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La page du mélomane VIII- Léontyne Price

Dernière mise à jour : 8 oct.


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©- Amazon - the voice of Leontyne Price


Née en 1927 à Laurel dans le Mississipi, Léontyne Price est une cantatrice soprano américaine. Elle interprète les rôles déterminants dans les opéras de Verdi principalement dans  Aïda, un rôle qu’elle chantera durant presque 30 ans.

Dans les années 1960, les chanteuses lyriques américaines de la communauté noire se font connaître et sont propulsées sur l’arène internationale.

Elle est une grande soprano lyrique de son temps comme ses consœurs de Maria Callas à Montserrat Caballé en passant par Joan Sutherland.

Son enfance est marquée par son environnement familial. Ses parents chantent dans la chorale de l’église de leur commune. Léontyne, dès l’âge de 9 ans, sait qu’elle sera chanteuse. Elle se fait remarquer par une belle voix et un talent musical précoce en se mettant au piano dès l’âge de 3 ans.  

Elle est très vite sollicitée pour se produire dans les fêtes familiales. Encouragée à poursuivre dans cette voie, elle s’engage pour suivre un programme d’éducation musicale après l’obtention d’une bourse.


Le Chant lyrique


Elle est attirée par le chant et elle souhaite étendre davantage ses connaissances et son cursus universitaire. Elle poursuit dès lors des études de chant et obtient une bourse pour une formation complémentaire  à la Julliard School de New York.

Elle chante Mistress Ford dans une production étudiante du Falstaff de Verdi.

En 1952,  Elle chante dans l’opéra de Virgil Thompson  « Four Saints in 3 Acts »   en 1952 à Broadway.

En 1954, elle est Bess et chante "Summertime " dans l’opéra «  Porgy and Bess » de George Gershwin.

 



Elle fait une tournée internationale. Son mariage avec le baryton William Warfield s’achève  par un divorce en 1972.

En 1955, elle chante dans la Tosca de Puccini. Un succès malgré les controverses suscitées par sa présence jugée surprenante à une époque où la ségrégation était encore vive. Elle est cependant acclamée pour l’expressivité de sa voix, sa diction et les riches intonations de sa tessiture. 


Les grands succès 


En 1957, ce sont ses débuts à l’opéra avec « Les dialogues des Carmélites » de Francis Poulenc  dans le rôle de Madame Lidoine.

En 1958, elle joue Aïda de Verdi au Covent Garden de Londres et reprend le rôle à la Scala de Milan en 1960.




Elle  commence à collaborer avec Karajan pour les représentations à l’opéra de Le Trouvère en 1962 et pour les concerts comme le Requiem de Mozart et La missa solemnis de Beethoven. 

En studio, elle enregistre avec Karajan   la Tosca, Carmen et A Christmas Offering qui sont 13 chants de Noël .

En 1961,  elle joue le rôle de Léonore dans Le trouvère de Verdi  au Metropolitan Theater de New York. L’ovation du public signe la naissance d’une grande diva.


Le trouvère de Verdi



 «  Une voix tantôt sombre et riche dans les notes basses tantôt pure et veloutée dans les plus hautes notes »  , dit un critique.

 C’est un franchissement de la barrière raciale et un grand pas pour les combattants des droits civiques de la cause de la communauté noire.

 Elle a 34 ans quand elle arrive au Met de New York. Elle enchaîne dès lors plusieurs rôles Aïda, Tosca et le rôle de Minnie dans La fanciulla del West de Puccini et le rôle de Liu dans Turandot de Puccini.


Turandot de Puccini



Après elle, d’autres chanteuses feront des carrières internationales comme Jessye Norman.


Le Metropolitan Opera de New York.


Elle s’y produit 201 fois jouant plus de quinze rôles différents. Elle est remarquée et remarquable dans :

 Le rôle de Donna Anna de Don Giovanni

 Et Fiordiligi de cosi fan tutte de Mozart

 Tatiana dans Eugène Oneguine de Tchaïkovski

 Minnie dans la fanciulla del West de Puccini

et le rôle de Cio-cio san dans Madame Butterfly de Puccini


Les critiques disent que les rôles d’une grande puissance lyrique conviennent le mieux à Léontyne Price :


 Aïda de Verdi

 Les 2 Lenore de le Trouvère de Verdi

La force du destin de Verdi




 Elvira d’Ernani

 Amélia dans un ballo in maschera

En 1966, elle est au sommet de sa carrière avec « Antony et Cléopâtre » de Samuel Barber.   


 De 1969 à 1980


Elle crée en 1969, Despite and still ( Malgré et toujours ). C’est un cycle de chants que Samuel Barber lui a dédié.

 Elle joue beaucoup à l’opéra  avec de nouveaux rôles à son actif :

 Giorgetta de Tabarro

 Manon Lescaut de Puccini

 Ariane à Naxos de Richard Strauss

 En 1977, elle rejoue Le trouvère et c’est Karajan qui dirige l’orchestre.

