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La page de Marcel Faure - Janvier 2025


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Enfants de l’avenir

 

            Aux enfants,

                        À ceux de Palestine et d’Israël,

                                    À tous les autres.

 

Enfants de l’avenir

Oubliez-nous

Nous suons les massacres

 

Tantôt bourreaux

Tantôt victimes

Notre butin de morts

Mérite table rase

 

Dans la matière des rêves

Forgez vos certitudes

Gardez votre innocence

Soyez poètes

 

Soyez poètes

Avec vos mains

Avec vos cœurs

 

Mais surtout surtout

N’écrivez rien

Pour que dans le futur

Aucun dieu ne renaisse

Et que seul le vent

Colporte vos histoires

Aux quatre coins du globe

 

Vous les enfants

Vous êtes l’avenir

N’oubliez pas

 

**

  

S et M

 

Dans les nuages

Bouts d’enfants

Leurs reflets dans l’eau

 

Morceaux de bleu

Que je câline

À même la peau

 

Est-ce vous mes fils

Si tard venus

Dans la lumière du barrage

 

Vos lignes si rieuses

Les poissons ne craignent rien

Et vos vies qui ricochent

 

Nous attendions

Vous êtes arrivés

Quel bonheur

 

La maison toute chaude

De vos tendres chahuts

Brode nos souvenirs

 

Vos têtes brunes ou presque

Collines ébouriffées

Ont toujours été là

 

**

 

Vague des toits

Aux ordres de la lune

Qui règle la marée

 

Un pas de plus

Et la rive des prés

Se baigne de rosée

 

**

 

L'eau

Liant toute vie

D'un même sort

 

L'eau

Goutte

Flaque

Ru

Rivière

Océan

À touche touche

Avec la vie

 

L'eau

La mer

La mère

 

**

 

Gardien des matins clairs

Ta montre solaire

Qui éclaire l'horizon

L'aube qui revient toujours

 

Un palais de rosée

Me tire de la nuit

Et je t'entends gardien

Faire sonner les oiseaux

 

Debout bonhomme

Et tes mots qui bourdonnent

Ont besoin de nature

Va butiner des fleurs

 

Et si l'amour te croise

Tu sauras le saisir

Sous l'œil bienveillant

Du matin qui s'étire

 

**

  

Quelle est la langue maternelle

De l'enfant sans maman

 

Sa voix tâtonnante

Sur des mots de rocaille

 

Comment apprivoiser le monde

Ou son voisin de palier

Sans la douceur de l'enfance

 

Le cri forme sa gorge

Et des mots arrachés

Se transforment en orage

Un jour il sera bombe

Pourquoi s'en étonner

 

Parfois la nuit

Sous l'oreiller

Je lui glisse une histoire

Avec des tendresses

Et autant de caresses

Pour qu'il pousse sans haine

Est-ce trop demander

 

**

 

Nuit de chèvrefeuille

Des odeurs se baladent

Dans l'air dense

 

La lune est faste

Sous le friselis des étoiles

La nuit réveille les sens

 

Sonnailles sur le sentier

Un promeneur nocturne

Profite de l'été

 

**

 

Arbre debout

Que l'hiver fige

Statue de bois

 

Réfugié dans ses racines

Dur au gel

Il attend

 

Les jours meilleurs

Comme le temps des cerises

Toujours reviennent

 

**

 

Tu n'aimes pas le cercle

Il a quelque chose d'une citadelle

Espace finit dans un monde infini

 

Enfermé à l'intérieur

Dans cet espace clos

L'étranger devient menaçant

 

La peur pour compagne

On pourrait croire encore

La terre presque plate

 

Non décidemment

Cette forteresse parfaite

N'est pas pour toi

 

Circulez les giratoires

La barbe les hémicycles

Au diable les arènes

 

Et vive les angles ouverts

Sauf les obtus qui s'obstinent

À vouloir tourner en rond

 

**

 

Soupçon d'automne

Mélancolie des heures

Rattrapées par la nuit

 

**

 

Pas de repos pour la mémoire

Toujours à accumuler

Comme pour les arbres

Le tronc

 

Est-ce ainsi que l'on compte les ans

Au volume des souvenirs

 

Dans le silence se pèse aussi

D'autres mots

D'autres visages

 

Le ciel bleu dans le soleil couchant

Avant d'avoir tout vu

Avant d'avoir tout entendu

Le murmure du vent dans la plaine

 

Une sorte d'hommage

Qu'il faudrait rendre à la terre

Qu'il faudrait partager

 

Et l'on sait bien

Que jamais non jamais

L'inventaire ne sera complet

Jamais notre tâche ne sera terminée

 

Alors elle se hâte la mémoire

 

**

 

Prendre rendez-vous avec le ciel

Et programmer de douces promenades

 

Sans rien dire effleurer ton épaule

Pour un menu butin de tendresse

 

Soumise à tes pas hésitants

L'escorte d'un vol de sauterelles

 

J'appellerai un brin de mimosa

Qui viendra fleurir ton oreille

 

C'est un rêve et pourtant cette route

Comble ce jour le soleil rentre par la fenêtre

 

**

 

Tu dors

Rêve ma douce

Confie à l'oreiller

Le bleu de tes espoirs

 

Diras-tu

Les arbres et les plantes

La symphonie des verts

Et les océans bleus

 

Appelleras-tu

La caresse des mains

Qui renverse tes sens

Jusqu'à te faire couler

 

Ou alors

Le patient goutte à goutte

De l'eau qui se fait vie

Par sa simple présence

 

Non ne dis rien

Je t'abandonne aux étoiles

Aux oiseaux migrateurs

Aux mystères de la nuit

 

Écoute

Ce pouls qui bat pour toi

À l'orée de ta peau

Et s'endort à son tour

 

Marcel Faure

ree

 

 

1 commentaire


viviane parseghian
10 févr.

Marcel ... mais c'est que de la lumière à lire ! magnifique ...❤️

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