En passant par l'Oural
- Ginette Flora Amouma
- il y a 3 jours
- 3 min de lecture
On croit avoir trouvé le flanc qui intervient
La longue marche pour glaner si peu d’avance
Les montagnes ne sont qu’une ligne au lointain
Les pas dans la steppe se livrent en silence
Faut-il être loup gris ou cerf pour s’y complaire
Les roseaux succombent mais les trèfles existent
Le blé a trouvé place sur la plaine amère
Vaillantes par temps tenace les fleurs résistent
Est-ce cela l’infini ? De quoi se meuble le silence dans l’immensité ? Helen Mount, née en 1990 à Kiev, en Ukraine, s’en couvre et le recouvre de couleurs et de lumière. Pour elle, la steppe n’est jamais déserte ni immobile.
Le moindre brin d’herbe trouve à se loger dans le tableau. L’espace est un élément que son pinceau ne pourra jamais prendre dans son entièreté.
L’absence a des limites et rejoint l’absence de silence dans la conscience.
Helen Mount nous dit que nous sommes chargés d’un espace si encombré qu’en contemplant une nature si peu faconde, elle nous invite à le visiter, à s’en approprier la vacuité. Là, il y a de la place pour entendre s’écouler l’aube sur les cimaises de l’Oural.
Le temps s’épuise sur les blocs de pierre, dans les vagues de nuages et murmure :
Tiens-moi ! Hold me

Combien d’abandon portent les monts balafrés
Combien de strates secouées par les ans
Le géant des steppes revient s’enraciner
Lis endurant lis exigeant doré de fermeté
Il surgit dans les herbes dévorées d’armoise
Tiens-moi entre les lueurs rouges des matins
Du vermillon au cuivre c’est un fier regain
Tiens-moi quand il faut nourrir la terre solitaire
Un sentier se courbe, le pinceau d’Helen le fait passer dans les monts jusqu’à l’endroit où dansent les nuages vers le Wayhome, le "Je reviendrai"

Chaque tableau d’Helen est une méditation sur l’espace et l’ouverture vers un ailleurs ardemment recherché avec la peinture acrylique. L’artiste recueille la métamorphose des éléments comme soumis à une alchimie par l’action du passage des nuages sur les cimes, par l’aube qui voit poindre par delà les contreforts de l’interminable chaîne des montagnes bleuis de ciel, un ailleurs magnifié.
L’aube/ Dawn on Kukulbei

Faut-il séparer les terres sans pour autant faire croire qu’on pose des frontières ? Il y a une piste sinueuse qui mène à l’ultime résidence, la demeure qui attend que le pinceau ait traversé les déserts de l’Oural froid aux steppes arides pour atteindre l’Oural aux contreforts plus généreux couverts d’iris et de tulipes, dans cet endroit où les chevaux hennissent en paix.
Les tableaux d’Helen Mount ne dessinent pas les personnages ni même les animaux. Ils retiennent les différents tissus qui donnent vie à ce paysage qui paraît dénudé et semble ne procurer aucune joie. C’est un seul vibrato modulé de diverses manières chaque fois qu’un intrus vient le capturer.
Parfois, le sol est détrempé. Le tableau après la pluie, il ne faut pas s'attendre à la montée du rance petrichor mais à l’impression flasque de la boue visqueuse, signe d’un sol malmené par les inimitiés.

Steppe de Donetsk – boue et sols
Helen Mount fait parler la nature, invite à la méditation. Egalement diplômée de médecine, elle insère le thème de la transformation dans sa vision du monde d’où cette levée de tableaux ne montrant que la nature dans ses épanchements.
Steppe - herbacées et graminées

C’est une artiste peintre ukrainienne de la nouvelle génération qui exprime par le vecteur de l’art pictural le doute, l’effroi mais aussi l’espoir, le rêve de paix pour le genre humain.
© images artsper Serie steppe de Helen Mount
Dans les steppes de l’Asie Centrale ( Alexandre Borodine)
Ginette Flora
Juillet 2025
magnifique voyage , Ginette .. j'ai adoré ...
Il surgit dans les herbes dévorées d’armoise
Tiens-moi entre les lueurs rouges des matins
Du vermillon au cuivre c’est un fier regain
Tiens-moi quand il faut nourrir la terre solitaire
❤️