Linda Lê, femme de lettres

Née en 1963 à Dalat au Vietnam, décédée ce jour du 9 mai 2022, des suites d'une longue maladie, elle est restée si discrète dans son parcours des lettres françaises qu’il faut aller la chercher dans ses livres pour la faire exister.

Contrainte de fuir ses vallons du centre Vietnam, elle passe quelques années à Saigon où elle continue ses humanités au Lycée français : Victor Hugo et Balzac laissent une trace indélébile. Elle les case dans sa bibliothèque. La guerre la contraint à s'expatrier.

Des suites de la guerre du Viet-Nam, elle souffre de l'exode, de l'expatriation et des drames familiaux. Elle devient une figure marquante de la littérature de l'exil.

Arrivée à Paris, elle suit les cours de Khâgne au lycée Henri IV et ensuite, s'inscrit à la Sorbonne et poursuit une carrière littéraire qui l'a tenue en éveil.

Elle publie régulièrement des ouvrages qui ne laissent filtrer d'elle que quelques bribes d'une pensée exigeante et portée sur l'analyse psychologique des sentiments qu'elle éprouve pour les débris de sa mémoire.

- Un si tendre vampire

- Chercheurs d'ombres

- Les évangiles du crime

- Calomnies

- Les aubes

- La colère

Elle travaille comme critique littéraire au Magazine littéraire.

Elle est préfacière des auteurs qu'elle découvre et fait connaître : " Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau "

Son écriture est puissante comme incisée dans de la roche, elle puise dans la tradition pour trouver un souffle libérateur.

Elle est plusieurs fois couronnée par des prix littéraires pour l'ensemble de son œuvre.

En ces instants où l'émotion me gagne, d'elle, je ne parviens qu'à écrire ces quelque mots.

Viendra pour moi le temps de parler de cette femme de lettres habitée par les voix de l'exil, de l'absence et d'une rage si intime qu'il faut traverser ses mots pour la percer à jour.

Ginette Flora

Mai 2022