Le chant de Mélisande
- Ginette Flora Amouma
- 4 mars 2019
- 2 min de lecture
" Je t’offre la bague, tu auras ma couronne
En mon royaume, viens m’y assister. »
Par des mots suaves, il m’emprisonne
Je périssais, je l’ai su quand je t’ai vu
L’amer remords, je l’ai connu.
Pliée sur le balcon, j’ai penché mes cheveux
En longs feuillus désaccordés
Ils ont chuté jusqu’à tes doigts
J’ai tiré en vain sur les mèches rompues
T’aimer enfin, je l’ai voulu.
Rouge vermeil à l’orée du bois mort
La lyre retarde le temps des brumes.
De moi tu ne sais rien, de toi qu’en dit le vent ?
Une voix monte dans les corridors
Un bruit court dans les rameaux obscurs.
Ma bague torsadée, je ne l’ai pas vue tomber.
Il a cru perdre son nom, sa raison,
Il a besoin de chaînes, de collier.
Fuyons les murs, brisons les liens,
Dans la grotte des gnomes, je t’attendrai.
L’air fraîchit, je te donnerai les iris d’eau
Tu verras briller une autre alliance
Avant que la vision ne s’éloigne,
Tu m’apprendras, tu me diras qui je suis
Car moi je ne l’ai jamais su.
Entends-tu la fontaine qui chantonne
Où se mire mon visage étonné ?
Cherche où me conduisent les lignes de ma main.
D’où je viens tu m’en diras le secret
C’est dans l’herbe que vivent les genêts.
Le lit cousu d’or voudrait se souvenir
C’est l’aveu de ton corps que je trouverai
On ne m’en a jamais parlé.
J’ai suivi le courant, j’ai reçu ton appel
Ton cœur au bord de l’eau, je l’ai retenu.
De quoi ont-ils peur que je découvre ?
C’est toi seul que j’ai rencontré
Sans savoir que déjà tu me voyais.
Ni passé, ni blason, ni racines,
Je suivrai tes pas, j’entrerai avec toi.
Sur le sentier où s’ouvre ma mémoire,
Je lirai ta pensée sur les rochers.
Dans cette pénombre assourdie de soupirs
Je poursuivrai ce que j’ignore
La forêt murmure ton nom, Pelléas.
Poésies de l'évocation des oeuvres littéraires et artistiques
Ginette Flora
Mars 2029
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