Chitra Vaidya, artiste peintre

Née en 1965 en Inde,

c'est une artiste peintre passionnée par l'amour qu'elle porte aux sujets qu'elle fige avec un intense accaparement. Elle laisse couler sur les paysages et sur le monde floral, la douce caresse d'une vibration personnelle.

Issue d'une famille versée dans les travaux de peinture et de calligraphie, elle a fait ses études dans différentes écoles d'art de Bombay.

Professeur d'art populaire, elle aime travailler avec les enfants et stimuler leur esprit créatif. Elle anime des ateliers d'art pour différents groupes d'âge, reçoit projets et commandes de peintures pour entreprises, maisons d'hôtes et salons.

Chaque peinture révèle un caractère empreint de vivacité et de curiosité, un désir avide de s'immiscer dans la vie ambiante. Son regard est d'une richesse inouïe, posé sur les beautés de la nature, des instants de vie qu'elle capte au fusain, acrylique, aquarelle et huile sur toile

Elle compose ainsi un beau catalogue des paysages des différentes régions de l'Inde, des instantanés comme des documentaires qui disent par eux-mêmes ce que fut leur histoire nous transportant parfois dans un ailleurs suranné.

La série "Montagnes et Paysages " sont des peintures à l'huile. Elle nous fait découvrir l'Himalaya, ses villages montagnards, ses forêts, ses plantes et ses gîtes isolés. Elle nous invite également à contempler une vie rurale au contact d'une nature sublimée.

Tout doucement, en poussant un portail de fer forgé, on entre dans le patrimoine laissé par la période coloniale, maisons à pilastres et colonnades, galeries, terrasses et couloirs, le comptoir de Goa offre les vestiges d'un style architectural conservé en son état d'origine. La patine du temps montre son effusion sous le pinceau du peintre.

La série "Fleurs" travaillée à l'huile et à l'acrylique nous donne un aperçu de son effort de recherche et de présentation des fleurs dans leur variété endémique.

Et enfin la série "Nature morte" et plus particulièrement la série nommée "Chulha" qui signifie cuisinière, qui révéla son art de créer une atmosphère à partir d'une réalité fruste. Rendre la justesse de l'émotion éprouvée dans le choix de la technique, faire jaillir la chaleur par la refonte des couleurs vagabondes, pénétrer l'âme de la matière en s'attachant avec le fusain à restituer la vie d'un foyer, est l'œuvre maîtresse de l'artiste Chitra Vaidya. Autour des ustensiles de cuisine de fonte ou de métal ou en argile noircie par la cuisson au feu de bois, la fumée rampe dans la pièce et voilà que nous voyons la vie rurale dans les maisons où la préparation des repas se fait encore sur une cuisinière appelée "chulha", alimentée au feu de bois, de galettes de bouse de vache et de résidus des aliments.

Cette série ne peut laisser indifférent. L'émotion m'étreint encore quand je le vois ce foyer devant lequel des femmes accroupies, de leurs mains expertes cuisinent le plat qu'en petits enfants choyés, nous demandions à celles qui veillaient sur nous.

La qualité et le goût des aliments sont considérés comme meilleurs lorsqu'il sont cuisinés sur un chulha.

L'atmosphère enfumée qui noircit les murs, que les flammes jaunes et pourpres repoussent pour libérer les premiers arômes de la pâte ou du bouillon qui cuit, tout est dans le rendu du fusain qui restitue les lignes noires avant de passer sur les courbes brossées et frottées à la cendre chaude des récipients métalliques traditionnels assombris par le feu.

Les récipients noirs sont appelés le "handa", chaque marmite, chaque poêle, chaque chaudron ayant une destination particulière, deux fait-tout creux superposés servant par exemple uniquement à la cuisson d'une galette de riz cuite à la vapeur.

C'est un foyer à biomasse.

Ginette Flora

Octobre 2022