Chant nocturne
- Ginette Flora Amouma
- 6 avr. 2021
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Dernière mise à jour : 13 mai 2023
Il y avait la vigueur ce jour-là
Quand ton sang trouva la terre où germer
Il y avait le désir ce jour-là
Quand mon ardeur toucha le sol où bâtir
Et l’arbre dans le champ n’a pas bougé
Il reste la chair vidée de son feu
Comme une vigne aride privée de sarments
Nul atome avide ne viendra se loger
Un corps sans nid n’est plus qu’un corps sans fruit
Et l’arbre dans le champ n’a pas bougé
J’ai la force d’un fauve, me diras-tu
Viens voir la plaine grège, cette étendue
Que nous avions rendue auguste et sereine
Où l’ombre de mon corps toujours te vénère
Je sais la souffrance qui ride ta peau
Je sais la peur qui afflige tes yeux
Si tu crains la blancheur de tes cheveux
Ne laisse pas la lune me l’enlever
Ne suis-je pas revenu sur nos cratères
Guettant le bruit fragile de tes pas
Ne crois pas que je prenais ailleurs
Qu’auprès de ton cœur qui se souvient
Il y avait le saule il y avait le vent
Dans le silence grisant des glycines
Rien d’autre que notre seule place
Dans le champ des fleurs et des semences
On a mis la graine, on a suivi sa trace
On a fait le travail sans cesser de croire
On s’est enlacé d’une étreinte folle
C’était l’âge d’or c’était notre récolte
Tout passera tout se videra
La nuit le jour la vie l’agonie
Tout ce qui arrive tout ce qui s’enfuit
Nous serons comme hier comme aujourd’hui
Comme dans le champ
L’arbre qui n’a pas bougé.
6 avril 2021
Un regard sur hier, et même sur avant-hier, dénué de mélancolie.