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Le cantique de la douleur

Je souffrais de te voir au milieu des dorures

Vivant auprès du cloaque des vanités

Je te suppliais de bannir les vains plaisirs

Loin des voluptés, courtisane des excès

 

Quels mots interdits ont-ils balafré ton front

 T’es-tu trouvée ridée, blanchie et sans vernis

 T’es-tu perdue dans la vision de ton visage

 Qu’ils ont exposé sur les cloisons de la honte

 

N’avons-nous pas désespéré quand nous avons fui

 Toi qui voulais comprendre l’appel du désert

 Moi qui vivais dans l’espoir de te retrouver

 Dans la poussière des tourments qui nous labouraient

 Dans nos nuits de prières qui nous jugulaient

 Pieds nus, tu implorais le dieu de mon monastère

 Celui qui ne savait pas comment te satisfaire

 

Grisé d’un cri suraigu quand tu renonçais

 Ai-je failli en t’adorant à mon insu

Le venin a-t-il coulé dans ma quiétude

 Ai-je vécu de ne savoir quel mal me rongeait

 

Te dire la douleur d’aimer, la douleur qui dure

 Quand on ne sait pas d’où vient ce métal fondu

 Moi le moine défroqué affublé de loques

 Quelle est cette douleur de te voir dans le néant

 De te savoir prendre l’autre versant des dunes

 Où ni dieu ni moi ne pouvons jamais t’atteindre

 

Moi qui vantais les chants d’un dieu tout puissant

 T’ai-je parlé de la peur de l’homme qui aime

 Moi qui t’invitais à repousser les outrances

 T’ai-je  dévoilé la peau qui tremble d’aimer

 

Moi qui te parlais d’un dieu de miséricorde

 T’ai-je confié la folie de l’homme qui hurle

 Que cherchais-tu chez ceux-là qui te couvraient d’or

 Qui se damnaient pour un peu de ta joue flétrie

 

Quand j’ai sangloté de voir tes pieds ensanglantés

 D’avoir marché dans les collines desséchées

 Quand j’ai adjuré ma douleur de se livrer

 Dans un corps dévasté de pieuses cicatrices

 C’est ta moite langueur qui me lacérait

 Comme des coups de poignard frappés sur mon dos

 

 Ô  Thaïs quand tu t’appuyais sur mon épaule

 Sans tes joyaux sans tes jeux lascifs sans tes parures

 Quand tu criais grâce et que j’étais foudroyé

 De l’amour qui s’abandonne j’en devenais ivre

 Quand tu soulevais le véritable calice

 Où je veux boire éternellement ma soif de vivre

 

Poésies de l’évocation des œuvres littéraires et artistiques

 Mars 2019

 Ginette Flora

 

 

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