 En 1982, elle remplace au pied levé une chanteuse lyrique galloise pour le rôle d’Aïda à l’opéra de San Francisco.

 En 1985, elle fait ses adieux sur scène dans une Aïda dirigée par James Levine.

 

 La fin de sa carrière


Elle se tourne vers les récitals et les concerts. Elle chante des mélodies françaises, des lieds allemands, des arias d’opéra, des negro spirituals.

Mais sa voix s’alourdit, souffre d’avoir maintenu une cadence forcenée. Elle se sait arrivée à la fin de sa carrière et donne son dernier récital quand bien même elle chante toujours avec ferveur comme elle le fit en 2001 à 74 ans, le God bless America  pour les victimes de La World Trade Center.

Elle donne des master classes dans les écoles de musique et publie un livre d’enfant sur Aïda.

Elle vit à Greenwich Village à New York.

Mais d’elle que connaît-on ?


Sa carrière la prive du mariage, des enfants, d’une vie personnelle à cause de la voix, la Voce. C’est sa colère intime. Peur, colère, amour. Car il a fallu tout donner à cette voix.

 «  Je ne serai jamais une femme complète. »  

D’elle, saura-t-on jamais  ce qu’elle a enfoui au tréfonds d’elle-même ? Des interviews permettent d’approcher la femme qui révèle sa peur, sa colère, son amour.

Dès qu’elle a su que sa voix pouvait lui prendre sa vie de femme, elle a eu peur de porter un don qui est à la fois un art et un message pour le monde et que pour ce faire, elle n’avait que sa vie à donner par le lourd sacrifice d’une vie sans mariage, sans enfants, sans vie personnelle.

Et la colère lui vient contre la voix qui lui a ôté toute la simple destinée d’une femme. Cette voix qui lui prend tout son temps, toute son énergie, toute son émotion, tout son désir de femme. Tout.

 «  Je ne suis pas sans amour mais je dois m'en détourner. A chaque succès, cette certitude augmente. Je sais que le succès est ce que je dois accepter en lieu et place d’une vie personnelle. C’est la chose la plus difficile à accepter.
 L’amour de Dieu me guide à défaut de l’amour d’un homme. L’amour de Dieu qui m’a donné l’amour de la musique, l’amour de la nature où j’aurais pourtant voulu aimer un homme et entendre des cris d’enfants. » 

Léontyne s’incline devant sa Voce, lui obéit, maîtrise sa colère contre les jalons d'une vie millimétrée qui la jette dans le cycle infernal d’une vie de bohème à travers les capitales d’opéra. Elle se tourne vers ses parents pour savoir ce que c’est que d’être heureux ou malheureux et de marcher aux côtés des pas d’une présence familière. Ce sont eux les enfants qu’elle n’a pas eus.

 "J’ai été mariée mais de cela je ne veux pas en parler. " 

Ginette Flora

 Juillet 2025

6 commentaires


Invité
13 juil.

 L’amour de Dieu me guide à défaut de l’amour d’un homme. L’amour de Dieu qui m’a donné l’amour de la musique, l’amour de la nature où j’aurais pourtant voulu aimer un homme et entendre des cris d’enfants. » ..;tout est terriblement touchant ...❤️

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Il y a des choses qui sont indicibles.

La musique sait les dire .

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Elisabeth
06 juil.

Quelle voix sublime ! Leontine Price a donné toute sa vie pour ouvrir le chemin à ses belles compatriotes. Elles ont continué à porter le flambeau qui à éclairé l'Amérique !

Merci Ginette notre orpailleuse pour toute ces pépites !

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Merci beaucoup, Babeth.

Le chant lyrique est un si vaste sujet que j'appréhendais tout d'abord de l'aborder ... et puis tout vient car je sens qu'on aime le sujet et qu'on me laisse y entrer .

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Totalement conquis par la version lyrique de "Summertime" ! ^^ Pour anecdote, alors même que je n'étais qu'un enfant, le "Rhapsody In Blue" (1924) de George Gershwin que je devais retrouver plus tard en ouverture du film Manhattan de Woody Allen m'avait fait très grande impression ! Amoureux de comédies musicales, fan de Gène Kelly, "Un Américain À Paris" reste également pour moi, une œuvre magistrale du talentueux compositeur ! Je referme cette parenthèse que pour mieux te remercier de ce partage et de cette découverte, Chère Ginette ! Un beau dimanche à toi ! ^^

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Je suis très agréablement surprise et enchantée que cet article ait tintinnabulé aussi gaiement en toi !!

Cette "page du mélomane" que j'ai ouverte pour mieux approcher le chant lyrique et les manifestations qui en découlent, va faire des heureux !! Et je m'en réjouis.

Beau dimanche à toi aussi, cher ami.

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