Le chemin du bout du monde
- Ginette Flora Amouma
- 5 mars
- 4 min de lecture

On quitte Montpellier et on se dit qu’une randonnée dans les communes de l’aire des Gorges de l’Hérault et des garrigues serait une bonne occasion de se remplir les yeux de paysages vantés par les cartes postales.
Le village de St Guilhem de Désert se trouve sur notre chemin. Toute encerclée de végétation vert émeraude. Elle apparaît comme embrassant chaudement une piste qui monte jusqu’à un monastère autour duquel des maisons aux murs de calcaire blanc et aux toits ocre se pelotonnent.
Un peintre serait saisi.
Un dessinateur a déjà ses mains qui crayonnent des planches.
Le village semble se calfeutrer dans les pinèdes qui l’entourent. Il est construit en bandelettes autour de la bâtisse moyenâgeuse comme si plusieurs strates de vie circulaient autour de la seule rue qui sinue entre les pierres et les arches des ponts, balustrades rejoignant d’autres façades pour crocheter une arrière-cour enrichie en pinèdes.
Le village est ceinturé d’espaces protégés où faune et flore coulent une vie tranquille dans ce milieu préservé où glissent sans la moindre contrainte, ruisseaux et cours d’eau, rus en forme de larmes de pierres précieuses.
L’habitat est dispersé, les résidents pénétrés de la nature ambiante vivent de leur amour des pierres tandis que les randonneurs cherchent à percer leur secret.
St Guilhem de désert est enfoui dans la vallée de l’Hérault, dans la région des gorges et des avens, ces ravins qui trahissent la faille dans la tranquillité diffusée.
Le village porte toujours un gousset médiéval et son bliaud, c’est la vigne des roches, c’est le fou rire de la pie, c’est l’oxalis rouge qui ceint la bure de la garrigue.
Auprès des pins noirs et des murs du monastère, St Guilhem de désert est enlacé par les végétaux au vert prononcé qui veillent sur le cloître et ses moines en étendant une pelisse de feuillage chaleureux sur les villageois qui sont restés. Les Gorges de l’Hérault font partie d’une région protégée, c’est un massif calcaire sauvage conservé à l’état naturel. La pinède des pins de Salzmann, des pins noirs, est fortement surveillée car elle est de souche pure. Dans les airs glatissent les aigles, des couples survivants au temps qui enlève les derniers occupants.
L’intérêt de cet espace géologique est d’ordre animal et floral et par sa nature exempte d’infrastructures modernes. Il conserve une conformité aux habitudes de la vie originelle.
L’espace pourtant n’est pas exempt de défauts. C’est une zone à risques soumise à des inondations, des orages, des canicules et surtout de feux de forêt.
C’est une commune rurale qui compte quelques 245 habitants d’après le dernier recensement.
Le tourisme est une source d’activités non négligeables surtout pour ceux qui aiment l’aventure dans les grands espaces où coulent des bouillons d'eau étincelante de pureté. Nombreux sont les chemins qui serpentent dans la commune posée entre montagnes grottes et ravins. (avens). On y vit de la vigne des roches, un raisin natif du pays, une espèce particulière. C’est un raisin qui pousse sur des terres arides. Il a un goût de vent et de quiétude, âpre au silence macéré qui traduit fidèlement son attachement aux racines.
Les écrevisses des rivières le comprennent quand elles montrent leurs antennes.
La Via Tolosa est un jalon du chemin de Compostelle, une étape importante car les pèlerins viennent se recueillir dans l’abbaye et écouter l’histoire de St Guilhem de désert.
En 2012, le village est classé 2ème village préféré des français sur 21 autres villages en compétition. Le Val de Gellone est traversé par le ruisseau Verdus, ce qui fait de cet espace une lumineuse oasis.
L’histoire du village

© images croisieurope.com
Elle est fabuleuse ! Elle commence avec le monastère, l’abbaye qui en est la façade première.
Le comte Guillaume de Toulouse et duc d'Aquitaine, qui est aussi Général en chef des armées de Charlemagne, en 804, après de brillantes victoires militaires et de hauts faits d’armes, choisit de se retirer dans le vallon de Gellone où il fonde le monastère St Sauveur qui après plusieurs appellations devient l’abbaye de St Guilhem en 1066 et qui doit sa renommée par la conservation d’une relique, un morceau de la croix de Jésus, la vraie croix, sur laquelle Jésus a été crucifié.
Le comte décède en 812, il devient dans la mémoire publique un héros pour les générations suivantes. Le mot désert symbolise la quête spirituelle de Guilhem (Guillaume).
Sylvain Jullian, le dessinateur et Cédric Masson, le conteur, font revivre la légende du chevalier Guillaume dit le comte de Toulouse dans une fantastique bande dessinée :
"La pie de St Guilhem de désert" aux éditions Gami de Montpellier, 2024
"Historiquement, le village, tout au moins son brillant fondateur est un personnage extrêmement important. Il est général en chef des armées de Charlemagne, il va implanter en Septimanie les Guilhemides qui vont fonder Montpellier, il est duc de Toulouse…. Guillaume : en l’an 800, ce type c’est une star. Il est chanté dans toutes les cours d’Europe pendant 400 ans. C’est le cousin germain de Charlemagne auquel il va juste demander la vraie Croix du Christ, on le raconte dans la BD !",
résume, exalté, le Mourézien Cédric Masson.
C'est un héros légendaire qui inspira le cycle épique de Guillaume d'Orange. Chevalier, moine et ermite, l'histoire retient son parcours et son combat pour instaurer un idéal de la chrétienté par une vie passée auprès de la nature.
Le roi Platane
Saint Guilhem de Désert se distingue aussi par son platane, planté au centre du village. Il est vieux de 150 ans, il fait 20 m de haut et il est surnommé le Roi Platane pour tout ce qu’il représente depuis qu’il a été planté en 1855.

© artmajeur.com - Le roi platane -Peinture de Paola Grendene
Ginette Flora
Mars 2025
De beaux souvenirs merci
Je connais ce coin et le revisiter avec Toi, superbe moment ! Merci ❤️
Encore une belle découverte Ginette. Merci de parfaire notre savoir, avec toi nous parcourons bien des chemins et cela est un plaisir. Grand merci !