La page de Marcel Faure - Poésies Septembre 2025
- Ginette Flora Amouma

- 9 oct.
- 4 min de lecture

Un chagrin bavard
Pleure dans mon oreille
J’ai de l’épaule aussi
Où reposer ta tête
Et des bras grand ouverts
Pour recueillir ta peine
Je suis comme une éponge
Pour sécher tes larmes
**
Je suis une girouette
Qui tourne au gré des mots
Ma tête tourne
Coq de clocher
Je brille de tous mes cuivres
Pour une métaphore
J’ai la crête enflammée
Et le visage pâle
De rester enfermé
**
Torche verte
La forêt sous le feu
Rouge
Paume des arbres
Implorant la pluie
Fumées qui conspuent le ciel
De ses odeurs toxiques
Petits hommes qui courent
Armée minuscule
De pelles et de tuyaux
Remparts de chair
Camions d’eau
Qui avancent
Qui reculent
Qui avancent
Et gagnent la partie
Forêts noires
Fumerolles
Et l’eau toujours
Pour gorger les racines
Pour ruiner les récidives
Et le premier oiseau
Qui clame sa colère
Contre ce putain de mégot
**
Ainsi de l’aube qui m’interroge
Saurais-je dire les fleurs
Improbable moi-même
Avec mon lot d’idées reçues
Un vol d’oiseau balaie
Un reste de nuage
Pendant que j’échafaude
Des rêves de départ
J’invoque des bourrasques
Et les fleurs s’épellent
En pétales en pollen
Qui précèdent mes mots
J’implore ton indulgence
Aube qui m’interroge
Quand je bats la campagne
Mes pensées se déclosent
Ouvrir le temps qui passe
Sans me couper les ailes
Et goûter aux délices
D’une paix intérieure
**
Tempête de mots
Le poème ne détruit pas de maison
Mais construit des rêves
Cet ouragan traverse les sourds
Sans dommage pour leur santé
En espérant les guérir
La météo des mots
Qu’insufflent les poètes
Ébouriffe les sentiments
**
Brèves d’été
Grésillante de soleil
Ta peau éblouie
Frémit dans l’été
Silence d’or
Les blés balancent
Leurs épis mûrs
Fourmis de plage
Des enfants jouent
À la dinette
Châteaux provisoires
Princes et princesses
Cheveux au vent
Engrossé de bleu
Le ventre de la mer
Comme un écho du ciel
À l’ombre se partagent
Quelques secrets de plage
Menu fretin de mots
Tu attends les avances
De la vague tranquille
Pour te baigner les pieds
Mille scènes identiques
Déroulent leurs serviettes
Rumeurs d’un bel été
**
Ivre de rêves
La lune titube
Et se cache
Derrière un nuage
**
Horizon de neige
Collines muettes
L’aurore miniature
Coulée d’hiver
Sur un printemps précoce
La ferme si petite
Entre les mains du vent
Et toi si douce
Tes doigts de laine
Tricotent nos moutons
**
Drap tendu sous le soleil
Bleu ciel
Presque sec
Les nuages sont loin
Peintres du dimanche
À vos pinceaux
La mer a sorti ses bateaux
Voiles blanches
Qui grignotent l’azur
Cheveux au vent
Tulle léger
Les yeux perdus dans l’outremer
Elle pose elle s’expose
Elle pense à toutes les couleurs
Du marché aux fleurs
Épingles sur l’étendage
Quelques oiseaux bavardent
Le ciel vire au rose
Installe les draps du soir
Pour accueillir la nuit
**
Mes Marquises
Ni pour les fruits
Ni pour la mer
Je n’irai pas voguer
Chassant des iles vierges
Ni pour une sirène
Ni pour la nuit si pure
Je n’irai pas si loin
Abandonnant à Brel
De chanter les Marquises
Ma mer est verte
Et mes iles collines
S’échappent de la brume
Qui recouvre l’aurore
De mon pays si doux
Où passent des chemins
Aux senteurs chèvrefeuille
Ici le temps s’étire
A l’ombre des forêts
Bercé par une brise
Que fredonne le vent
Dans le soir silencieux
Je murmure ton prénom
Et c’est tes yeux qui frisent
En me prenant la main
Pour m’apprendre à danser
Dans l’ombre de l’été
La mer s’immobilise
Quelque part aux Marquises
Et rêve de bercer
Nos deux corps enlacés
**
En attendant l’apocalypse
Chaque jour l’avenir se révolte
Et mes pensées à fleur de lune
Pleurent le petit prince que j’étais
Le conte s’est retiré de moi
Mes illusions prennent l’eau
À chaque inondation
Mon assureur crie misère
Et ne veut plus de moi
Locataire provisoire
D’une planche pourrie
Je m’accroche aux chimères
Qui font de moi un sot
Au lieu de m’enfermer
On m’adule on me loue
Il me reste trois sous
Alors on me secoue
Mourir sera mot lot
Dans une coulée de boue
Homme désenchanté
Je chante l’hallali
Pour que les chiens s’attardent
Et se croient les plus forts
Et je hurle et je crie
Sous le ciel enragé
Parfois je me révolte
En triant mes poubelles
Dérisoire goutte d’eau
Au sein de l’incurie
La peur à fleur de peau
J’attends un incendie
**
Arbres de chair et d’os
Les pieds dans la terre
La tête dans les nuages
Ainsi sont les arbres
Ou les poètes
Quand le vent les grignote
À l’automne des ans
Leurs pensées s’effilochent
Les poètes conversent
Avec les oiseaux
Et puis s’en vont les feuilles
Mais l’humus des mots
Fertilise peut-être
Un tout nouveau Prévert
Ou un futur Rimbaud
Nul besoin pour ça
D’être un auteur Pléiade
Juste une terre en friche
Où tout peut s’exprimer
Écrire est un espace
Empreint de liberté
Écris écris écris
Sans jamais te lasser
Remplis plus qu’il ne faut
Ta corbeille à papier
Les arbres ne comptent pas
Le nombre de leurs feuilles
Homme de chair et d’os
Produit ta chlorophylle
Un poème aérien
Où nichent les pensées

Marcel Faure
Octobre 2025




Comme tous les mois une hotte de belles images.
Mon préféré (il y en a souvent un) celui sur les feux de forêts (une vraie souffrance, un vrai questionnement.
Mais comment ne pas aimer ? Magie de Marcel ... Merciiii !❤️