La page de Marcel Faure, Juillet 2023 Extrait 3

Lecteur paysan

Les andains du regard

Fauchent un poème d'herbes

Toiture à coque renversée

La grange a des odeurs marines

Où s'empilent les mots

Et le ciel qui défile

Du bleu du gris du blanc

S'accroche à l'aurore

Pour fondre un rose tendre

Des bœufs dévalent le chemin

Leur charretée d'azur

Bien arrimée au joug

La rosée de tes yeux

Pour toute récompense

Le poète est heureux

**

Rivage de la nuit

En creux sur l'oreiller

Ton visage

C'est l'heure de l'abandon

Aux souffles souterrains

Impossible de fuir

Dans le flux continu

Trouver sa route

Sans se dérober

Murmure de tes lèvres

À qui parles-tu

Pour te sauver

**

Un vent silex

Musclé façon camionneur

Prend ses quartiers

Et la mer se révolte

Voudrait partir ailleurs

Se cacher dans les terres

L'horizon de collines

Fait le dos rond

Des arbres papillons

Battent des branches

On ne sait rien des toits

Au bout de sa colère

Emporté par la pluie

Le vent casse son rythme

La mer ramasse une falaise

Les arbres perdent leurs ailes

Et chutent brutalement

**

Rue piétonne

La chaussée sans coutures

Offre ses petits commerces

Aux chalands de passage

Sous le dos des arcades

**

Tendresse de tes mains

Taille douce et précise

Sourire de pierre

Dans le mur à venir

Leur place au soleil

Grappillant la chaleur

Lézard en bandoulière

Sous l'envol de l'été

Un rien effarouché

Ce regard éternel

Quand tu seras parti

Dira l'amour des pierres

Par ce visage sculpté

Des hommes Cathédrales

Tu seras compagnon

**

Les arbres du bosquet

Serrés les uns contre les autres

Surveillent la tronçonneuse

Quelques moignons sans vie

Terminent sur le sol

Résonnant de soleil

Les arbres s'étirent et soufflent

La coupe de printemps

Fait chanter les feuilles

Et leur ombre nouvelle

Protègera le champ

Des ferveurs de l'été

**

Juillet 2023

Extrait 3