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La page de Marcel Faure - Poésies Septembre 2025

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Un chagrin bavard

Pleure dans mon oreille

J’ai de l’épaule aussi

Où reposer ta tête

Et des bras grand ouverts

Pour recueillir ta peine

Je suis comme une éponge

Pour sécher tes larmes

 

**

 

Je suis une girouette

Qui tourne au gré des mots

Ma tête tourne

 

Coq de clocher

Je brille de tous mes cuivres

Pour une métaphore

 

J’ai la crête enflammée

Et le visage pâle

De rester enfermé

 

**

 

Torche verte

La forêt sous le feu

Rouge

Paume des arbres

Implorant la pluie

Fumées qui conspuent le ciel

De ses odeurs toxiques

 

Petits hommes qui courent

Armée minuscule

De pelles et de tuyaux

Remparts de chair

Camions d’eau

Qui avancent

Qui reculent

Qui avancent

Et gagnent la partie

 

Forêts noires

Fumerolles

Et l’eau toujours

Pour gorger les racines

Pour ruiner les récidives

Et le premier oiseau

Qui clame sa colère

Contre ce putain de mégot

 

**


Ainsi de l’aube qui m’interroge

Saurais-je dire les fleurs

Improbable moi-même

Avec mon lot d’idées reçues

 

Un vol d’oiseau balaie

Un reste de nuage

Pendant que j’échafaude

Des rêves de départ

 

J’invoque des bourrasques

Et les fleurs s’épellent

En pétales en pollen

Qui précèdent mes mots

 

J’implore ton indulgence

Aube qui m’interroge

Quand je bats la campagne

Mes pensées se déclosent

 

Ouvrir le temps qui passe

Sans me couper les ailes

Et goûter aux délices

D’une paix intérieure

 

**

 

Tempête de mots

Le poème ne détruit pas de maison

Mais construit des rêves

 

Cet ouragan traverse les sourds

Sans dommage pour leur santé

En espérant les guérir

 

La météo des mots

Qu’insufflent les poètes

Ébouriffe les sentiments

 

**

 

Brèves d’été

 

Grésillante de soleil

Ta peau éblouie

Frémit dans l’été

 

Silence d’or

Les blés balancent

Leurs épis mûrs

 

Fourmis de plage

Des enfants jouent

À la dinette

 

Châteaux provisoires

Princes et princesses

Cheveux au vent

 

Engrossé de bleu

Le ventre de la mer

Comme un écho du ciel

 

À l’ombre se partagent

Quelques secrets de plage

Menu fretin de mots

 

Tu attends les avances

De la vague tranquille

Pour te baigner les pieds

 

Mille scènes identiques

Déroulent leurs serviettes

Rumeurs d’un bel été

 

**

 

Ivre de rêves

La lune titube

Et se cache

Derrière un nuage

 

**

 

Horizon de neige

Collines muettes

L’aurore miniature

 

Coulée d’hiver

Sur un printemps précoce

 

La ferme si petite

Entre les mains du vent

 

Et toi si douce

Tes doigts de laine

Tricotent nos moutons

 

**

 

Drap tendu sous le soleil

Bleu ciel

Presque sec

Les nuages sont loin

 

Peintres du dimanche

À vos pinceaux

La mer a sorti ses bateaux

Voiles blanches

Qui grignotent l’azur

 

Cheveux au vent

Tulle léger

Les yeux perdus dans l’outremer

Elle pose elle s’expose

Elle pense à toutes les couleurs

Du marché aux fleurs

 

Épingles sur l’étendage

Quelques oiseaux bavardent

Le ciel vire au rose

Installe les draps du soir

Pour accueillir la nuit

 

**

 

Mes Marquises

 

Ni pour les fruits

Ni pour la mer

Je n’irai pas voguer

Chassant des iles vierges

Ni pour une sirène

Ni pour la nuit si pure

Je n’irai pas si loin

Abandonnant à Brel

De chanter les Marquises

 

Ma mer est verte

Et mes iles collines

S’échappent de la brume

Qui recouvre l’aurore

De mon pays si doux

Où passent des chemins

Aux senteurs chèvrefeuille

 

Ici le temps s’étire

A l’ombre des forêts

Bercé par une brise

Que fredonne le vent

 

Dans le soir silencieux

Je murmure ton prénom

Et c’est tes yeux qui frisent

En me prenant la main

Pour m’apprendre à danser

Dans l’ombre de l’été

 

La mer s’immobilise

Quelque part aux Marquises

Et rêve de bercer

Nos deux corps enlacés

 

**


En attendant l’apocalypse

 

Chaque jour l’avenir se révolte

Et mes pensées à fleur de lune

Pleurent le petit prince que j’étais

Le conte s’est retiré de moi

Mes illusions prennent l’eau

À chaque inondation

 

Mon assureur crie misère

Et ne veut plus de moi

Locataire provisoire

D’une planche pourrie

Je m’accroche aux chimères

Qui font de moi un sot

 

Au lieu de m’enfermer

On m’adule on me loue

Il me reste trois sous

Alors on me secoue

Mourir sera mot lot

Dans une coulée de boue

 

Homme désenchanté

Je chante l’hallali

Pour que les chiens s’attardent

Et se croient les plus forts

Et je hurle et je crie

Sous le ciel enragé

 

Parfois je me révolte

En triant mes poubelles

Dérisoire goutte d’eau

Au sein de l’incurie

La peur à fleur de peau

J’attends un incendie

 

**

 

Arbres de chair et d’os

 

Les pieds dans la terre

La tête dans les nuages

Ainsi sont les arbres

Ou les poètes

 

Quand le vent les grignote

À l’automne des ans

Leurs pensées s’effilochent

Les poètes conversent

Avec les oiseaux

 

Et puis s’en vont les feuilles

Mais l’humus des mots

Fertilise peut-être

Un tout nouveau Prévert

Ou un futur Rimbaud

 

Nul besoin pour ça

D’être un auteur Pléiade

Juste une terre en friche

Où tout peut s’exprimer

Écrire est un espace

Empreint de liberté

 

Écris écris écris

Sans jamais te lasser

Remplis plus qu’il ne faut

Ta corbeille à papier

Les arbres ne comptent pas

Le nombre de leurs feuilles

Homme de chair et d’os

Produit ta chlorophylle

Un poème aérien

Où nichent les pensées

 

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Marcel Faure

Octobre 2025

 

2 commentaires


Elisabeth
12 oct.

Comme tous les mois une hotte de belles images.

Mon préféré (il y en a souvent un) celui sur les feux de forêts (une vraie souffrance, un vrai questionnement.

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Modifié
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viviane parseghian
10 oct.

Mais comment ne pas aimer ? Magie de Marcel ... Merciiii !❤️

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