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Le chant de Mélisande

" Je t’offre la bague, tu auras ma couronne

En mon royaume, viens m’y assister. »

Par des mots suaves, il m’emprisonne

Je périssais, je l’ai su quand je t’ai vu

L’amer remords, je l’ai connu.


Pliée sur le balcon, j’ai penché mes cheveux

En longs feuillus désaccordés

Ils ont chuté jusqu’à tes doigts

J’ai tiré en vain sur les mèches rompues

T’aimer enfin, je l’ai voulu.


Rouge vermeil à l’orée du bois mort

La lyre retarde le temps des brumes.

De moi tu ne sais rien, de toi qu’en dit le vent ?

Une voix monte dans les corridors

Un bruit court dans les rameaux obscurs.


Ma bague torsadée, je ne l’ai pas vue tomber.

Il a cru perdre son nom, sa raison,

Il a besoin de chaînes, de collier.

Fuyons les murs, brisons les liens,

Dans la grotte des gnomes, je t’attendrai.


L’air fraîchit, je te donnerai les iris d’eau

Tu verras briller une autre alliance

Avant que la vision ne s’éloigne,

Tu m’apprendras, tu me diras qui je suis

Car moi je ne l’ai jamais su.


Entends-tu la fontaine qui chantonne

Où se mire mon visage étonné ?

Cherche où me conduisent les lignes de ma main.

D’où je viens tu m’en diras le secret

C’est dans l’herbe que vivent les genêts.


Le lit cousu d’or voudrait se souvenir

C’est l’aveu de ton corps que je trouverai

On ne m’en a jamais parlé.

J’ai suivi le courant, j’ai reçu ton appel

Ton cœur au bord de l’eau, je l’ai retenu.


De quoi ont-ils peur que je découvre ?

C’est toi seul que j’ai rencontré

Sans savoir que déjà tu me voyais.

Ni passé, ni blason, ni racines,

Je suivrai tes pas, j’entrerai avec toi.


Sur le sentier où s’ouvre ma mémoire,

Je lirai ta pensée sur les rochers.

Dans cette pénombre assourdie de soupirs

Je poursuivrai ce que j’ignore

La forêt murmure ton nom, Pelléas.


Poésies de l'évocation des oeuvres littéraires et artistiques

Ginette Flora

Mars 2029

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