La page du mélomane XXIII - La cantate sacrée de Vivaldi
- Ginette Flora Amouma

- 13 nov.
- 3 min de lecture

Antonio Vivaldi, est un compositeur italien de la période baroque, né en 1678 à Venise et mort en 1741 à Vienne. C’est un violoniste et un prêtre de l’église catholique. Son activité musicale est très étendue, de la musique religieuse à la musique lyrique, il compose avec la fougue, le brio et le panache qui lui sont particuliers.
C’est son style, celui qu’il impose en positionnant le violoniste seul en première partie de la scène quand il consacre sa virtuosité par sa présence phare devant un ensemble orchestral composé de cordes, violons, altos, violoncelles et viole d’amour.
La musique sacrée d’Antonio Vivaldi
Mais il y a un autre Vivaldi, celui qui a donné à la musique religieuse ses lettres de noblesse et d’élégance.
Si le compositeur est connu pour ses Quatre Saisons, le concerto qui est attaché à son nom, il a beaucoup contribué en tant que prêtre de l’église catholique à nourrir et faire prospérer la foi en Dieu par la reprise d’un chant rituel venu des premières coutumes des temps bibliques. En ce temps-là, le peuple vénitien aimait célébrer dieu par des processions, avec des chants scandés en chœur, des arias, des psalmodies, des textes récités sur une unique note. C’étaient des marches spirituelles en mémoire des marches que faisait le peuple hébraïque quand il se dirigeait vers le temple de Jérusalem et qu’il gravissait les 15 marches, s’arrêtant à chaque marche pour psalmodier un psaume qui, formant un ensemble de 15 psaumes prit le nom de Cantique des degrés ou Le chant des montées.
Ces cantiques forment une unité littéraire à part entière et Vivaldi compose une musique sur le psaume 127 du prophète Salomon : le Nisi dominus est le 7ème des 15 cantiques des degrés. Le Cum dederit est son 9ème mouvement.
Cum dederit dilectis suis somnum (Dieu comble son bien-aimé quand il dort)
Ecce haereditas domini filii (Des fils, voilà ce que donne le Seigneur)
Merces fructus ventris (Des enfants, la récompense qu’il accorde.)
La musique sacrée s’élève, dépouillée de tout artifice, pure, comme surgissant de l’âme humaine, en absolue osmose avec l’orchestre, tournée vers la foi en une beauté et une bonté totale. On dit que c’est le chant de l’espoir.
Vivaldi y met une densité émotionnelle qui transfigure les mots, la musique suffit à elle seule pour exprimer l’appel, la confiance, la gravité de l’offrande. Il fait psalmodier une voix soliste sur fond d’instruments à cordes. Le nisi dominus et son célèbre 4ème mouvement « le cum dederit », est considéré comme mystérieux, envoûtant et intense.
Il y a une forte densité émotionnelle que les vocalises élèvent vers une étrange gravité lui conférant une sorte de consécration. L’univers musical de Vivaldi dans son extrême variété est redécouvert après une période de totale obscurité.
La redécouverte de la musique sacrée de Vivaldi
Ce sont des amateurs éclairés, des musicologues studieux qui ont redécouvert Vivaldi à l’époque moderne et l’ont fait entrer dans leur répertoire musical.
Le concerto, la sonate, le motet sont ainsi à l’origine de la remise au goût du jour de la musique baroque.
L’abondance des compositions de Vivaldi est telle qu’on peut s’y perdre mais Vivaldi savait compartimenter ses œuvres.
Quand il est lyrique et profane, il est l’homme qui montre sa grande générosité.
Quand il est devant l’autel d’une église, il devient celui qui véhicule la foi intime, pleine et entière, celle qui vit en chacun de nous.
Vivaldi se plaît à montrer ses multiples visages. Il a le génie de l’orchestration, il s’attache à choisir les instruments dont le timbre s’accorde au genre et à la tonalité de la pièce composée. Il s'attarde à associer des instruments pour renforcer les effets du crescendo qui apporte l’intensité émotionnelle.
On ne peut rester indifférent à l’écoute du Cum dederit .
Vivaldi a composé une cinquantaine d’œuvres sacrées dont le Stabat mater et le Nisi dominus.
Il a contribué également à mettre en place une musique chorale pour les besoins de la religion. En utilisant d’autres voix où tradition polyphonique et engouement festif sont combinés pour révéler son génie, il laisse un trésor inestimable de la musique traditionnelle classique intemporelle et qui fait la marque de la musique occidentale.
Le Nisi dominus se déroule sur 9 mouvements. Chaque mouvement a son tempo particulier.
Le " Sicut erat ", le 8ème mouvement est remarquable par la qualité des vocalises.
On peut rester saisi par la grande et grave beauté du chant sacré.
Ginette Flora
Novembre 2025




C'est si beau cette musique sacrée, elle nous enmènes au delà de nous mêmes.
La voix de Philippe Jaroussky la magnifie encore plus. Merci très chère Ginette.
Beau week-end à toi.
j'aime beaucoup et les émotions sont là...Merci Ginette ❤️