Le crime du Golden Pass
- Ginette Flora Amouma

- 23 août
- 4 min de lecture

© Léman sans frontière – le Golden Pass Express
Le Golden Pass est un train express qui circule dans le canton vaudois francophone et dans le canton germanophone de la Suisse. Depuis le Lac Léman, il remonte jusqu’aux sommets alpins, atteignant l’altitude maximale de 1273 m. Son trajet qui dure plus de trois heures offre un panorama à couper le souffle car il traverse des villages du pays d’Enhaut comme le château d’Oex et Rougemont, en circulant au milieu des pâturages alpins où paissent des vaches. Leurs clarines résonnent, répercutées par les échos des montagnes jusqu’à la station de ski de Gstaad.
C’est une nouveauté mondiale, une prouesse de l’ingénierie suisse que d’avoir pu relier Montreux à Interlaken sans changement de train grâce à une adaptation aux écartements des voies entre les divers tronçons par la technique du bogie à écartement variable.

Il existe deux trains : le Golden Pass Express, celui qui est panoramique et le Golden Pass Belle Epoque celui qui est d’inspiration Belle Epoque où tout l’intérieur du train a été entièrement repensé et décoré pour recréer une ambiance Belle Epoque. C’est le train Golden Pass Belle Epoque qui restitue un cadre digne de l’Orient Express, s’enfonçant dans les sommets alpins et reliant Montreux à Zweisimmen. Il s’élance sur une ligne de montagne graduée où le paysage montagnard laisse voir ses fastueux espaces. Il a fallu attendre que ce projet puisse prendre forme et puisse être validé puis expérimenté.
En effet, c’est en 1931 que la compagnie internationale des wagons-lits CIWL opère les express européens dont le mythique Orient Express tandis que la compagnie des chemins de fer Montreux-Oberland-Bernois, la MOB, lance le Golden Mountain.
Ce dernier ne fonctionne que pendant une année, force lui est de renoncer à grimper plus haut. Les trains de la CIWI sont vendus aux chemins de fer du canton des grisons dans l’Est du pays mais le Mob ne renonce pas à élucider le problème des voies ferrées en montagne et se lance dans la rénovation de ses wagons et parvient après maints échecs à lancer en 2005, le Golden Pass panoramique et le Golden Pass Belle Epoque.

© switzerland tourism ISSUU- MOB Golden Pass Belle Epoque
Le succès est immédiat car le train traverse sans s’arrêter tous les paysages de la montagne suisse depuis les vues étincelantes sur le lac Léman vibrant d’un bleu aussi intense que le bleu des cieux givrants de la haute montagne. Le train passe devant les villages du pays d’EnHaut comme Château d’Oex et Rougement avec leurs maisons en bois sculpté. La station de ski Gstaad avec ses chalets fait également partie du spectacle.
Le crime du GoldenPass
C’est dans ce train mythique le Golden Pass Belle Epoque des Alpes suisses que la romancière Géraldine Lourenço situe son polar en reprenant l’idée de base du célèbre roman d’Agatha Christie Le crime de l’Orient Express.

© fnac.ch – le crime du golden pass
Il se joue un drame dans l’un des wagons.
Un médecin retraité en voyage dans le train est retrouvé mort.
D’autres étranges morts surviennent dans les paysages glacés de la haute montagne.
A Fribourg, la ville suisse, l’enquête se corse quand un des éléments de la police est suspecté. Les meurtres s’enchaînent, puis l’enquête devient une course poursuite trépidante, aussi implacable et insatiable que le rythme du train.
L’auteure, Géraldine Lourenço, est une habitante d’un village suisse. Elle est née à Estavannens ( Gruyère). Elle s’est mise à l’écriture en privilégiant le genre des énigmes policières après la parution d’autres ouvrages qui ont reçu un accueil enthousiaste du public.
Elle persévère dans la même voie en écrivant Le crime du Golden Pass qui est son 4ème roman.
Le couple Laura Lambert, capitaine de police à Annecy et Julien Morel, inspecteur de police à Fribourg sont les deux personnages récurrents de la série polar que l’auteur aime explorer.
Le titre est accrocheur et il a le mérite de parler du train, joyau de la varappe moderne. Grâce au Golden Pass, on accède vite aux étages montagnards et alpins de ces régions isolées et profondément ancrées dans leur beauté silencieuse.
On peut regretter que le récit quelque peu succinct ne montre pas suffisamment le parallèle entre la modernité et la secrète saveur de la belle Epoque.
Le roman est découpé en 40 chapitres courts.
Dans les 5 premiers chapitres, le crime du Golden Pass est commis, le train filant sur les hauteurs des montagnes suisses, est immobilisé et les passagers débarqués. Un dernier passager profite de la frénésie générale pour s’échapper dans la forêt.
Dans les 35 autres chapitres, l’enquête se heurte sur les secrets gardés depuis des années, enfouis dans les limbes de la haine et de l’horreur jusqu'au jour où les cadavres remontent à la surface et réclament leur dû.
Narré d’une manière brève, sans fioriture ni grandes descriptions, chaque mot pose les jalons d’une énigme qui adopte un langage net, concret, familier parfois trivial et peu ragoutant.
La seule beauté qui parvient à élever la trame d’un scénario tranchant et malsain, est le refuge situé dans la montagne où un vieil homme resté seul et attaché à son mode de vie alpestre, rappelle que le Golden Pass Belle Epoque escalade les Alpes suisses et qu’il s’est inspiré de l’Orient Express pour revisiter la Belle Epoque : lampes retro, décor nostalgique de tissus surannés, présence des corbeilles en étain au-dessus des sièges où les dames du temps jadis déposaient leurs capelines avant de se préparer à un voyage inquiétant.
Ginette Flora
Août 2025




Superbe voyage dans tes lignes, Ginette, merci de cette découverte et des richesses offertes entre tes mots ... on part alors et c'est bien ♥️
En 2020, séjournant à Ferney-Voltaire, ville se situant à la frontière suisse à quelques huit kilomètres de Genève, l'occasion nous a été donné d'emprunter les fameux bateaux Belle Epoque à roues à aubes de la Compagnie CGN afin d'effectuer des croisières sur le Lac Léman. Ce fut un véritable voyage dans le temps et j'imagine combien le sentiment de circuler à bord du Golden Pass Belle Epoque doit être similaire ! Reprendre L'idée du roman d'Agatha Christie afin de la réactualiser dans ce train panoramique ne doit pas manquer d'intérêt et offrir son lot de rebondissements ! Merci pour ce partage, Chère Ginette ! Un beau dimanche à toi ! ^^
Voilà un récit qui a plusieurs qualités, Ginette. La découverte d'un train presque mythique comparé à celui de L'Orient Express et les découvertes des bourgades ainsi que les paysages glacés. Puis vient le roman et ses énigmes. Avec les bleus des montagnes précédentes, cela fait un beau duo très appréciable. Merci encore pour tes supers récits, chère Ginette.
Beau Dimanche à la fraiche comme chez nous j'espère...