Les Carmes d'Avon
- Ginette Flora Amouma

- 14 mai 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 janv.

Le Carme est un religieux de l'ordre du Mont Carmel.
On dit "un carme" au masculin et "une carmélite" au féminin.
Le Mont Carmel est un massif montagneux côtier en Israël. Les Carmes font partie d'un ordre religieux fondé sur le Mont Carmel au Moyen-âge et leurs ermites font vœu de pauvreté, de solitude et de spiritualité. Ils évitent toute alimentation carnée. Leur monastère est détruit par les envahisseurs musulmans et les frères carmes s'enfuient se réfugier en Europe où ils fondent leur congrégation.
Le bâtiment des Carmes d'Avon (en Seine et Marne ) date du 17ème siècle. La reine Anne d'Autriche fonde un hôpital qu'elle confie à des frères de St Jean de Dieu. C'est la Charité d'Avon fondé en 1662.
Après la révolution, l'ordre des frères carmes s'y installent et l'endroit devient un séminaire et un couvent.
Un petit collège y officie à partir de 1932 en accueillant des pensionnaires de familles aisées désireuses de donner une instruction maîtrisée à leur progéniture.
Puis il devient un foyer de résistance durant la 2ème guerre mondiale. De cet épisode, Louis Malle en fait un film dans " Au revoir les enfants".
Le collège continue de dispenser ses cours jusqu'en 1960.
Puis il devient une école de management car les locaux accueillent pendant trois ans l'INSEAD c'est à dire l'institut d'administration des affaires.
Il se transforme ensuite en un centre spirituel tout en gardant son statut de couvent.
C'est un centre animé par des carmes et des laïcs. Il se situe près de la forêt et du château de Fontainebleau, endroit propice pour se ressourcer dans le silence et l'intériorité.
Les frères carmes mènent une vie contemplative.
C'est un monastère qui s'ouvre à un public soucieux de faire retraite au sein d'une nature riche en résonances naturelles et simples. Loin du bruit du monde, auprès du faste d'un silence habité de voix apaisantes, on peut chercher à se retrouver soi-même, un soi qui peut faire peur quand on comprend qu'il prend place, une grande place quand on le libère de tout traumatisme.
L'endroit n'invite pas seulement à suivre les moines dans leur vie de prières et d'austérité.
C'est aussi s'enrichir l'âme au contact de la nature. Des travaux de jardinage y sont proposés, désherbage, cueillette, fouler l'herbe au gré de balades revigorantes pour que vienne à notre chevet un air inconnu, une résonance étonnée, la réponse à une quête sourdement quémandée.
Pour transformer une plainte en écoute du chant d' un oisillon, de la présence d'un être dont on ne sait rien mais qui prend toutes les formes, aller à la rencontre de ce je ne sais quoi qui parfois nous essore tellement le coeur que nous sortons le libérer, c'est à tout ce charme qu'invitent les Carmes d'Avon.
Captif si nous l'étions, ici , on devient réceptif .
Ne rien savoir
Chant de monastère Avon
Ne rien savoir,
que ta Parole qui façonne en moi ta ressemblance
à chaque mot reçu dans le silence,
ne rien pouvoir,
sinon rester sous ton regard, plongé.
Dans ton absence : laisser monter les flots de l’espérance.
Ne rien mendier,
sinon la grâce de toujours t’aimer, de plus en plus,
pour te trouver après m’être perdu.
Et m’oublier dans le secret de ton visage aimé,
sans l’avoir vu, en recueillant le feu de ta venue.
Ne plus rien voir,
sinon ta main qui me saisit encore à chaque instant,
et qui m’emporte en l’éternel présent.
Ne rien garder même la joie de me savoir aimé infiniment,
afin qu’augmente encore l’embrasement.
Ne rien vouloir,
rien qui ne soit ta volonté sur moi pour aujourd’hui,
rester docile au souffle de l’Esprit.
Et tout quitter dans la puissance qui m’attire à Toi,
jusqu’à moi-même, tout retrouver dans l’eau de mon baptême.

Ginette Flora
Mai 2023




merci Ginette de cet émouvant partage et de cette découverte ...❤️
Je découvre l'histoire de ce lieu, une histoire qui n'est pas sans surprise parfois... très intéressant.
Très intéressant.
Dommage cette parenthèse "école de commerce" , qui vient rappeler que même les lieux dits spirituels peuvent être happés par le matériel. Je ne sais comment ils ont pu vivre cette "expérience" mais on est si loin de la sérénité... apprendre le commerce, ce n'est pas quelques part apprendre à voler ? Il le faut bien, certes, mais pourquoi en ce lieu... Je ne me suis jamais caché être un mécréant qui aurait bien aimé vivre en période païenne du polythéisme, mais, ayant le sens du sacré , là, je suis un peu choqué...
Un article fort intéressant, Ginette ! À tout dire, j'en suis tombé sous le "carme" ! ^^