La page de Marcel Faure - Janvier 2025
- Ginette Flora Amouma

- 8 févr.
- 4 min de lecture

Enfants de l’avenir
Aux enfants,
À ceux de Palestine et d’Israël,
À tous les autres.
Enfants de l’avenir
Oubliez-nous
Nous suons les massacres
Tantôt bourreaux
Tantôt victimes
Notre butin de morts
Mérite table rase
Dans la matière des rêves
Forgez vos certitudes
Gardez votre innocence
Soyez poètes
Soyez poètes
Avec vos mains
Avec vos cœurs
Mais surtout surtout
N’écrivez rien
Pour que dans le futur
Aucun dieu ne renaisse
Et que seul le vent
Colporte vos histoires
Aux quatre coins du globe
Vous les enfants
Vous êtes l’avenir
N’oubliez pas
**
S et M
Dans les nuages
Bouts d’enfants
Leurs reflets dans l’eau
Morceaux de bleu
Que je câline
À même la peau
Est-ce vous mes fils
Si tard venus
Dans la lumière du barrage
Vos lignes si rieuses
Les poissons ne craignent rien
Et vos vies qui ricochent
Nous attendions
Vous êtes arrivés
Quel bonheur
La maison toute chaude
De vos tendres chahuts
Brode nos souvenirs
Vos têtes brunes ou presque
Collines ébouriffées
Ont toujours été là
**
Vague des toits
Aux ordres de la lune
Qui règle la marée
Un pas de plus
Et la rive des prés
Se baigne de rosée
**
L'eau
Liant toute vie
D'un même sort
L'eau
Goutte
Flaque
Ru
Rivière
Océan
À touche touche
Avec la vie
L'eau
La mer
La mère
**
Gardien des matins clairs
Ta montre solaire
Qui éclaire l'horizon
L'aube qui revient toujours
Un palais de rosée
Me tire de la nuit
Et je t'entends gardien
Faire sonner les oiseaux
Debout bonhomme
Et tes mots qui bourdonnent
Ont besoin de nature
Va butiner des fleurs
Et si l'amour te croise
Tu sauras le saisir
Sous l'œil bienveillant
Du matin qui s'étire
**
Quelle est la langue maternelle
De l'enfant sans maman
Sa voix tâtonnante
Sur des mots de rocaille
Comment apprivoiser le monde
Ou son voisin de palier
Sans la douceur de l'enfance
Le cri forme sa gorge
Et des mots arrachés
Se transforment en orage
Un jour il sera bombe
Pourquoi s'en étonner
Parfois la nuit
Sous l'oreiller
Je lui glisse une histoire
Avec des tendresses
Et autant de caresses
Pour qu'il pousse sans haine
Est-ce trop demander
**
Nuit de chèvrefeuille
Des odeurs se baladent
Dans l'air dense
La lune est faste
Sous le friselis des étoiles
La nuit réveille les sens
Sonnailles sur le sentier
Un promeneur nocturne
Profite de l'été
**
Arbre debout
Que l'hiver fige
Statue de bois
Réfugié dans ses racines
Dur au gel
Il attend
Les jours meilleurs
Comme le temps des cerises
Toujours reviennent
**
Tu n'aimes pas le cercle
Il a quelque chose d'une citadelle
Espace finit dans un monde infini
Enfermé à l'intérieur
Dans cet espace clos
L'étranger devient menaçant
La peur pour compagne
On pourrait croire encore
La terre presque plate
Non décidemment
Cette forteresse parfaite
N'est pas pour toi
Circulez les giratoires
La barbe les hémicycles
Au diable les arènes
Et vive les angles ouverts
Sauf les obtus qui s'obstinent
À vouloir tourner en rond
**
Soupçon d'automne
Mélancolie des heures
Rattrapées par la nuit
**
Pas de repos pour la mémoire
Toujours à accumuler
Comme pour les arbres
Le tronc
Est-ce ainsi que l'on compte les ans
Au volume des souvenirs
Dans le silence se pèse aussi
D'autres mots
D'autres visages
Le ciel bleu dans le soleil couchant
Avant d'avoir tout vu
Avant d'avoir tout entendu
Le murmure du vent dans la plaine
Une sorte d'hommage
Qu'il faudrait rendre à la terre
Qu'il faudrait partager
Et l'on sait bien
Que jamais non jamais
L'inventaire ne sera complet
Jamais notre tâche ne sera terminée
Alors elle se hâte la mémoire
**
Prendre rendez-vous avec le ciel
Et programmer de douces promenades
Sans rien dire effleurer ton épaule
Pour un menu butin de tendresse
Soumise à tes pas hésitants
L'escorte d'un vol de sauterelles
J'appellerai un brin de mimosa
Qui viendra fleurir ton oreille
C'est un rêve et pourtant cette route
Comble ce jour le soleil rentre par la fenêtre
**
Tu dors
Rêve ma douce
Confie à l'oreiller
Le bleu de tes espoirs
Diras-tu
Les arbres et les plantes
La symphonie des verts
Et les océans bleus
Appelleras-tu
La caresse des mains
Qui renverse tes sens
Jusqu'à te faire couler
Ou alors
Le patient goutte à goutte
De l'eau qui se fait vie
Par sa simple présence
Non ne dis rien
Je t'abandonne aux étoiles
Aux oiseaux migrateurs
Aux mystères de la nuit
Écoute
Ce pouls qui bat pour toi
À l'orée de ta peau
Et s'endort à son tour
Marcel Faure





Marcel ... mais c'est que de la lumière à lire ! magnifique ...❤️