la peur.

Effrayé, Wotan voyant les pouvoirs dévastateurs de l’anneau, invite les dieux à se retrancher dans leur Walhalla.

 «  La fin des dieux est proche » dit Erda, la déesse-mère  de la terre.

 Wotan et les dieux ont retrouvé leur jouvence éternelle et les filles du Rhin se lamentent car elles ont perdu leur or.


Le prologue fut joué dans de nombreuses villes, indépendamment de la trilogie. Revisitée et adaptée à l’époque actuelle, cette première partie a fait son voyage sur la planète mais petit à petit, le décor de société industrialisée a été abandonné au profit d’une interprétation plus traditionnelle.

L’or du Rhin a connu une certaine notoriété, est représentée avec vigueur, le message étant explicite : éviter les dangers de l’avidité, de la convoitise et de l’ambition démesurée qui peuvent conduire à la perte des valeurs humaines fondamentales qui sont celles de la concorde et de l’harmonie.  

A suivre

Ginette Flora

Mai 2025


2 comentários


viviane parseghian
07 de mai.

Force et puissance de tes mots, de la légende, de la musique ....Merci à toi ♥️

Curtir
Respondendo a

Super, Viviane ! J'adore quand je te vois aimer l'opéra, le grand, celui qui s'enracine aux fondements de la culture.

Curtir
bottom of page