Le cantique de la douleur
- Ginette Flora Amouma
- 4 mars 2019
- 2 min de lecture
Je souffrais de te voir au milieu des dorures
Vivant auprès du cloaque des vanités
Je te suppliais de bannir les vains plaisirs
Loin des voluptés, courtisane des excès
Quels mots interdits ont-ils balafré ton front
T’es-tu trouvée ridée, blanchie et sans vernis
T’es-tu perdue dans la vision de ton visage
Qu’ils ont exposé sur les cloisons de la honte
N’avons-nous pas désespéré quand nous avons fui
Toi qui voulais comprendre l’appel du désert
Moi qui vivais dans l’espoir de te retrouver
Dans la poussière des tourments qui nous labouraient
Dans nos nuits de prières qui nous jugulaient
Pieds nus, tu implorais le dieu de mon monastère
Celui qui ne savait pas comment te satisfaire
Grisé d’un cri suraigu quand tu renonçais
Ai-je failli en t’adorant à mon insu
Le venin a-t-il coulé dans ma quiétude
Ai-je vécu de ne savoir quel mal me rongeait
Te dire la douleur d’aimer, la douleur qui dure
Quand on ne sait pas d’où vient ce métal fondu
Moi le moine défroqué affublé de loques
Quelle est cette douleur de te voir dans le néant
De te savoir prendre l’autre versant des dunes
Où ni dieu ni moi ne pouvons jamais t’atteindre
Moi qui vantais les chants d’un dieu tout puissant
T’ai-je parlé de la peur de l’homme qui aime
Moi qui t’invitais à repousser les outrances
T’ai-je dévoilé la peau qui tremble d’aimer
Moi qui te parlais d’un dieu de miséricorde
T’ai-je confié la folie de l’homme qui hurle
Que cherchais-tu chez ceux-là qui te couvraient d’or
Qui se damnaient pour un peu de ta joue flétrie
Quand j’ai sangloté de voir tes pieds ensanglantés
D’avoir marché dans les collines desséchées
Quand j’ai adjuré ma douleur de se livrer
Dans un corps dévasté de pieuses cicatrices
C’est ta moite langueur qui me lacérait
Comme des coups de poignard frappés sur mon dos
Ô Thaïs quand tu t’appuyais sur mon épaule
Sans tes joyaux sans tes jeux lascifs sans tes parures
Quand tu criais grâce et que j’étais foudroyé
De l’amour qui s’abandonne j’en devenais ivre
Quand tu soulevais le véritable calice
Où je veux boire éternellement ma soif de vivre
Poésies de l’évocation des œuvres littéraires et artistiques
Mars 2019
Ginette Flora
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