" La méditation de Thaïs "de Jules Massenet

Dans l’opéra « Thaïs » de Jules Massenet créé en 1894 à l'Opéra de Paris, la pièce musicale «  La méditation de Thaïs  » est une pièce qui vient servir de recul par rapport à l’intensité dramatique qui  s’est instaurée dans la 1ère scène de l’Acte II :

 Le moine Athanaël affronte Thaïs, une courtisane qui mène une vie de luxure et il lui demande de se reprendre pour se consacrer à une vie de piété et de charité.

Ce moment appelé « Intermède » situé entre deux scènes de l’acte II de l’opéra Thaïs intervient comme un appel à la  réflexion.

La rencontre entre Athanaël et Thaïs provoque un état de  sidération pour l’un comme pour l’autre. La méditation de Thaïs en donne la pleine mesure, le violon déchire le drame  par ses notes qui restent célèbres dans le répertoire du violon.

Cette pièce est jouée par l’orchestre avant que ne s’ouvre la 2ème scène de l’acte II où Thaïs annonce à Nathanaël qu’elle le suit dans le désert. La méditation de Thaïs est une opportunité pour une remise en question.

Cette méditation ouvre la voie à des rebondissements. Si Thaïs découvre l’essence de l’appel religieux, Nathanaël s’éprend d’elle et connaît les affres de l’amour terrestre.

La pièce musicale

https://youtu.be/xZWCdZ7jkQM

Composée en Ré majeur, elle dure 5 minutes ou plus selon les interprétations. Elle a été maintes fois interprétée et souvent en concert indépendamment de l’œuvre opératique.

Elle s’ouvre d’abord sur le frottement des harpes puis le violon solo prend le dessus.

Le violon joue deux mélodies puis la pièce s’anime et monte crescendo, devient passionné.

Massenet indique que le tempo doit être  « poco a poco appasssionato »  avec un climax, un point culminant  où la note est suspendue sur sa plus haute déchirure.

Le tempo redescend ensuite pour rejoindre le thème principal.

La thème est repris et joué deux fois puis l’orchestre, harpes et cordes achèvent le morceau.

L’orchestre est composé d’un chœur et d’instruments à cordes et à vent  ( harpes, violon, flûte, hautbois, basson, cor anglais, clarinette ).

Les interprétations

Un concert pour violon s’achève souvent sur la méditation de Thaïs. Les violonistes comme Itzhak Perlman, Michael Rabin, Joshua Bell … et d’autres virtuoses l’ont interprétée, le morceau n’étant pas facile à jouer.

Transcrite pour piano, elle a été arrangée.

Renaud Capuçon, accompagné au piano par Thomas Enko a joué l’œuvre sur le plateau de l’émission télévisée le Grand Echiquier le 23 janvier 2013 en hommage à Jacques Chancel.

https://youtu.be/TsUlBr9tpjA?si=M7qTjoTVZjwVkQ9Y

 Un « pas de deux » pour ballet  a été également créé par le chorégraphe britannique Frédérick Ashton à partir de la méditation, en se décrochant de l’opéra pour visualiser une scène de vision. Un être surnaturel apporterait sa fréquence d’écoute.  

 La conception considérée comme originale est largement plébiscitée.  

Les contrastes qui font de la méditation un perpétuel retour aux sources de l’humanité.

Outre les décors des fastes de l’Orient qui s’opposent aux sables du désert et de la simplicité de la vie communautaire, les cris des hommes se heurtent au brusque silence qu’on entend dans la méditation, source des interrogations.    

La femme représente le cycle des renaissances et l’homme ne cesse d’essayer de l’approcher.  

Les deux espèces humaines ne peuvent vivre l’un sans l’autre mais le conçoivent quand il est déjà trop tard.  

La méditation de Thaïs est un croisement entre deux parcours  qui en s’affrontant, se révèlent. Ce sont deux êtres atypiques que la musique de Massenet  a sublimés.  

Ginette Flora

Février 2025