Béatritz de Dia, la trobairitz
- Ginette Flora Amouma
- 19 janv.
- 3 min de lecture

Troubadours, le buste de Béatritz, la croix d'Occitanie
© images du site internet : revistafugato.com
C’est un nom occitan pour Béatrice de Die (Die est un village de la Drôme). Elle est née, pense-t-on à Montélimar en 1140. Son décès est fixé en 1175 en Provence. C’est une compositrice, écrivaine, poétesse française de la période du Moyen- Age et une trobairitz, femme troubadour de noble condition d’expression occitane.
Les trobairitz ont composé des chansons et des vers en langue occitane pour enseigner et donner des cours à la noblesse. Ces femmes sont les premières compositrices de musique profane occidentale tout en ayant écrit de la musique sacrée.
Elles font partie de la société courtoise, sont de naissance noble et sont dotées d’une bonne instruction littéraire comme la Comtesse Béatritz de Dia.
La région de la Drôme, en ce temps-là, a résisté à la toute puissance de l'Eglise. L'Occitanie est un haut lieu culturel où les femmes parviennent à se libérer des liens qui les entravent et cherchent à s'épanouir en ne cachant point leurs talents. Béatritz de Dia donna ainsi libre cours à sa créativité. L'Eglise a tout fait pour effacer ces femmes de coeur de l'histoire.
La figure de Béatrice a été sauvée car elle incarne le symbole de l'autonomie linguistique de l'Occitanie.
Béatritz de Dia
Béatritz de Dia de par son mariage avec Guillaume de Poitiers, laisse des traces de son passage dans l’histoire de la musique par la poésie profane qu’elle compose et qui nous est parvenue, intacte.
Ce sont des poésies et chansons que lui inspirent ses sentiments pour le troubadour Raimbault d’Orange.
Il y a une chanson d’elle qui a traversé tous les siècles pour parvenir jusqu’à nous. C’est la mélodie « A chantar m’er de so » ( je chanterai ce dont je n’aurais pas voulu chanter ) qui révèle son talent pour la musique. Par la qualité de ses écrits, elle occupe une place importante dans la musique occidentale.
Quelques poésies ont traversé le temps et une seule mélodie, texte et musique a survécu.
Son univers est une rare confession pour des sentiments que les codes de l’époque intiment aux femmes de taire.
Béatritz de Dia le confesse pourtant en laissant la littérature et la musique rendre l’intensité de ses tourments. On peut rester étonné par l’authenticité du propos énoncé, de l’élan amoureux qui se libère des entraves. Ce rien d’osé dans une société qui impose à ses sujets des codes d’establishment fait justement la fraîcheur de ses écrits.
Sa vie et son œuvre ont fait l’objet d’hommages. Une statue de Béatrice est érigée à l’entrée de la ville de Die.
Un album musical lui est dédié et une fiction romanesque et historique autour de sa vie a été écrite par une écrivaine allemande aux Editions des Femmes.
Jordi Savall a traduit la ballade et elle figure dans son album « Le royaume oublié »
Des ensembles de musique ancienne ont interprété cette ballade comme le Tenet vocal artist, l’Ensemble Obsidienne…Hesperion XXI, LuminaVocal...
C’est la seule chanson, texte et musique qui nous soit parvenue. On peut mesurer l’impact que cela peut donner à nos esprits de découvrir une musique si pénétrante. Intensité de la sincérité mais dans la douleur, lucidité cependant d’un instant qui ne peut exister. Les voix des ensembles musicaux nous rappellent que la voix humaine que nous entendons depuis le fond des âges n’a pas changé quand le cœur libère des sursauts d’une douleur intime.
Ginette Flora
Janvier 2025
Superbe découverte, Ginette, tu m'as ouvert les yeux, le coeur, la tête ... et trop trop bien !❤️
Une magnifique découverte, Ginette, qui, tu t'en doutes 😍 me séduit particulièrement. Belle journée.