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En passant par l'Oural


On croit avoir trouvé le flanc qui  intervient

La longue marche  pour glaner si peu d’avance  

Les montagnes ne sont qu’une ligne au lointain  

Les pas  dans la steppe se livrent en  silence

 

Faut-il être loup gris ou cerf pour s’y complaire

Les roseaux succombent mais les trèfles existent

Le blé a trouvé place sur la plaine amère

Vaillantes par  temps tenace les fleurs résistent

 

Est-ce  cela l’infini ? De quoi se meuble le silence dans l’immensité ? Helen Mount, née en 1990 à Kiev, en Ukraine,  s’en couvre et le recouvre de couleurs et de lumière. Pour elle, la steppe n’est jamais déserte ni immobile.

Le moindre brin d’herbe trouve à se loger dans le tableau. L’espace est un élément que son pinceau ne pourra jamais prendre dans son entièreté.

L’absence a des limites et rejoint l’absence de silence dans la conscience.

Helen Mount nous dit que nous sommes chargés d’un espace si encombré qu’en contemplant une nature si peu faconde, elle nous invite à le visiter, à s’en approprier la vacuité. Là, il y a  de la place pour entendre s’écouler l’aube sur les cimaises de l’Oural.

Le temps s’épuise sur les blocs de pierre, dans les vagues de nuages et murmure :


Tiens-moi ! Hold me



Combien d’abandon portent les monts balafrés

Combien de strates secouées par les ans

Le  géant des steppes revient s’enraciner

Lis endurant lis exigeant doré de fermeté

 

Il surgit dans les herbes dévorées d’armoise

Tiens-moi entre les lueurs rouges des matins

 Du vermillon au cuivre c’est un fier regain

 Tiens-moi quand il faut nourrir la terre solitaire

 


Un sentier  se courbe, le pinceau d’Helen le fait passer dans les monts jusqu’à l’endroit où dansent les nuages vers le Wayhome, le "Je reviendrai"




Chaque tableau d’Helen est  une méditation sur l’espace et l’ouverture vers un ailleurs ardemment recherché avec la peinture acrylique. L’artiste recueille la métamorphose des éléments comme soumis à une alchimie  par l’action du passage des nuages sur les cimes, par l’aube qui voit poindre par delà les contreforts de l’interminable chaîne des montagnes bleuis de ciel, un ailleurs magnifié

L’aube/ Dawn on Kukulbei 




Faut-il séparer les terres sans pour autant faire croire qu’on pose des frontières ? Il y a une piste sinueuse qui mène à l’ultime résidence, la demeure qui attend que le pinceau ait traversé les déserts de l’Oural froid aux steppes arides pour atteindre l’Oural aux contreforts plus généreux couverts d’iris et de tulipes, dans cet endroit où les chevaux hennissent en paix.

Les tableaux d’Helen Mount ne dessinent pas les personnages  ni même les animaux. Ils retiennent les différents tissus qui donnent vie à ce paysage qui paraît dénudé et  semble ne procurer aucune joie. C’est un seul vibrato modulé de diverses manières chaque fois qu’un intrus vient le capturer.  

Parfois, le sol est détrempé. Le tableau après la pluie, il ne faut pas s'attendre à la montée du rance petrichor mais à l’impression flasque de la boue visqueuse, signe d’un sol malmené par les inimitiés.


Steppe de Donetsk – boue et sols


Helen Mount fait parler la nature, invite à la méditation. Egalement diplômée de médecine, elle insère le thème de la transformation dans sa vision du monde d’où cette levée de tableaux ne montrant que la nature dans ses épanchements.

Steppe - herbacées et graminées



C’est une artiste peintre ukrainienne de la nouvelle génération qui exprime par le vecteur de l’art pictural le doute, l’effroi mais aussi l’espoir, le rêve de paix pour le genre humain.

   

© images artsper Serie steppe de Helen Mount


  Dans les steppes  de l’Asie Centrale ( Alexandre Borodine)



Ginette Flora

Juillet 2025

2 Comments


viviane parseghian
il y a 2 jours

magnifique voyage , Ginette .. j'ai adoré ...

Il surgit dans les herbes dévorées d’armoise

Tiens-moi entre les lueurs rouges des matins

 Du vermillon au cuivre c’est un fier regain

 Tiens-moi quand il faut nourrir la terre solitaire

❤️

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Ginette Flora Amouma
Ginette Flora Amouma
il y a un jour
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Il y a des espaces qui existent comme pour nous permettre d'y loger ce qui est immense en nous.

Merci pour ton passage, Viviane .

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