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Recueillement

Dernière mise à jour : 22 janv.


En 1257, l’abbé de Cluny ( Yves de Poisey) fait construire le château de Gevrey- Chambertin sur les fondations d’un ancien prieuré  appartenant à l’ Abbaye de Cluny. Achevé en 1275, il présente quatre tours d’angle et un pont-levis et des caves pouvant conserver toute la production viticole des terres abbatiales.



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Sur la place du château de Gevrey-Chambertin, un moine est assis sur un banc de pierre. En venant par le chemin caillouteux, on le croirait vraiment abîmé dans un recueillement qui l’isole du reste du bruit des pas des promeneurs, de leurs conciliabules.

 Arrivé près du banc, on est saisi par l’absence de visage, on touche la pierre dorée de Magny, aussi rustique que la bure et le scapulaire dont il est couvert et l’on s’étonne de se sentir étrangement revêtu de la même pelisse.   

 Mais le moine ne se lèvera jamais. C’est une sculpture réalisée à la main et au burin créée par l’artiste Laetitia de Bazelaire sur un bloc extrait dans le Châtillonnais, région où abonde le travail de la pierre taillée.   


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La brève illusion nous a renvoyés à nous-mêmes, à l’instant de recueillement qui nous est nécessaire, au calme et à l’apaisement d’un tourment.

La posture courbée de la sculpture souligne le passage dans un refuge, une descente vers un moi intime que la bure rustique protège.

Les contreforts du château sont aussi une évocation des pierres de la mémoire. Le moine est-il en visite  sur ses terres ? Nous aussi, nous visitons des terres, quelles terres, quelle demeure ?



Mais nos pierres bien sûr, celles de notre première bâtisse, des pierres accumulées, superposées pour  former un cloître.

Laissons notre imaginaire se remettre à randonner, à passer sous les porches dans le silence des couloirs interminables car reste interminable le long chemin vers ce qu’on voudrait savoir et que, pénétré de la conviction que vit une vie ailleurs, on s’abandonne sur un banc et dans un recueillement absorbé, on plie la nuque sous le regard de l’immensité.

 L’absolu est une épine au cœur, qui pique et repique, gratte et suppure, pour nous jeter dans une quête de l’impossible.

Le château est restauré lorsque le délabrement menace sa longévité. Il devient une cave d’exception protégeant la production locale de vins du châtillonnais, région située à la limite de la Champagne et ceinte d’une forêt. Le plateau calcaire surplombant la vallée  offre à la vue des plants de vigne qui produisent des vins célèbres. Depuis l'an 640, la région n'a cessé de revenir sur sa vocation qui est de couvrir ses coteaux de son raisin millénaire que les religieux des abbayes ont patiemment conservé.



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Ginette Flora

Juin 2024

4 commentaires


Ginette, merci ... on apprend tant avec toi ...et je connaissais un peu mais pas tout ... alors je reviens de tes mots un peu plus riche ...❤️

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J'ai été ébranlée par cette découverte. Cette sculpture a le "chic" de parler, de délivrer un message et la force de la création est telle qu'on croit vraiment qu'un échange spirituel passe...

C'est ce qui m'a fait m'attarder et essayer de trouver un angle d'écriture par lequel je pouvais l'exprimer.

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Fredoladouleur
Fredoladouleur
04 juin 2024

Un texte très intéressant qui nous offre également de quoi méditer. Merci pour ce partage, Ginette ! ^^

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En faisant le tour des villages, cette sculpture m' a interpellée.

Terre des vignes et ciel des prières fusionnent dans une intériorité spirituelle qui nous interroge .

Un moment de grâce au milieu des vignobles.

Les pierres , Fred , toujours les pierres.

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