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Les tempêtes de l'automne

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–  Commandant, on vient de capter le grésillement, le même que celui d’hier. Il émet des sons à  intervalles réguliers.  On dirait une tentative d'approche pour retenir notre attention.


Le commandant était mutique. Il descendait dans ses pensées comme happé par les abîmes marins. ll braqua ses jumelles sur le ciel bas et gris, lourd d’imprécations amoncelées. Poussé par une impérieuse volonté, il essaya de résister mais la pression était insoutenable. On lui  demandait de prendre une décision radicale.


Dans  l’île d’Eolia, Eole le dieu des vents  venait de libérer les euros, les tempêtes de l’automne. Il avait conscience qu’il passait outre les injonctions de Zeus qui avait seul le contrôle des vents.  Ses altercations avec la puissance divine ne dataient pas de la veille. Ses idées avant-gardistes sur les moyens de faire fonctionner la rotation des vents  ne plaisait pas en haut lieu.  La querelle  avait enflé quand il avait proposé de faire souffler une procession de souffles  elfiques  sur le passage des âmes au cours de la nuit celtique.


–   Tudieu ! Ils vont encore nous faire la misère avec leurs  sempiternelles disputes !

–   Commandant !   L’appel a repris comme une mise en garde.


Le commissaire de bord Adrien tenait les rapports en main, des relevés cartographiques  y étaient consignés, des graphiques et autres courbes signalaient la position des sons qui ne s’éloignaient pas.


–  C’est Neptune qui nous parle, répondit le commandant. Il me faudrait l’avis des autres divinités.


Adrien considéra son commandant avec inquiétude même s’il n’ignorait pas que celui-ci aimait consulter les avis de ses homologues. Des années passées au service de son étrange supérieur hiérarchique ne l’avaient cependant pas vacciné des lubies du commandant de consulter les dieux  des océans, des cieux et des quatre éléments.


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Zeus ne décolérait pas. On lui avait désobéi. Les vents retenus dans les outres avaient été libérés contre son gré. Il ordonna  l’exécution de la sentence. Les tempêtes s’abattirent sur les mers. Les ordres tombèrent comme des couperets :

« Pas de sortie en mer ! Pas de navigation ! »

Les orages  éclatèrent, la mer ne fut plus qu’une houle déchiquetée. Il n’y eut plus ni ligne d’horizon ni  espace où poser son regard.  Le  gouffre noir, opaque s’avançait à pas de géant ne laissant à la vue aucun objet où s’arrimer. Ciel  et  mer s’étaient jetés l’un contre l’autre pour s’empoigner et s’éviscérer à coups de morsures et de trombes carnassières.  La guerre fit rage, les belligérants ne s’avouant pas vaincus.

Le commandant prit la décision  finale :


–  Le navire restera à quai pendant deux jours pour des raisons de sécurité.


Il passa les deux jours de carnage à parlementer avec Neptune lui demandant son intervention pour calmer les humeurs orageuses des deux zombies qui avaient volé la vedette aux forces malicieuses des esprits des morts.  


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   Novembre 2025

6 commentaires


Alice
06 nov.

Un texte savoureux qui sollicite les dieux de L'Olympe ! Belle journée, Ginette !

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Belle journée à toi aussi, chère Alice.

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Cette tempête me rappelle le film “Nimitz" ! Heureusement le commandant a prit la sage décision de rester à terre. Un texte qui mêle le réel et les dieux de l'Olympe.

Cela me ravis chère Ginette. Douce soirée à toi !

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Douce soirée à toi aussi, chère Nicole.

Je vais essayer de me remettre de toutes ces émotions !

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Nom de Zeus ! Pour le commandant de ce navire, la devise semble être ici : "Et Dieu(x) et maître(s)" ! Autant ne pas s'attirer les foudres de la hiérarchie ! ^^ Belle journée sans tempêtes à toi, Chère Ginette ! ^^

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D'ailleurs pendant tout ce périple, il fallait vraiment tenir compte de l'humeur des dieux de l'Olympe !!

Ils nous en ont fait voir de toutes les couleurs !

Belle journée également à toi, cher Fred.

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