La page du mélomane IX - Le duo Glenn Gould et Yehudi Menuhin
- Ginette Flora Amouma

- 7 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 oct.

C’est un concert pour le moins extraordinaire que ce duo où sont réunis les deux grands musiciens du XXème siècle.
Ce concert est d’autant plus important que Glenn Gould est dans sa phase carriériste où il donne plusieurs concerts avec les plus grands interprètes comme Leonard Bernstein, Dimitri Mitropoulos et Yehudi Menuhin… parmi d’autres.
C’est en 1965 que Glenn Gould a invité Yehudi Menuhin pour filmer et enregistrer un récital pour la télévision canadienne. Leur duo s’assemble autour de trois compositions qui mettent en musique la conversation entre le piano et le violon à son niveau le plus élevé, contemplatif, philosophique voire spirituel.
La sonate N°4 en ut mineur BWV 1017 de J.S. Bach
Tout oppose Yehudi Menuhin et Glenn Gould.
Menuhin est parmi les musiciens les plus médiatisés. Il a parcouru le monde entier à défendre la musique et à lutter pour l’humanité.
Glenn Gould est dans la voie du renoncement à la vie publique et préfère se retirer dans son studio d’enregistrement, assurant lui-même jusqu’à la prise de son et le montage de ses disques.
Ils se sont rencontrés sur un terrain commun : la musique et ils ont réussi à accorder leurs violons !
Glenn Gould
C’est un artiste inclassable, né en 1932 et mort en 1982, libre dans l’art mais prisonnier au quotidien de nombre de maladies nerveuses et de phobies qui l’invalident.
Le lien complexe avec sa mère a marqué sa vie. Ne pouvant se défaire d’elle qui a transmis sur lui son désir de mener une carrière musicale, et ne pouvant la tuer symboliquement, il se retire dans sa solitude farouche où seule la musique lui parle.
Ce lien entre Glenn et sa mère est une tragédie et l’enferme dans une destinée étouffante. Tel est l’univers de Glenn Gould. Et pourtant en apparence, c’est un être plein d’humour qui provoque une sympathie inoubliable. C’est un personnage avec ses brusques sauts d’humeur, ses fuites sans explication, ses besoins de ne pas contraindre son corps à répondre aux débordements qu’il suscite. Il reste de ce fait une figure insaisissable, brillante, avec des dons vertigineux comme de pouvoir tout mémoriser sans se tromper.
Glenn Gould, c’est le son pour qui l’essence de la conception musicale se trouve dans le contrepoint. C’est la note, le fil qui dès sa naissance le lie à l’autre, sa mère qui lui a appris la note musicale en premier et non la lettre de l’alphabet.
En donnant à son bébé le langage de la musique avant le langage de l’humain, la mère de Glenn a fait de son fils un être à part.
Yehudi Menuhin
C’est un violoniste britannique né en 1916 à New York et mort en 1999 à Berlin. C’est un enfant prodige. Il a 3 ans quand il est attiré par la musique du violon. Sa mère lui enseigne les bases et le confie ensuite à des professeurs. Yehudi doit travailler le violon matin et après-midi tous les jours.
Il se produit très jeune à des concerts et sa renommée s’établit au fur et à mesure de ses prestations. Quand sa carrière est lancée, il commence des tournées de grande envergure à travers les pays du monde. A 16 ans, son concerto pour violon lui apporte une notoriété précoce.
Il met fin à son premier mariage lors qu’il rencontre Diana Gould. ( Aucun lien familial avec Glenn Gould qui de son nom de naissance s’appelait Gold que ses parents ont transformé en Gould pour éviter les poursuites antisémites de l’époque )
Le couple s’installe en Suisse et Yehudi donne des concerts. Sa musique est dynamique chaleureuse et chantante quand elle ne devient pas intense et profonde dans les notes basses.
La sonate opus 96 de Beethoven, est l’autre pièce de musique qui fait partie du programme du récital.
et la « Phantasy » opus 47 de Schönberg.
A propos de cette pièce, Yehudi Menuhin dit :
« Glenn et moi avons travaillé ensemble la « Fantaisie de Schoenberg » dont la musique ne m’attire pas particulièrement. Lorsque je suis arrivé chez Glenn Gould à Toronto pour une première répétition, je me suis trouvé face à un génie pour qui l'idiome et les structures de Schoenberg étaient l'élément naturel. Nous avons travaillé la Fantaisie ensemble, et il a réussi à m'amener à véritablement comprendre et aimer cette musique. C'était une révélation."
(Bruno Monsaigeon,* Introduction to The Last Puritan,* 1973)
© glenn gould's final resting place Toronto- Ludwig van Feature

Une partition des variations Goldberg est gravée sur la sépulture.
Ginette Flora
Juillet 2025




j'adore, je connais un peu mais tu m'as ouvert de nouvelles portes ... merciiiii❤️