Joseph Inguimberty , artiste peintre
- Ginette Flora Amouma
- 15 août 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 janv.
C'est un peintre français né à Marseille, en 1896 et mort à Menton en Octobre 1971.
De l'Ecole supérieure des Beaux-Arts de Marseille à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, il se trouve une voie dans la peinture et noue des amitiés solides comme avec les peintres Alphonse Moutte, Eugène Morand, Maurice Brianchon et quelques autres ...
Ses premières expositions le font connaître, il remporte des prix dont un "prix voyage".
De ses voyages, en Hollande, en Belgique et au Vietnam, il acquiert un sens aigu du motif, l'objet ou la personne, présence qui révèle un passage vers une intériorité réfléchie. Une humanité se détache de ses peintures. Il peint le labeur humain, les scènes de la vie rurale, les paysages vastes qu'un objet isolé ou un geste fait basculer dans une vie intemporelle.
Le voyage au Viêt-Nam où il passe une vingtaine d'années est celui qui fait de lui un homme aux deux sensibilités qu'il essaiera toute sa vie de fusionner.

Le peintre du Viêt-Nam
Il est nommé à Hanoï, au Nord-Vietnam en tant que professeur des Arts décoratifs dans la toute nouvelle Ecole des Beaux Arts du Viêt-Nam, fondé par le peintre français Victor Tardieu.
Il enseigne la peinture à l'huile, la perspective, il découvre le travail de la laque, il rassemble autour de lui un cercle de jeunes élèves formés de manière stricte aux codes traditionnels de la peinture. Il les fait sortir de leurs habits de cour pour les emmener voir les prodigieuses beautés de la nature, la lumière et les couleurs qu'on pouvait révéler. Il parle de la couleur verte, de la couleur ocre, teintes nommées "vietnamiennes " tant il œuvre pour les présenter sur ses tableaux où il peint des postures humaines qui restent dans la mémoire : femmes portant des palanches, paysans et buffles, rizières où repiquer le riz laisse une trace indélébile.
Un de ses élèves Lê Pho, ne cessera de parler de lui en termes respectueux, reconnaissant en lui son maître spirituel. En cela, Inguimberty a joué un rôle pionnier dans l'émergence d'une école et d'un art nationaux au Viêt-Nam du Nord.
Lê Pho deviendra un des peintres vietnamiens les plus renommés. Un critique dit que Tardieu et Inguimberty ont été à l'origine de l'éclosion de la peinture vietnamienne et en ont été les pères fondateurs.


Scènes de la vie rurale dans les rizières


Femmes avec leurs palanches
Femmes en costume traditionnel, le "Ao dai"
Le peintre des calanques de Marseille
De retour en France, il s'établit à Menton en 1946. Il commence la série des paysages de Provence. Les calanques de Marseille, les Alpilles, l'arrière-pays provençal sont un parallèle aux rizières du Vietnam, aux baies et aux jonques, aux scènes de la vie dans les campagnes.
L'influence du Viêt-Nam et de l'Asie sur les paysages provençaux reste comme une délicatesse indéfinissable qu'il semble garder de sa vie passée à Hanoï. Il ne se détourne pas des techniques approfondies sur le sol asiatique et leur influence est palpable sur les paysages provençaux. Il peint des scènes de vie, la montée des mulets, les métiers dans les ports, les arbres et la descente du ciel au loin avec un point fixé au point de chute de l'horizon comme pour rappeler qu'il n'y a pas de frontières. Il y a le même souci du regard posé sur l'humain.
Il est marqué par ses deux vies, ses deux expériences humaines.
L'influence impressionniste donne à chaque peinture le souci d'apporter une pensée et de la laisser diriger une émotion.
Le repiquage du riz, c'est aussi lent que la montée des ânes sur le sentier emprunté par les pêcheurs.
Il peint parce qu'il aime peindre et qu'à travers la peinture, il se livre tel un pénitent dans le confessionnal de l'eau douce des calanques.
Il a été assimilé aux peintres de voyageurs. Mais si Inguimberty est le peintre de l'Indochine, il n'en est pas moins avant tout l'enfant de son pays provençal.
Il a toujours voulu peindre sur le motif avec son chevalet planté dans la nature.
Les champs de lavande, les champs de blé pour lui ont la même force nourricière que les rizières.
Une cendre dans le lointain perfore le ciel, élève un sentiment de l'au-delà qui fait abstraction de l'espace et du temps.
Son art est celui qui surmonte les frontières et il peint ce qu'il a vécu.
Il est peu connu, ne cherche pas à se faire une place dans le genre pictural tant il est pénétré de son art et de l'intériorité qu'il occupe.
Le musée "Regards de Provence", en 2017, a exposé ses oeuvres sur le thème du regard croisé entre la Provence et l'Indochine.


La Calanque de Sormiou



Paysages de la Provence et le sentier des ânes et des mulets.
Champs de lavande

On pense à la poésie de Marie de Sormiou qui rejoint celle de Joseph Inguimberty.
Tous deux, lui dans sa peinture, elle dans ses vers, contemplent d'une âme émerveillée les chaudes couleurs de la Provence.
"J'ai même sang que vos ramures
Vous me portâtes dans vos flancs
Sylvains aux souples chevelures
Pins qui chantez sur les rocs blancs
Les vieux chênes sont mes ancêtres
Leurs troncs renferment mon passé
J'y vois dormir d'agrestes êtres
Dont, branche neuve, j'ai poussé."
...
(Marie de Sormiou, femme de lettres )
Août 2023
Ginette Flora
J'ai adoré ...et j'ai appris aussi .... et c'est trop bien !❤️
Deux mondes différents qui communiquent pourtant par la sérénité de ces couleurs que j'aime infiniment...
Décidément, Ginette, tu vas bientôt connaitre le sud (de la France), ses paysages et ses artistes, bien mieux que les autochtones ! Et nous en profitons largement, merci.
Sormiou ! Encore et toujours ! Bien trouvé, Ginette, cet enchaînement ! Je trouve les verts du sentier des ânes plus vietnamiens que provençaux mais chacun voit les couleurs différemment...
Merci Ginette !