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Le mage, un opéra de Jules Massenet

Dernière mise à jour : 18 mai



Massenet est un compositeur français, né en 1842 et décédé en 1912 à Paris. Il est le peintre des sentiments, le chantre de l’émotion et l’âme de l’opéra traditionnel français. Ceux qui viendront après lui ne peuvent pas s’affranchir totalement de l’héritage émotionnel qu’il laisse, Debussy se souvient de la puissance lyrique de Massenet  quand il compose son Pelléas et Mélisande.

Très populaire en son temps, il l’est toujours et ses œuvres les plus connues comme Werther, Manon, Thaïs et Don Quichotte sont régulièrement représentées. Il a composé pas moins de 450 œuvres parmi lesquels on peut citer 25 opéras, les ballets, les drames, les musiques  vocales, de chambre, symphoniques, religieuses, les élégies, les mélodies. Où se situe Le mage, cet opéra dont personne n’a entendu parler sauf les plus grands mélomanes ?


 « Le mage » est un grand opéra dans la plus pure tradition opératique. Massenet compose sa musique sur un livret du poète français Jean Richepin (1849-1926).

C’est un opéra fastueux en 5 actes  et 6 tableaux, créé en 1891.   

Tombé dans l’oubli. Il manquait à cet opéra un souffle incandescent. Pourtant l’embrasement de la scène finale pouvait aider à tenir l’auditoire en haleine. Hélas non. La rigueur cornélienne a étouffé le vers lyrique racinien.


C’est l’histoire de Zarastra, un commandant de l’armée perse qui se retire dans les montagnes pour prendre du recul par rapport aux événements qui l’affectent. Le nom de mage lui est donné par les paysans qui s’occupent de lui.


 ACTE 1  


L’action se déroule en Bactriane, dans l’Asie Centrale entre l’Afghanistan et le Tadjikistan en l'an 2500 avant l’ère chrétienne.  

Dans le camp de Zarastra, le commandant de l'armée perse, il y a effervescence. Le camp  est situé au nord de l’Afghanistan. Suite au combat contre les touraniens originaires d’un pays frontalier, les soldats  de Zarastra  ont fait prisonniers des touraniens parmi lesquels leur reine Anahita qui se rend compte qu'elle aime Zarastra, celui qui l'a emprisonnée dans les souterrains du temple de Djahi, la déesse des voluptés.

Amrou, le prêtre des pouvoirs religieux, les devas, a trahi Zarastra qui est aimé de la prêtresse et vestale Varedha, la fille d’Amrou.

 Anahita cache ses sentiments car elle ne veut pas trahir son peuple captif.





 ACTE 2


Le décor est le temple, un tableau gigantesque avec des marches et des couloirs, des souterrains.  C’est dans ce sombre endroit que sont captifs les touraniens. Amrou annonce à sa fille que Zarastra aime Anahita, la reine des captifs touraniens et qu’il a décidé de venger l’honneur de sa fille Varedha délaissée par Zarastra. 

Un autre tableau s’ouvre sur la place du village. Zarastra est acclamé par la foule au moment où son roi, le maître de l'Iran, assiste aux trophées que lui rapporte Zarastra qui demande pour prix de sa victoire, la main d’Anahita, la prisonnière.





Ah ! Parais ! Parais, astre de mon ciel !

Abeille d’or dont l’amour est le miel !

Soulève l’ombre de ces voiles

 Cachant  ton front gracieux

Soulève l’ombre de ces voiles

Que je te montre à tous les yeux,

 Ton visage d’aurore et tes regards d’étoiles.

 

 Parais ! Parais ! Oui, parais, soleil de mes yeux,

Seul trésor vraiment précieux,

Seul bien dont mon désir s’enflamme.

 Toi que j’ai prise et qui m’as pris,

De ma victoire sois le prix ! Anahita !

Soulève l’ombre de ces voiles

Cachant ton front gracieux,

Soulève l’ombre de ces voiles,

Que je montre à tous les yeux,

Ton visage d’aurore et tes regards d’étoiles.

 


 Amrou s’insurge contre cette idée car il a promis  sa fille Varedha à Zarastra qui nie avoir donné une quelconque promesse mariale envers Varedha.

 Zarastra ne veut pas épouser Varedha et pour éviter d’être vilipendé, il quitte sa patrie.


 ACTE 3


     Décor de la montagne. Neige et paysages autant immenses que désertiques.

 Zarastra est devenu un mage vénéré et s’isole dans la montagne. Varedha lui rend visite mais Zarastra la repousse une nouvelle fois. Elle annonce qu’Anahita  prépare son mariage avec le roi d'Iran.



ACTE 4


Dans le temple où  le mariage est organisé avec faste, Anahita est inquiète car elle hésite à se marier. Elle s’appuie sur son peuple pour provoquer un soulèvement qui remet tout en question. Un massacre s’ensuit.






 ACTE 5


Un autre tableau s’ouvre sur  les ruines du temple.

Parmi les morts, on dénombre  le roi et Amrou. Varedha est retrouvée inconsciente.

A son arrivée, alerté par les clameurs, Zarastra trouve un champ de désolation et cherche Anahita qui arrive avec son escorte.

Mais Varedha n’est pas morte, elle revient à elle et maudit le couple. La statue de la déesse Djahi s’illumine et lance des flammes.

Zarastra implore la déesse de l’amour de lui rendre son amour. Les flammes s’écartent, Varedha expire.






L’analyse de l’œuvre  


Le mage  explore le canevas classique à grand renfort de tableaux scéniques qui colorent l’œuvre sans en sublimer le texte.

D’autre part, l'œuvre demande un grand nombre d’éléments fétiches, un orchestre imposant, la mise en place d’un ballet, des décors particuliers rappelant un thème  pour chaque acte. Des scènes sont difficiles à reconstituer.  Il y eut un recours à des effets spéciaux.

C’est un grand opéra comme le roi Lahore et Hérodiade.


Face au gigantisme wagnérien, Massenet répond par ses créations qui lentement mais sûrement ouvrent la  voie à l’éclatement de tumultes plus intérieurs. Ce n’est pas encore le grand et vrai Massenet mais c'est déjà le Massenet qui chante la femme, celle qui aime la naissance d'un sentiment neuf et ébloui. Dans le grand opéra, la sphère intime est moins exploitée pour laisser la place aux grands mouvements collectifs : cortège, ballet, cérémonie, incendie …mais Massenet, tapi dans l'ombre du carcan traditionnel, fait surgir l'élément qui force le personnage masculin à se sentir dérangé.

Le mage (créé en 1891) met en tension l’amour profane avec la dimension spirituelle, thème que Massenet retrouve dans Thaïs en 1894.


En 2012, le mage est représenté en concert alors que l'œuvre n'a plus été mentionnée depuis 1896.   

Massenet s’est plié aux règles du genre grand opéra mais l’œuvre ne comporte pas assez d’airs mémorables à part « le parais  de l’Acte 2 ».

Pas étonnant que Le mage ne soit pas sur toutes les lèvres et ne suscite qu’une vague réminiscence. Un siècle  de sommeil ininterrompu  jusqu’à l’enregistrement de 2012 et l’on rêve certes à une représentation scénique.

Massenet par ses oeuvres lyriques annonce l'opéra moderne.

Ginette Flora

Mai 2025

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