Et l'eau coule, coule

J'ai le geste d'après à conduire

La galette de riz a brûlé ce matin

Le café noir incompris n'était pas comme il faut

Ni assez sucré ni assez chaud

Je l'ai valsé je l'ai brassé

De haut en bas de bas en haut

D'une tasse à l'autre les mêmes

Mes mains savent et le café

A suivi son cours moussonné

Comme l'eau qui coule, coule

Si bonne, si douce, si musicale

Il faudrait changer les heures, revoir le jour

Et mon bébé que j'ai laissé à la voisine

Qui ne sait pas se rappeler mes consignes

Et l'eau coule, coule

Mon visage est flou dans le miroir des flots

Les cruches se remplissent de mes songes

De l'eau renversée j'en accueille quelques gouttes

Le réservoir est si profond que ma vie s'y engloutit

Sans filtre sans autre matin que la survie

Et l'eau coule, coule

Je crois voir dans les plis de mon pagne

Comme dans les remous de l'eau absorbée

Le dessin que je ne cesse d'achever

Mille fois repeint et gommé

De l'eau qui coule, coule

© crédit photos Lexica-art

Ginette Flora

Janvier 2025