Cala Mendia

Elle est ainsi elle s’étire comme une nymphe

Dans un temps isolé couvert de pins robustes

Elle m’est apparue dans la veinure de ses palais

Et la mante noire tachant le calcaire auguste

Parfois elle frappe la falaise et l'affronte

Sur les marches je sais qu’elle s’impatiente

Le fenouil s’enroule dans ses habits de lumière

Un air de sable et de cymbales sous le ciel des serins

Elle s’habille de bleu azur puis de bleu outremer

Quand je plonge ma main, elle chavire au mauve

C’est comme un bain de jouvence qui me sauve

Je brasse chaque vague comme on tourne une page

Pour sentir l’embrun de l’iode sur ma paupière

J’oublie la blessure du corail sur les orteils

L’étoile de mer rougit mes regards et s’esquive

Elle va rejoindre la source où tout se renouvelle

Eclaboussé de soleil, la roche blanche s’enfonce

Et se fend d’une écume éclairante

Une bastide rappelle le repos d’une reine

La mer est souveraine quand le cœur s’en mêle

Les palmiers comme les tamaris penchés sur les toits

A faire craquer leur odeur au vent qui les apaise

La garrigue sèche est aimée des cistes résineux

Les lys de mer s’ouvrent à l’étreinte rocailleuse

Il n’y a que le chant sans fin qui enfle et stridule

Entre les chênes verts et les pavots cornus

Il n’y a que mes pas près des genévriers

Et je me soignais aux œillets quand je m’attardais

La roche est rude, la randonnée est lente

Je n’ai en moi que l’attention donnée à la lande

J’ai surpris dans un virage une joie aérienne

Monter comme la poésie cambrée des calanques

Août 2023

Ginette Flora