La passacaille , pasar por la calle
- Ginette Flora Amouma

- 7 déc. 2022
- 3 min de lecture
C'est un genre musical pratiqué au XVII ème et XVIII ème siècle. C'est à la fois une pièce musicale et une danse.
A l'origine, c'est une forme musicale populaire importée de l'Inde par les marins qui la font vivre en Espagne d'où par l'entremise des musiciens ambulants, elle va déferler sur l'Europe ( passacaille: pasar por la calle ).
C'est une musique en trois temps et sur un tempo lent. Cette forme développe des variations à partir de quelques notes répétées en basse obstinée : l'ostinato" .
Elle apparaît comme danse de cour, figure dans l'opéra à la française et forme le final traditionnel des ouvrages lyriques de Lully jusqu'à Rameau.
Le plus bel exemple est la célèbre passacaille pour orgue en ut mineur de J.S.Bach.
La passacaille a été transcrite pour orchestre, pour piano, viole et pour violon. Elle est aussi appelée chaconne, une forme basée sur un refrain, une variation mélodique et un ostinato c'est à dire une basse obstinée. Cette forme apparaît dans la symphonie de Brahms.
Le principe de l'ostinato est de répéter le même dessin mélodique sur lequel vont se développer des variations.
L'aria de la mort de Didon dans l'opéra de Purcell en est un exemple ( il est aussi nommé un lamento.)
Cette forme musicale disparaît pendant un certain temps pour réapparaître au XX ème siècle qui le réemploie.
Les plus remarquables passacailles sont celles de Bach, Lully, Purcell, Beethoven, Couperin , Haendel Halvorsen et Arvo Part.
Mentionnons aussi celui d'Ennio Morricone dans "la serenata passacaglia"
Au 17ème et 18ème siècle :
Pour orgue
J.S.Bach ;
la passacaille et fugue en ut mineur
Pour clavecin :
François Couperin
Pour clavecin :
G.F. Haendel : suite pour clavecin N°7 en sol mineur
Pour viole :
François Couperin
Pour orchestre :
Mozart : Ballet d'Idoménéo N°5 "Passacaille pour Mr Antoine"
Lully : Armide Passacaille , interprété par l'ensemble les Arts Florissants et chanté par le ténor Cyril Auvity
Henry Purcell Act IV Passacaglia ( "how happy the lover" dans l'opéra King Arthur )
Au 19 ème siècle
Beethoven: la finale de la 3ème symphonie en mi bémol majeur appelé " Héroïque"
Brahms : la symphonie N°4 en mi mineur
La finale qui est le quatrième mouvement de la symphonie présente une passacaille inspirée de la chacone finale de la cantate religieuse " Nach dir, Herr, verlanget mich"
( Vers toi, Seigneur, j'aspire) de J.S.Bach.
Dans les deux cas, l'élément principal est une figure de basse.
Au 21ème siècle, le compositeur Mathieu Stefanelli lui rend un hommage ému :
Au 20ème et 21ème siècle
Johan Halvorsen, compositeur norvégien
violon et alto en sol mineur
La passacaille au piano .
Et ainsi, beaucoup d'autres variations :
Arvo Part "Passacaglia "
Ennio Morricone en 2007
" Serenata passacaglia"
Et cette variation étonnante ..., un autre lac bleu !
Pour résumer, on peut dire que la chaconne et la passacaille sont deux formes très proches à tel point qu'elles peuvent se confondre. Elles sont toutes deux issues de la danse et appartiennent à la famille des pièces à "ostinato", fondées sur la répétition obstinée d'une même harmonie, d'un même thème ou cellule fixe.
Elle est agrémentée par diverses variations qui viennent s'y superposer d'où la possibilité, une fois la technique maîtrisée, de créer des variations à des degrés inépuisables.
La chaconne en fa mineur de Pachelbel est un exemple de passacaille en musique vocale.
Marin Marais, Maurice Ravel, Erik Heidsieck s'y sont frottés.
Le procédé demeure infini.




Grand merci pour le partage. Je suis quasi ignorante en musique classique mais les choeurs me bouleversent toujours...
Merveilleux panorama sur le genre Passacaille, j'avais justement l'intention, un jour ou l'autre d'écrire un article sur Dietrich Buxtehude (1637-1707 ) et ses Abendmusiken. Il eut une grande renommée (on dit que le jeune Jean-Sébastien Bach lui rendit visite à Lübeck). Buxtehude fut oublié, et c'est le musicologue Phillip Spitta qui redécouvrit la passacaille en ré mineur, que Johannes Brahms apprécia fortement.
Gustav Mahler se dit influencé par Buxtehude !
Je me permets de mettre le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=WGfUtlCYpRk
Ah!!!!
Les Haendel/Halvorsen!
J'expire!
Encore une fois, merci, Ginette, pour toutes ces informations qui nous font apprendre toujours et encore avec tant de plaisir. La suite de Haendel m'a toujours fait frissonner, quel que soit l"instrument qui la sublime .
Adorant les livres, le livre ouvert par l'angelot dans le Purcell m'a fait rêver. Ah, tenir de tels trésors entre ses mains! Et le regard du maestro! Quelle vidéo, nonobstant la partition!
Mais je m'étends, je m'étends... c'est ma façon de me venger, vous m'avez scotché sur cette page!
Encore merci.