La Wally, un opéra d'Alfredo Catalini
- Ginette Flora Amouma

- 24 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 août

© images cagliaripost.com - La Wally
C’est un opéra en 4 actes d’Alfredo Catalini, un compositeur italien du XIXème siècle. L’opéra a été créé à la Scala de Milan en janvier 1892. L’œuvre est inspirée d’un roman de Wilhelmine von Hillern : « La Wally aux vautours ». Parfois, le roman est nommé en français « La fille au vautour ». Représenté peu avant la mort de son compositeur, l'opéra est peu connu et rarement évoqué.
L’action se passe dans un village tyrolien. Un père décide de marier sa fille à un beau parti, un homme que Wally ne veut pas épouser.
L’aria principal de l’Acte 1 annonce le drame tragique de l’opéra : « Eh bien, je m’en irai loin. » ebben ? ne andro lontana, inspiré d’une chanson groenlandaise sur un texte de Jules Verne.
C’est un air qui est repris dans les bandes musicales des productions cinématographiques.
Les personnages forment un triangle tragique. Wally est la fille de Stromminger, un père intransigeant qui veut la donner à Vincenzo Gellner. Mais Wally aime un jeune homme Giuseppe (ou Joseph) Hagenbach, le fils de l’ennemi de son père.
L’opéra se distingue par la présence de nombreux chœurs tyroliens qui illustrent la culture du peuple tyrolien : bergers, paysans, chasseurs, enfants, femmes, tous vivent enchâssés dans les rigueurs du climat des hautes montagnes.
SYNOPSIS
C'est un opéra dépaysant qui nous emporte sur les hauteurs du Tyrol autrichien. Le nom est à lui seul une évocation d’une lecture d’enfance, d’une réminiscence lointaine d’un vieux conte. Son nom seul porte la magie qui ouvre les portes d’une conscience. Le Tyrol ? Montagnes et refuges, grands chiens bergers blancs, rapaces, aigles et vautours, neiges éternelles et musique tyrolienne. Le folklore s’insurge, les danses en costumes de bergers et de bergères déferlent. Le Tyrol est une région alpine de l’Europe Centrale. Il est bordé par l’Autriche et l’Italie. Ce fut dans les temps anciens un comté princier appartenant à la monarchie des Habsbourg. Après les guerres, il fut mangé, dévoré par les convoitises successives, chaque belligérant voulant une part du gâteau.
C'est actuellement une région formée par le Tyrol autrichien au Nord et par les territoires du Haut Adige et du Trentin tombés dans l'escarcelle de l'Italie.
Situation boiteuse car la partie tyrolienne est germanophone et la partie du Sud-Est est italianophone.
Mais l'histoire de la Wally se passe en des temps reculés à l'époque où le Tyrol était une principauté.
ACTE 1- Le village de Hochstoff
Tout se passe dans un village du Tyrol autrichien dans la famille de Stromminger père. Celui-ci veut marier sa fille Wally à Vincenzo Gellner qui au cours des fêtes données en l’honneur des 70 ans de Stromminger et se voyant éconduit par Wally, décide de révéler que Wally est amoureuse de Joseph Hagenbach, le fils du rival et l’ennemi juré de Stromminger.
Le village voisin de Solden est dirigé par Hagenbach. La présence de l'ennemi aux fêtes réveille de sombres inimitiés et les deux rivaux en viennent aux mains. Stromminger demande à Vincenzo d'insister auprès de Wally pour qu'elle l'épouse avant un mois, délai après lequel elle serait bannie de sa maison.
Wally choisit de fuir et de se réfugier dans les montagnes.
Aria de la Wally
Je partirai seule et loin
Là quelque part dans la neige blanche
je partirai seule et loin
Parmi les nuages d'or
ACTE 2 - La taverne de l'Aigle
Un an a passé. Stromminger est mort et Wally a hérité de sa fortune. Mais les choses ont changé, Hagenbach souhaite convoler avec Afra, l’aubergiste de la taverne de l’Aigle dans le village voisin de Solden.
Au cours d’une fête, les bougres égrillards poussent Hagenbach à obtenir un baiser de Wally qui s’était déplacée dans l’espoir de revoir son ancien ami. Le jeu tourne au vinaigre quand Wally se rend compte qu’elle s’était fait piégée par un sordide pari.
Elle cherche à se venger et voyant que Vincenzo est toujours épris d’elle, elle le pousse à tuer Hagenbach.
ACTE 3- Le ravin
La Wally retourne dans sa maison. La colère fait place au repentir et elle voudrait revenir sur sa promesse. Mais Vincenzo vient lui rapporter qu’il a obéi à ses ordres et qu’il a précipité Hagenbach dans un profond ravin.
Wally court sans se soucier des glaciers dans la montagne jusqu’au ravin pour retrouver le corps de Hagenbach. Elle descend grâce à une corde et remonte le corps inconscient de son ami et elle se promet de rester auprès de lui et de ne jamais le quitter.
Mais le destin est aux aguets et observe.
ACTE 4- Haut dans les Alpes
Seule et déprimée, Wally est montée dans les montagnes qui surplombent le village. Son seul ami, Walter le troubadour l’a suivie et lui demande instamment de descendre pour les fêtes de Noël. Il la met en garde contre les avalanches et la supplie d’éviter la montagne mais Wally le renvoie et ne pense qu’à rejoindre Hagenbach qui vit seul et se remet de ses blessures. Wally entend la voix de son ami et sa déclaration. Il lui avoue son attachement et lui propose de redescendre au village par un chemin sécurisé.
Mais il appelle Wally en criant, l’écho de son appel déclenche une avalanche qui l’emporte.
Wally hébétée voit le précipice ouvert et le corps disloqué. Elle se jette dans le vide.
« Le chant de l’edelweiss » qui ouvre l’opéra indique son double héritage. C’est aussi bien un opéra aux résonances germaniques avec les paysages neigeux des cimes du Murzoll ( les sommets tyroliens) qu’un bel canto de l’âme italienne.
Des cors de chasse, des danses traditionnelles et typiquement germaniques ponctuent l’opéra. Les interludes à la manière wagnérienne donnent des touches musicales qui plantent le décor tyrolien dans sa racine germanique. Les thèmes romantiques accentuent l’imprégnation des légendes germaniques. La nature y est omniprésente tantôt accueillante tantôt sauvage et hostile.
La tradition italienne y est abordée par les passions humaines. Catalini reprend le chant tragique du tissu wagnérien en laissant le module de Verdi teinter son récit.
C’est tout le charme de cet opéra que je découvre en déplorant de n’avoir pas su trouver assez d’extraits de scènes des interludes et des chœurs tyroliens.
Ginette Flora
Juillet 2025




"C’est tout le charme de cet opéra que je découvre en déplorant de n’avoir pas su trouver assez d’extraits de scènes des interludes et des chœurs tyroliens"...Ginette, ce que tu nous offres est si fort et beau, une découverte encore ... Merci de toi ♥️