Caccini, Strozzi, Mlle Duval, Jacquet de la Guerre ou le baroque au féminin
- Ginette Flora Amouma
- 8 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 mars

Après avoir rencontré les femmes musiciennes du Moyen Age et de la Renaissance, voici celles qui ont richement contribué à unir leur talent pour se faire connaître pendant la période baroque.
L’ensemble de musique ancienne « Le baroque Sinfonia » aime parler de la musique composée par les femmes comme Francesca Caccini, Barbara Strozzi, Chiara Margarita Cozzolani, Isabella Leonarda.
Vers la fin de la Renaissance, juste à l'entrée de la période baroque, un ensemble musical formée uniquement de femmes musiciennes et compositrices fit grandement parler de lui. C'est le Concerto delle donne, créé par le duc Alfonso II en 1580 en Italie. Trois chanteuses firent grand bruit en interprétant des airs fleuris et ornementés, rameutant un public conquis à la musique des madrigaux. Ce groupe a révolutionné la place et le rôle des femmes dans la musique professionnelle. Le trio féminin connut un vif succès et le duc commanda des mélodies pour son épouse.
Ce groupe est un judicieux tremplin pour entrer dans la période baroque où les compositrices féminines donnèrent libre cours à leur talent.
Francesca Caccini
C’est la 1ère femme qui a composé un opéra. On ne lui en connaît qu’un seul bien qu’il semblerait qu’elle en ait composé d’autres. Elle a vécu dans un environnement musical, son père étant le musicien privé de la Cour des Médicis.
Francesca Caccini chante également des mélodies sur les représentations scéniques de son père. Elle fait ainsi partie de la cour des Princes. On ne sait plus rien d'elle après les brillantes années vécues sous le signe de la musique.
[Voir article sur Francesca Caccini -Août 2024- Blog : catégories classique, baroque, romantique]
Barbara Strozzi
Barbara Strozzi (1619- 1677) est une compositrice pionnière du XVIIe siècle. Ses origines sont partiellement connues car elle est née de père inconnu et son bienfaiteur, celui chez qui travaille sa mère, lui prodigue maints cours de musique et études avec les grands compositeurs de son époque dont Monteverdi et Cavalli.
Les poètes sont admiratifs devant son talent de chanteuse et de musicienne. Son père adoptif crée un salon où se retrouvent musiciens et esprits éclairés. Barbara assiste aux réunions et donne son avis sur les sujets qui font l’objet des débats.
Elle publie madrigaux, cantates et duos. C’est une femme unique en son genre qui a tenu une place importante à Venise.
Fille adoptive du poète Giulio Strozzi, mère sans être mariée, participant activement à des académies d’intellectuels, Barbara fut une « femme forte » qui a publié huit recueils d’une musique extraordinaire.
Ornements échevelés, dissonances étonnantes, rhétorique puissante et opératique : tout cela donne à ses œuvres une expressivité unique, une révélation.
Melle Duval (1718 – vers 1775)
On sait très peu de choses sur Mademoiselle Duval (on ne connaît même pas son prénom et on ne sait pas qui elle est ) mais il est certain qu’elle fut la deuxième femme à avoir un opéra créé à l’Opéra de Paris et elle n’avait que 18 ans.
Ses Génies, ou Les caractères de l’Amour furent créés en 1736, quarante ans après Céphale et Procris d’ Élisabeth de la Guerre. Si le livret fut largement critiqué, la musique de Mlle Duval fut comparée favorablement à celle des Indes Galantes de Rameau, très appréciée.
Il est intéressant de noter qu’une autre critique de l’époque précise que Mlle Duval a elle-même joué l’intégralité de l’opéra au clavecin.
Il semble que la carrière multiforme de Mlle Duval ait toujours tourné autour de l’opéra. En plus de son talent de compositrice et de claveciniste, elle a régulièrement été invitée à chanter et à danser dans les productions de l'Opéra de Paris.
Elle a pris sa retraite après avoir travaillé comme musicienne professionnelle à l'Opéra de Paris pendant des décennies.
Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729)
C’est la plus célèbre compositrice de l’Ancien Régime, la plus citée sous Louis XIV.
Elle est issue d’une famille de musiciens, père organiste, grand-père et oncle facteurs de clavecins (c'est-à-dire fabricants d’instruments de musique et versés également en musicologie ), un grand oncle et un oncle s’illustrant dans le domaine de la musique, ses frères et sœur également musiciens, son destin semble tout tracé.
Et elle épouse l’organiste Marin de la Guerre. Le couple s’installe à Paris où Elisabeth se fait connaître en donnant des cours de clavecin et de récitals.
Ses œuvres sont nombreuses :
Des tragédies et son premier opéra « Céphale et Procris ». C’est le premier opéra créé en 1694 par une femme et en France, la première. ( Francesca Caccini est italienne )
Suite à de nombreux deuils, elle cesse de composer pendant quelques années et prend une retraite sabbatique.
Plus tard, elle compose sonates et cantates et Louis XIV la prend sous son aile, étendant sa protection sur son parcours musical.
Ce qui est exceptionnel chez Elisabeth, c’est qu’elle a pu mener une carrière indépendante en tant que compositrice dans un milieu aussi fermé que l’était son époque où les femmes ne recevaient une instruction musicale que dans un souci de compléter une éducation de femme par une visite des arts musicaux. Jouer du piano ajoute du raffinement à l’élégance, tout ce qui fait partie d’un charme cantonné à une certaine éducation.
Or, Elisabeth parvient à composer un opéra, un ballet, des cantates, des sonates dans le genre profane et sacré.
C’était une grande virtuose du clavecin et de l’orgue. Elle avait le sens de l’harmonie, de la belle mélodie, des rythmes sautillants et des formes subtilement ajustées.
Sa « Judith » est une cantate qui évoque la vie de l’Héroïne de l’Ancien Testament.
Une fantastique sonate pour violon, composée en 1707 est l’un de ses chefs d’œuvre.
Ginette Flora
Mars 2025
Un beau voyage dans un monde que je connais mal .. merci à Toi ❤️
De belles interprètations de musique Baroque avec ces portraits de femmes compositrices. Quoi de mieux pour célébrer la journée des droits de la femme... ne dit on pas "la musique adoucit les moeurs" et cela se vérifie encore de nos jours...